Les algues de l’estuaire du Saint-Laurent présentent un fort potentiel antioxydant et antibactérien pour l’industrie alimentaire selon Catherine Boisvert, étudiante à la maîtrise en océanographie à l’UQAR.
Depuis quelques années, les consommateurs réclament de plus en plus des aliments frais, ayant subi un minimum de procédés de conservation et de transformation. Cette pression des consommateurs de retirer les agents de préservation chimiques a stimulé l’intérêt de l’industrie alimentaire et de la communauté scientifique pour de nouveaux produits antimicrobiens naturels.
Selon l’espèce étudiée, les algues possèdent des composés immunostimulants, antiviraux, antibactériens, anticancéreux, anticoagulants, anti-inflammatoires, ainsi que des antioxydants puissants. Par contre, jusqu’à présent, peu de travaux ont porté sur leur potentiel antimicrobien.
Le projet de recherche de Catherine Boisvert est réalisé en partenariat avec l’entreprise rimouskoise ORGANICOCEAN, qui se spécialise dans le développement, la fabrication et la commercialisation de produits agricoles et horticoles à base d’algues et autres biomasses marines. « L’entreprise fournit des algues recueillies sur le bord des rives du Bas-St-Laurent. De mon côté, au laboratoire de biochimie de l’UQAR et d’écotoxicologie marine à l’ISMER, j’effectue des tests afin de mesurer le potentiel antioxydant et antibactérien de ces algues, dans l’optique de valoriser une biomasse qui pourrait mener à des applications dans l’industrie alimentaire ou celle des cosmétiques », explique la chercheuse.
Les extraits d’algues ont été ajoutés à différentes cultures de bactéries qui causent de véritables défis pour l’industrie alimentaire, comme E. coli, notamment dans les produits laitiers et en boucherie. Les résultats obtenus sont fort probants : certaines algues ont inhibé jusqu’à près de 70 % de la croissance des bactéries. « C’est un premier pas dans la bonne direction. En isolant et en concentrant la ou les molécules actives, nous pourrions en arriver à inhiber complètement la croissance des souches bactériennes problématiques et développer de nouveaux additifs alimentaires ou des produits pour désinfecter les surfaces », souligne-t-elle.
« Étudier l’océanographie sous l’angle de la chimie appliquée aux bioressources amène une dimension très appliquée à la recherche, calquée sur les besoins futurs de toute une industrie. C’est comme être à l’avant-garde des futures normes agroalimentaires de conservation des aliments », compare Mme Boisvert.
Le projet de Catherine Boisvert s’insère dans un volet plus vaste d’études du laboratoire de recherche en biotechnologies et chimie de l’environnement CRABE (Collectif de recherche appliquée aux bioprocédés et à la chimie de l’environnement). Ce laboratoire, piloté par sa directrice de recherche Lucie Beaulieu, porte sur la valorisation de plusieurs types de biomasse d’origine marine et sur la caractérisation des interactions chimiques des composés à valeur ajoutée. Le titulaire de Chaire de recherche du Canada en écotoxicologie moléculaire en milieux côtiers Émilien Pelletier codirige également le projet de Mme Boisvert.
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