Une tendance à la baisse de la syndicalisation s’observe dans les pays occidentaux depuis le milieu des années 1980. Ce déclin du syndicalisme a donné lieu à de nouvelles formes de représentation des travailleurs afin de leur donner la possibilité d’influencer leurs conditions de travail. Dans le cadre de sa maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail, Mathieu Fréchette étudie le processus de négociation d’une entente de travail dans un contexte de représentation non syndicale.
Au cours des dernières années, un collège privé de la région de Québec a proposé à son personnel enseignant de négocier une entente de travail sans représentation syndicale. « Comme les enseignants se sont montrés généralement satisfaits des termes de l’entente de travail, l’employeur a donc amorcé les démarches pour négocier cette fois le même type d’entente avec les professionnels de l’école. Il s’agit d’une occasion en or de mieux comprendre les enjeux et les raisons qui poussent un groupe de travailleurs et un employeur à emprunter cette avenue pour la signature d’une entente de travail non négociée par un syndicat », remarque Mathieu Fréchette.
Inscrit à la maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail, l’étudiant a réalisé cette étude dans un essai favorisant les liens pertinents entre une problématique professionnelle et les connaissances scientifiques reliées au domaine de la gestion des personnes. Ce programme permet d’approfondir des sujets relatifs au facteur humain dans l’organisation, dont les relations du travail.
Parmi les constats qui émergent de son étude, ce mode de représentation initié par l’employeur s’inscrit d’abord dans l’objectif de l’évitement syndical. « Le choix d’opter pour un regroupement sans accréditation officielle est basé sur une collaboration entre les parties. Cette solution s’insère nécessairement dans un climat de bonnes relations travail, avec le souci de maintenir un milieu exempt de présence syndicale », souligne M. Fréchette.
« Avec le déclin du syndicalisme dans de nombreux pays occidentaux et la démobilisation des plus jeunes générations et des professionnels envers ce mouvement, une représentation non syndicale offre la prise de parole aux employés en leur permettant de participer au processus de décision dans l’organisation au regard d’enjeux qui affectent directement leurs conditions de travail. Cela correspond aussi au désir de certains employés d’avoir un mode de représentation exempt de conflits, le contexte syndiqué étant souvent perçu comme conflictuel. Ainsi, un tel climat devient un facteur de fidélisation du personnel susceptible de créer une valeur ajoutée pour l’organisation », explique l’étudiant.
Toutefois, un tel mode de représentation comporte certains inconvénients en plus de limites non négligeables sur le plan de l’application en pratique. « Contrairement à une structure syndicale, le principal écueil d’une telle formule est l’absence de protection juridique offerte aux représentants des employés. Ceux-ci perdent ainsi un pouvoir important de négociation, car ils peuvent craindre des conséquences négatives de l’employeur en cas de négociations houleuses. Cela peut générer de l’insatisfaction des deux côtés. En plus, si les membres de l’équipe de direction changent et qu’ils ne sont plus favorables à un tel fonctionnement, cela peut nuire considérablement au climat de travail et, par conséquent, ouvrir la porte à la syndicalisation », précise M. Fréchette.
La maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail s’adresse notamment aux professionnels et cadres en exercice à la recherche de perfectionnement sur le facteur humain de l’organisation. Par des méthodes pédagogiques facilitant le transfert des apprentissages aux situations de travail des participants, elle devient un facteur d’employabilité important. « En plus de me donner l’occasion d’apprendre les rouages d’un milieu professionnel qui m’était inconnu, j’ai pu découvrir un mode de gestion innovant les conditions pour l’implanter avec succès dans la pratique », conclut M. Fréchette.
Mathieu Fréchette a réalisé son essai sous la direction de Mélanie Gagnon, professeure spécialisée en relations du travail, en intégrant, à titre d’étudiant, le projet de recherche qu’elle réalisait sur la négociation d’ententes en milieu non syndiqué. « La possibilité de me joindre au projet de ma directrice de recherche a facilité mon travail de terrain et accéléré mon cheminement, explique Monsieur Fréchette, parce que l’accès aux organisations est plus difficile pour un étudiant que pour un professeur ». Les recherches de la professeure Gagnon portent notamment sur la représentation syndicale et non syndicale et sur l’amélioration des conditions de travail des travailleurs et des employés en situation de difficulté.
La maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail est offerte aux campus de Rimouski et de Lévis. Les étudiants peuvent s’y inscrire à temps complet ou à temps partiel et les cours sont offerts les soirs de semaines et en formule intensive les fins de semaine.
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