Entreprendre des études universitaires à 50 ans

Julie Martin est étudiante au baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale. (Photo : Stéphane Lizotte)

Julie Martin ne passe pas inaperçue dans sa cohorte au baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale. Alors qu’elle avait la cinquantaine bien sonnée, elle a décidé d’entreprendre des études universitaires pour devenir enseignante. Portrait d’une étudiante inspirante qui montre qu’il n’y a pas d’âge pour s’accomplir.

Originaire de Rimouski, Julie Martin a un parcours pour le moins atypique. Pendant une dizaine d’années, elle a vécu dans différentes villes au Québec et en Alberta où elle y a travaillé dans des bars et des restaurants. Puis, elle a occupé un poste de représentante au service à la clientèle pour TELUS pendant seize ans. C’est grâce au slam qu’elle a décidé de changer son parcours professionnel.

« J’ai eu la chance, en 2019, de donner un atelier de slam à des élèves d’une classe de consolidation. Ç’a été une révélation. J’ai alors compris que ma place était auprès de ces beaux humains qui ont essentiellement besoin que l’on croie en eux en misant sur leurs forces et leurs belles particularités. Il ne me restait plus qu’à trouver les moyens de me donner une seconde chance pour aider celles et ceux qui en méritent une tout autant », explique Mme Martin.

En plus d’amorcer un premier trimestre avec trois cours dans son programme universitaire, elle a complété au même moment un diplôme d’études collégiales en sciences humaines qu’elle avait laissé en plan 27 ans plus tôt. « J’ai fait un retour aux études pour assouvir un immense besoin de me réaliser tant sur le plan personnel que professionnel », souligne Mme Martin. « J’avais envie de prendre une sorte de revanche sur la vie que j’espérais me donner, puisque mon parcours de vie n’a pas été celui auquel j’aspirais. John Lennon disait que « la vie, c’est ce qui nous arrive quand on a prévu autre chose ». Je m’offre donc ce que j’appelle ma V2, soit la version 2 de ma vie. Aussi, j’adore dire qu’on n’est jamais trop vieux pour commencer sa vie. »

Selon Julie Martin, l’environnement d’études proposé à l’UQAR a contribué à enrichir son parcours universitaire. « Cette université représente tout ce que je recherche dans le monde de l’éducation, soit la dimension humaine des services offerts, la proximité saine avec le corps professoral et les responsables du module ainsi que le dynamisme des activités proposées. Aussi, la vue sur le fleuve et les couchers de soleil, quand on a un cours dans l’aile E, donne une couleur particulière à cet établissement d’enseignement. »

Le baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale vise à former des enseignantes et des enseignants pour intervenir auprès d’élèves en situation de handicap ou qui rencontrent des difficultés d’apprentissage ou d’adaptation. « Ce qui m’attire dans ce programme, c’est la possibilité de faire une différence de manière créative dans la vie d’une autre personne en mettant à profit le plaisir d’apprendre, le désir de transmettre, le besoin d’aider et d’accompagner », mentionne Mme Martin. 

Effectuer un retour aux études alors qu’on a atteint la cinquantaine sort de l’ordinaire. Ce passage s’est néanmoins déroulé plutôt facilement pour Julie Martin. « J’adore apprendre et surtout de le faire en étant entourée de ces beaux étudiants. Je m’ennuyais d’être dans une salle de classe et de sentir cette excitation de découvrir des choses et de faire des liens entre les différentes connaissances. L’entraide est une de mes valeurs les plus chères et j’ai la chance d’être dans une cohorte généreuse et riche d’expériences diverses. J’ai un plaisir fou à côtoyer les plus jeunes de mon groupe et j’oublie parfois que j’ai 30 ans de différence avec elles et eux. Cette génération est belle et brillante, sérieuse et ouverte, déterminée et engagée. »

Cela dit, réaliser un baccalauréat demande beaucoup d’efforts, poursuit l’étudiante en sciences de l’éducation. « Mon cheminement universitaire actuel me permet d’expérimenter et d’observer la place que prend l’effort lorsqu’on étudie. J’applique la formule du PPPP, soit le plus petit pas possible, qui aide à morceler une tâche pour la rendre plus motivante. Apprendre à être satisfaite et fière de chaque pas que l’on fait vers l’avant est une clé importante pour mieux réussir. J’observe d’ailleurs les stratégies que je développe pour contrer mes propres résistances et difficultés afin de m’en inspirer pour mieux accompagner les élèves qui vivront les mêmes. Ma devise est que chaque effort vaut son pesant d’or. »

L’un des moments importants de la formation de Julie Martin a été ses stages. Une étape décisive pour toute personne qui se destine à l’enseignement. « C’est en stage que j’ai réalisé que je suis une pédagogue dans l’âme. Dès le premier jour, j’ai eu le sentiment d’être au bon endroit avec le bon groupe d’élèves. J’ai constaté que l’attitude que l’on choisit d’adopter en classe exerce une forte influence sur la dynamique de groupe, mais aussi sur le comportement des apprenants. Alors que je m’orientais vers les jeunes de 12 à 15 ans, je suis agréablement surprise de me voir très à l’aise avec les 6 à 10 ans. Au point où je songe sérieusement à orienter mes études pour accompagner les enfants du 1er et du 2e cycle du primaire. »

Lorsqu’elle recevra son diplôme de baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale, Julie Martin aura 55 ans. « Il me restera environ 15 belles années pour exercer ma profession. Je ne sais pas encore exactement ce dont j’ai envie, sinon de vivre des expériences diversifiées. J’aspire autant à avoir ma propre classe tout comme j’aimerais accompagner les élèves et les enseignants en tant qu’orthopédagogue. Je songe même à développer des outils d’aide à l’apprentissage. » Elle n’exclut d’ailleurs pas l’idée de poursuivre son parcours universitaire à la maîtrise.

Chose certaine, Mme Martin n’entend fermer aucune porte pour son avenir professionnel en tant que « Madame Julie ». « Je caresse même le rêve de vivre l’expérience d’enseigner durant une ou deux années aux jeunes et aux moins jeunes des peuples autochtones. Le Nunavik m’attire beaucoup pour sa richesse culturelle et pour ses parcs nationaux. Mais pour le moment, je mise sur l’ouverture pour avoir accès à tous les possibles. Je choisirai ce qui se présentera naturellement à moi. J’ai confiance que ce sera plus que parfait. »

 

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca