Les coupes forestières, la villégiature et le développement routier altèrent non seulement l’habitat préférentiel du caribou, mais ces interventions feraient augmenter la présence de ses prédateurs et leur taux de rencontre avec le caribou selon Martin Leclerc, étudiant à l’UQAR à la maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats.
M. Leclerc étudie la survie des faons caribous forestiers et évalue les causes de leur mortalité, au nord du Saguenay–Lac-St-Jean. L’étudiant travaille en partenariat avec une équipe du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (MRNF), qui capturent les faons durant la période de mise bas pour leur installer un collier muni d’un senseur d’activité, afin de les relâcher dans la nature par la suite.
« Si un des colliers est immobile durant une longue période, un signal différent nous parvient et on présume que la bête est morte. À bord d’un hélicoptère, nous nous rendons le plus rapidement possible sur le site de mortalité pour en déterminer la cause à l’aide des indices laissés sur le site », explique le biologiste. Les recherches de M. Leclerc révèlent que les faons caribous ont un taux de survie de seulement 50 % pour les 3 premiers mois suivant la naissance, la prédation étant la principale cause de mortalité. L’intervention de l’homme sur la nature serait grandement à la source de sa prédation, notamment par l’ours noir et le loup.
Les coupes effectuées dans de vieilles forêts de conifères de cette région diminueraient de façon importante la quantité d’habitat préférentiel du caribou, en plus d’augmenter localement les densités de prédateurs. « À la suite des coupes, on peut observer davantage de feuillus, qui composent la nourriture principale de l’orignal. S’il y a plus de nourriture pour l’original, sa population augmente. Le loup, un prédateur de l’orignal, peut donc également accroître sa population et exercer une prédation plus importante sur le caribou. L’ours noir, un autre prédateur du caribou, pourra également devenir plus abondant puisque les coupes forestières augmentent la biomasse de petits fruits, tels que les framboises ou les bleuets, une source de nourriture importante pour cet omnivore. Le caribou est ainsi plus susceptible de subir de la prédation, car ces prédateurs deviennent plus nombreux », remarque M. Leclerc.
Le caribou est une espèce parapluie, c’est-à-dire que si l’on conserve la forêt boréale mature, son habitat, on protège plusieurs autres espèces qui dépendent du même type d’habitat. « Dans une logique de conservation des espèces, déterminer des aires forestières à protéger devrait primer sur l’identification des zones à exploiter, et non le contraire », souligne le chercheur. L’industrie forestière, de même que les villes et les villages dont l’activité économique dépend grandement du secteur forestier, sont parties prenantes du projet. « Ces organisations cherchent aussi à protéger le caribou. L’objectif, c’est de trouver une solution commune qui concilie autant la conservation que l’activité économique », signale M. Leclerc.
M. Leclerc travaille sous la direction du professeur en écologie animale Martin-Hugues St-Laurent, dont le programme de recherche est axé sur l’effet de l’homme sur la grande faune, comme le caribou, l’orignal, l’ours noir et le loup, et sous la codirection du professeur associé Christian Dussault, de Faune Québec, un spécialiste des grands mammifères. Alors que les interventions humaines, comme le développement routier, nuisent à certaines espèces, d’autres en tirent profit. L’aménagement de routes est particulièrement bénéfique au loup, qui s’approprie ces lignes droites pour se déplacer plus rapidement et chasser plus efficacement. Pour plus de détails à ce sujet : Les routes prédatrices, Agence Science-Presse.
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