Les comportements de retrait au travail, comme l’absentéisme et le roulement du personnel, sont des phénomènes suivis avec attention, notamment dans le réseau de la santé québécois. Pour l’étudiante à la maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail, Sarah Pouliot, le sens que chacun donne au travail pourrait influencer ces comportements.
Dans le cadre de son mémoire de recherche, Sarah Pouliot cherche à déterminer si dans le cas où une personne considère que son travail manque de sens, elle sera davantage portée à s’absenter du bureau, que ce soit par le biais de journées de maladie, de congés mobiles, d’absences à long terme ou en quittant carrément son emploi. « L’intention de quitter est souvent le phénomène qui précède le roulement du personnel. Les conséquences de l’absentéisme et du roulement du personnel sont nombreuses, et ce, tant pour les individus que les organisations. En effet, ces impacts peuvent atteindre à plusieurs égards les personnes qui s’absentent, celles qui quittent l’organisation ainsi que les collègues de travail. Dans tous les établissements, des cibles en assurance salaire sont établies à chaque exercice financier », souligne la chercheuse.
Mme Pouliot entend mesurer l’influence du sens du travail sur les intentions de retrait du travail en questionnant le personnel administratif des dix établissements de santé du Bas-Saint-Laurent. « Le réseau de la santé embauche du personnel administratif, qui pourrait aussi travailler hors du réseau de la santé. Peu d’études ont été menées sur cette catégorie d’employés qui est plus éloignée de la mission première d’un établissement de santé de soigner les gens », précise Mme Pouliot, elle-même conseillère aux établissements à la Direction des finances de l’Agence de la santé et des services sociaux du Bas-Saint-Laurent.
L’élément central de ce projet de recherche, le sens du travail, se définit en trois composantes : la signification et la valeur attribuées aux tâches et aux mandats, ce qu’un individu recherche dans son travail (orientation) et le degré de cohérence entre une personne et le travail qu’elle accomplit. « Concrètement, effectuer un travail qui a du sens, c’est sentir que l’on accomplit un travail utile, qui contribue à la société, qui permet d’entretenir de bonnes relations avec les collègues, qui donne l’occasion d’apprendre, qui permet de mettre à profit ses compétences, qui laisse place à l’autonomie tout en favorisant la participation aux décisions, etc. », cite Mme Pouliot.
Sarah Pouliot est dirigée par la professeure Catherine Beaudry, spécialiste de l’attraction et de la rétention des travailleurs et du bien-être au travail. Le professeur spécialiste en méthodes de recherche quantitatives Bruno Urli agit en tant que codirecteur, notamment pour l’aspect de la mesure du sens du travail. « Les résultats de notre étude devraient apporter un éclairage nouveau sur deux phénomènes, l’absentéisme et le roulement de personnel, étudiés scientifiquement depuis de nombreuses décennies dans les recherches liées à l’organisation. En réalité, ces phénomènes sont des conséquences et ma démarche permettra de déterminer si le sens du travail est une des causes de ces deux comportements », conclut Mme Pouliot.
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