Les poissons s’adaptent à leur milieu au fil des générations. C’est ce qu’on appelle l’évolution. Ces derniers s’adaptent aussi au cours de leur développement, au sein d’une même génération. Laurence Fisher-Rousseau en fait la preuve en reproduisant en aquaculture le courant des rivières.
Si la sélection naturelle constitue un mécanisme d’évolution très connu, selon lequel les individus les plus adaptés à leur milieu se reproduisent et survivent, il existe aussi d’autres phénomènes fascinants, étudiés par la biologie évolutive du développement, connue sous le terme « évo-dévo ». Cette dernière cherche à mieux comprendre les variations de formes d’un point de vue développemental et évolutif.
« Chez plusieurs espèces de salmonidés qui vivent en lac, on trouve plusieurs formes d’une même espèce au sein d’habitats différents. Les individus qui vivent en eaux libres ont une forme hydrodynamique, car ils sont toujours en mouvement pour trouver leur nourriture », explique Mme Fischer-Rousseau. « En contrepartie, ceux que l’on retrouve près des rives sont plus robustes et manoeuvrent plus facilement à travers les débris, les roches, etc. Dans certains lacs, on a même pensé qu’il s’agissait d’espèces distinctes alors qu’en fait, ces différentes formes proviennent de jeunes poissons de la même espèce qui se sont développés dans les milieux contrastants et qui se sont adaptés au fil de leur croissance », souligne la doctorante.
Dans le cadre de son doctorat en biologie, Laurence Fisher-Rousseau s’intéresse particulièrement au développement de la truite arc-en-ciel. « Le développement des poissons s’ajuste selon les conditions du milieu. Un développement optimisé permettra une croissance plus rapide. En variant certaines conditions, comme la vitesse du courant, la truite développera plus ses muscles si bien que lorsqu’elle aura atteint sa taille adulte, elle offrira plus de chair au consommateur. La recherche fondamentale faisant le lien entre développement et évolution devient ainsi très intéressante pour l’industrie aquacole », souligne la chercheuse.
Les recherches de Mme Fischer-Rousseau sont effectuées au Centre d’innovation de l’aquaculture et des pêches Merinov de Grande-Rivière en Gaspésie. Les poissons à l’étude sont « élevés » dans un système de canaux de nage à quatre vitesses. « Au fil des 100 jours d’expérimentations dans notre “piste de course pour poissons”, on observe des variations de forme, de longueur, de position de nageoires, etc. On arrive ainsi à mieux comprendre les variations de formes observées en milieu naturel », remarque-t-elle.
Réalisé sous la direction du professeur en biologie évolutive Richard Cloutier, ce projet de recherche fait appel à la morphométrie. La professeure Miriam Zelditch, de l’Université du Michigan, participe également à la recherche, en tant que spécialiste de cette méthode de recherche.
Avant son doctorat en biologie, Laurence Ficher-Rousseau a effectué sa maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats à l’UQAR, également sous la direction de Richard Cloutier. Véritable passionnée de son domaine, elle relève le défi de concilier famille et recherche universitaire, ce qui n’est pas une mince tâche.
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