Dans quelle mesure notre bagage personnel influence nos attitudes professionnelles? Infirmière à Info-santé, Cathy Martineau consacre sa maîtrise en sciences infirmières aux attitudes de ses consœurs et confrères envers les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité limite (TPL). Un projet de recherche qui vise à trouver des pistes de solution pour améliorer la pratique infirmière.
Diplômée au baccalauréat en sciences infirmières en 2007, Mme Martineau a ciblé ce sujet après avoir observé, il y a plusieurs années, certaines attitudes d’infirmières dans leurs approches avec des personnes atteintes d’un TPL. « Je me questionnais si c’était la meilleure façon d’aider les personnes atteintes de cette maladie, d’autant plus que celles-ci sont très souffrantes. Lorsque j’ai fait une recension des écrits, j’ai constaté qu’il s’agissait d’un enjeu important qui avait été documenté par plusieurs chercheurs. Cependant, il n’y avait pas de recherche qui avait évalué les attitudes des infirmières québécoises envers les personnes atteintes d’un TPL », indique Mme Martineau.
C’est à l’hiver 2020 que Cathy Martineau a entrepris sa maîtrise en sciences infirmières sous la direction du professeur Frédéric Banville. Pas moins de 315 infirmières ont accepté de participer à l’étude de la chercheuse. « À l’aide de questionnaires en ligne, j’évalue s’il existe des liens entre les caractéristiques personnelles, comme l’âge ou le niveau de scolarité, et professionnelles – par exemple, le milieu de travail et les années d’expérience des infirmières – qui permettent de prédire leurs attitudes envers les personnes atteintes d’un TPL », explique-t-elle.
Mme Martineau amorce présentement la phase d’analyse des données recueillies. « Il est encore trop tôt pour présenter des conclusions. Cependant, j’ai fait des analyses descriptives avec mon directeur de recherche et les données préliminaires indiquent que les infirmières sondées présentent un haut niveau d’empathie, mais environ 50 % des infirmières mentionnent qu’il n’est pas agréable de travailler auprès d’une clientèle ayant un trouble de personnalité limite. De plus, la moitié des infirmières affirment que les personnes atteintes d’un TPL ont besoin d’un certain degré de prise en charge de la part des intervenants. Finalement, environ 60 % des infirmières croient que les personnes atteintes d’un TPL sont des personnes manipulatrices. »
La santé mentale et le comportement humain ont toujours fasciné l’infirmière lévisienne. « Je crois que cet intérêt vient du fait que certains membres de ma famille ont développé des troubles mentaux et je souhaitais les aider. Les sciences infirmières me donnent aussi la possibilité d’étudier d’autres domaines d’intérêt comme la pharmacologie, l’épidémiologie, la santé publique et la biologie. Être infirmière me permet ainsi d’être compétente dans plusieurs domaines. »
Cathy Martineau est infirmière clinicienne à Info-santé, au CIUSS de la Capitale-Nationale, depuis cinq ans. Un travail qui demande une grande polyvalence. « Être infirmière à Info-santé m’amène à être empathique envers les infirmières qui travaillent auprès des personnes atteintes d’un TPL. C’est un travail difficile avec plusieurs défis que je dois aussi relever dans mon travail. Le but de ma recherche n’est d’ailleurs pas de critiquer les infirmières, mais de proposer des initiatives et des solutions innovantes pour améliorer l’expérience des personnes atteintes d’un TPL et des infirmières lorsqu’elles sont en relation », conclut la chercheuse qui entend poursuivre ses études au doctorat afin de développer des outils pour améliorer les attitudes des infirmières envers les personnes atteintes d’un TPL.
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