Avec les froids polaires que le sud du Québec a connu au cours des dernières semaines, on peut se demander comment les oiseaux réussissent à survivre dehors. Magali Petit, étudiante au doctorat en biologie, travaille justement sur l’ajustement des mésanges à tête noire aux variations météorologiques.
« Durant l’été, la température est chaude et la nourriture est facilement accessible pour les oiseaux. Par contre, lorsque l’automne arrive, les nuits commencent à être fraîches, le soleil se couche plus tôt et les oiseaux ont moins de temps pour trouver leur nourriture. Ils doivent donc ajuster leur comportement, leur énergie, leur masse musculaire et leur physiologie en général pour faire face à ces conditions difficiles. En plein cœur de l’hiver, avec seulement huit heures d’ensoleillement, les mésanges n’ont que très peu de temps pour acquérir la quantité de nourriture, et donc d’énergie, qui leur est nécessaire pour survivre aux 16 heures de nuit très froides de l’hiver québécois», explique Mme Petit.
L’étude de Magali Petit établit une corrélation entre les variations météorologiques et les ajustements sur le plan physiologique des mésanges. « On sait déjà qu’en hiver, les mésanges augmentent leur masse et leurs dépenses énergétiques comparativement à l’été. Toutefois, c’est la première étude où sont examinées les variations à l’intérieur d’une seule saison, en fonction des grands froids, des tempêtes et des redoux », souligne Mme Petit. D’ailleurs, les premiers résultats révèlent que le mois de février, généralement le plus froid de l’année au Québec, est la période la plus exigeante en termes de dépenses énergétiques.
Dans le cadre de sa thèse de doctorat en biologie, elle a effectué près de 1000 captures de mésanges à tête noire vivant en conditions naturelles dans la Forêt d’enseignement et de recherche Macpès située dans le secteur Sainte-Blandine au sud de Rimouski. Des données de masse, de taille, de réserves de gras, de musculature et des échantillons sanguins ont été récoltés durant deux hivers sur les individus étudiés qui étaient immédiatement relâchés dans la nature une fois les mesures effectuées.
L’objectif de la chercheuse est de comprendre le lien entre ces ajustements physiologiques hivernaux et les conséquences à long terme sur leurs populations. « Si durant l’hiver, l’augmentation des dépenses énergétiques épuise certains oiseaux au point de réduire leurs défenses immunitaires ou d’augmenter leur niveau de stress, il se pourrait que ces individus aient un succès reproducteur diminué ou une survie écourtée » , remarque Mme Petit.
Le laboratoire d’écophysiologie du professeur François Vézina s’intéresse aux défis énergétiques que les oiseaux doivent relever pour faire face aux contraintes imposées par leur environnement. L’équipe de M. Vézina s’est d’ailleurs dotée en 2012 d’une animalerie et d’une volière extérieure à la fine pointe de la technologie pour garder des oiseaux en conditions semi-contrôlées afin d’approfondir les études de l’acclimatation des oiseaux au froid.
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