Les concepts de justice et de vulnérabilité sont au cœur d’un nouvel ouvrage collectif dirigé par le professeur en éthique Bernard Gagnon. Un livre qui s’interroge sur les fondements normatifs et les pratiques sociales des sociétés libérales.
La justice, la vulnérabilité et le politique autrement réunit treize chapitres signés par des philosophes et des chercheuses et chercheurs en sciences politiques, en éthique et en sociologie. « Le propos ne vise pas uniquement à dénoncer les injustices sociales et les rapports asymétriques de pouvoir, mais également à critiquer les croyances, les visions du monde et les perspectives ontologiques qui justifient ou invisibilisent socialement plusieurs de ces iniquités, les rendant acceptables et normales du point de vue de l’ordre dominant », écrit le professeur Gagnon dans l’introduction de l’ouvrage.
La vulnérabilité n’est pas un concept « univoque », souligne le professeur en éthique. Les chapitres contenus dans La justice, la vulnérabilité et le politique autrement illustrent d’ailleurs « la diversité des significations et des contextes de vie auxquels renvoie la vulnérabilité », des rapports politiques et sociétaux aux relations de soin entre les personnes. Le professeur Gagnon précise que « dans les débats contemporains sur la justice, la vulnérabilité est porteuse d’un puissant contenu normatif et pratique. Elle offre des descriptions riches des expériences humaines prenant en considération des relations complexes et ambivalentes qui sont tues sous la seule norme de l’individualisme libéral. Il ne s’agit pas de rejeter l’importance d’une vie autonome, mais de repenser les cadres normatifs qui lui donnent un sens et de revoir les moyens de l’atteindre. »
La responsabilité collective à l’égard de la vulnérabilité est l’un des fils conducteurs des réflexions réunies dans l’ouvrage. « La prise en considération de la responsabilité conduit inévitablement à prendre acte de sa propre vulnérabilité, celle de soi et du monde », poursuit le professeur Gagnon. « Les diverses contributions réunies dans l’ouvrage abordent chacune différents thèmes associés à la vulnérabilité dans la recherche de sa traduction normative et politique. Si, dans certains textes, la vulnérabilité fait plus directement référence à des vécus singuliers d’individus ou de groupes (la personne migrante, précaire ou malade), aucun ne fait de la vulnérabilité une simple question de capacités individuelles. Ce serait omettre les dimensions relationnelles de la vulnérabilité et le fait que celui ou celle à qui nous attribuons le statut de vulnérable partage avec nous des traits fondamentaux de notre existence (nous sommes toutes et tous vulnérables, même si nos existences diffèrent dans la manière dont nous expérimentons cette vulnérabilité), et qu’il engage de ce fait notre responsabilité morale et politique. »
Frédérick Armstrong (Université McGill), Sophie Cloutier (Université Saint-Paul), Pascal Devette (Université de Montréal), Bernard Gagnon (Université du Québec à Rimouski), Laurie Gagnon-Bouchard (Université du Québec à Trois-Rivières), Marie Garrau (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Naïma Hamrouni (Université du Québec à Trois-Rivières), Rozenn Le Berre (Institut catholique de Lille), Alain Loute (Université catholique de Louvain), Stéphanie Mayer (Université du Québec à Montréal), Soumaya Mestiri (Université de Tunis), Éloi Paradis-Deschênes (Université d’Ottawa), Françoise Paradis-Simpson (Université du Québec à Rimouski), Camille Ranger (Université du Québec à Montréal), Camille Roelens (Université de Lille) et Dany Rondeau (Université du Québec à Rimouski) sont les autrices et les auteurs des textes publiés dans La justice, la vulnérabilité et le politique autrement. L’ouvrage est disponible sur le site des Presses de l’Université Laval.
Séminaire doctoral Ethos-CRIDAQ-EthicsLab
Les thèmes de la justice, de la démocratie et de la diversité sont au cœur des préoccupations d’Ethos, le groupe de recherche en éthique de l’UQAR, et du Centre interdisciplinaire de recherche sur la diversité et la démocratie (CRIDAQ). La professeure Dany Rondeau et le professeur Bernard Gagnon, membres d’Ethos et du CRIDAQ, ont d’ailleurs organisé, au mois d’août, un séminaire doctoral à Yaoundé au Cameroun qui réunissait des participantes et participants du Québec, d’Europe et de plusieurs pays africains. Du côté camerounais, le séminaire était organisé par l’EthicsLab dirigé par le professeur Thierry Ngosso.
« Le séminaire fut un succès », souligne Bernard Gagnon. « Il a permis à une vingtaine de doctorantes et doctorants de présenter leurs travaux de recherche et de recevoir les commentaires constructifs des professeures et professeurs présents au séminaire. » L’objectif du séminaire était de favoriser les collaborations de recherche sur les enjeux éthiques et politiques entre le Québec et l’Afrique, en plus d’offrir aux étudiantes et étudiants, tant québécois qu’africains, un lieu d’échange novateur et inédit sur leurs travaux en cours. Le séminaire doctoral se tient au deux ans et la prochaine édition est prévue en août 2024. D’ici là, les collaborations entre Ethos, le CRIDAQ et l’EthicsLab se poursuivront au cours de l’année universitaire 2022-2023 par l’organisation de séminaires sur le Web.
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