Pourquoi certains secteurs côtiers entre Pointe-au-Père et Sainte-Flavie ont-ils été plus durement touchés que d’autres lors des grandes marées du 6 décembre 2010? Pour l’étudiant à la maîtrise en géographie David Didier, le niveau de l’eau très élevé atteint au marégraphe n’est que la face cachée de l’iceberg : les diverses particularités de la plage, comme la pente de la zone où se produit le battement de la marée, seraient notamment en cause.
Dans le cadre de son mémoire de maîtrise, David Didier travaille à l’élaboration d’une méthode de cartographie des risques de submersion des côtes, en se basant sur l’épisode du 6 décembre 2010, alors que des conditions météo exceptionnelles ont entraîné un déferlement des eaux le long du littoral du Saint-Laurent. Cet évènement a causé des dommages considérables aux infrastructures publiques et privées ainsi qu’aux milieux naturels. Le chercheur s’intéresse particulièrement aux paramètres qui expliquent pourquoi un secteur a été inondé plus qu’un autre, en portant une attention particulière à la géomorphologie côtière. « Avec les changements climatiques, des tempêtes encore plus puissantes sont anticipées. L’objectif du projet de recherche est d’outiller les gestionnaires au sujet de la vulnérabilité des côtes selon leurs caractéristiques physiques, et de délimiter les zones sensibles à la submersion côtière dans la région, au même titre qu’il existe des zones à risque d’inondation par les rivières », explique-t-il.
Pour cartographier les côtes inondées le 6 décembre 2010, M. Didier a identifié les limites et l’altitude des zones de submersion à l’aide de DGPS, ainsi qu’avec de l’imagerie aéroportée LIDAR, une technologie de télédétection au laser à très haute précision. Puis il a rencontré les résidents des secteurs touchés pour valider l’information recueillie sur le terrain. « Rencontrer les citoyens a été une étape capitale pour valider les limites et les particularités de l’inondation et ce, même si nous possédions déjà des photographies de l’évènement réalisés en hélicoptère sur toute la côte. Les marégraphes mesurent le niveau marin maximal qui a été atteint par les marées amplifiées par des facteurs météorologiques, mais ces appareils ne prennent pas en compte le déferlement des vagues sur les côtes, un phénomène qui peut projeter l’eau beaucoup plus haut sur le territoire. Le vrai niveau atteint sur les terrains touchés est par conséquent supérieur, étant sans aucun doute influencé par les caractéristiques locales du milieu », insiste-t-il.
Les premières analyses des données révèlent déjà des pistes pour éviter un désastre comme lors de décembre 2010. Sur le territoire étudié, la largeur et la pente de la zone intertidale constitueraient deux des principaux facteurs ayant le plus d’influence dans le risque de submersion. « De la mer vers la terre, plus la zone intertidale est large, plus le territoire semble protégé. Par ailleurs, plus la pente de cette zone est forte, plus les vagues risquent d’atteindre des niveaux élevés sur la côte. Les côtes dans la région sont fortement rocheuses, ce qui est visible à marée basse alors que le roc est en dehors de l’eau. Il semblerait que cette plate-forme puisse agir comme élément protecteur face aux vagues à mesure qu’elle s’élargit », révèle M. Didier.
Les travaux de M. Didier sont réalisés sous la direction du professeur titulaire de la Chaire de recherche du Québec en géoscience côtière, Pascal Bernatchez. Le professeur en géomorphologie littorale Guillaume Marie, spécialisé dans la dynamique des côtes rocheuses, codirige l’étudiant. Avant de s’inscrire à la maîtrise en géographie, David Didier a complété son baccalauréat en géographie à l’UQAR. L’UQAR est une des rares universités offrant la possibilité aux étudiants de premier cycle de travailler à titre d’auxiliaire de recherche pour les professeurs. « Tout au long de mon baccalauréat, j’ai travaillé pour le laboratoire de M. Bernatchez sur une panoplie de projets très diversifiés, appliqués et surtout d’actualité qui m’ont donné la passion pour la recherche », conclut-il.
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