Avec les changements importants survenant en forêt boréale, l’étudiant au doctorat en biologie Rémi Lesmerises s’intéresse aux comportements alimentaires de l’ours noir, une espèce qui s’adapte particulièrement bien aux coupes forestières intensives.
En partenariat avec une équipe du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (MRNF), il a réalisé près de 100 captures d’ours pour procéder à des prises de sang, de poils et de dents ainsi qu’à des mesures de poids et de grandeur. Une fois les bêtes adultes munies d’un collier équipé d’un GPS, elles ont été relâchées dans la nature pour les suivre dans leur environnement. « Une multitude d’habitats ont été analysés pour déceler les signes d’alimentation et de prédation, à quelques jours d’intervalle. Nous avons même analysé des excréments pour identifier leur régime alimentaire! », raconte-t-il.
Un des objectifs de ce projet de recherche est de constater les variations dans les comportements alimentaires entre les individus étudiés. Chaque bête réagit différemment, choisit un régime et un habitat différent et prend des risques d’envergure variables pour accéder aux aliments. « Est-ce le sexe, l’âge, le rang de dominance ou la présence d’ourson, dans le cas des femelles, influence le choix de la diète, des habitats utilisés et des risques consentis pour accéder aux sources de nourritures? » s’interroge l’étudiant.
Les résultats préliminaires révèlent d’importantes différences comportementales dans les stratégies alimentaires chez l’ours noir. « Les mâles dominants recherchent les endroits qui offrent le plus de nourriture, quels qu’ils soient. Les femelles, qui sont plus prudentes avec leurs petits, recherchent généralement des endroits moins riches en nourriture, mais peu exposés aux mâles qui pourraient attaquer leur progéniture », souligne le doctorant.
Des différences comportementales ont également été observées au sein d’un même groupe d’individus. « Alors que certaines femelles avec une faible condition physique avaient peu de rejetons, d’autres, beaucoup plus grasses, en avaient peu, ce qui laisse croire que l’espèce fait un compromis entre la capacité de se reproduire et la survie à long terme », précise M. Lesmerises.
De plus, le comportement de prédation n’est probablement pas présent avec la même intensité chez les différents individus. « Alors que l’ours est reconnu comme un prédateur important du caribou forestier, il devient important de connaître cette variabilité individuelle et le type d’habitat favorable à la rencontre des deux espèces afin d’en limiter la fréquence et permettre le rétablissement du caribou », précise M. Lesmerises.
Rémi Lesmerises réalise son doctorat sous la direction du professeur en écologie animale Martin-Hugues St-Laurent, dont le programme de recherche est axé sur la gestion et la conservation de la faune terrestre. Avant de diriger le mémoire de M. Lesmerises, le professeur St-Laurent a dirigé un projet à la maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats dont les conclusions révèlent que les interventions humaines altèrent l’habitat préférentiel du caribou et font aussi augmenter la présence de ses prédateurs et leur taux de rencontre.
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