Les rivières de la Gaspésie qui se sont formées il y a 10 000 ans laissent des marques qui nous permettent de tracer leur histoire, et de comprendre quels sont les facteurs responsables de leur évolution. Étudiant à la maîtrise en géographie à l’UQAR, Jean-Philippe Marchand « creuse » la question…
Dans le cadre de son mémoire de maîtrise, M. Marchand étudie les abords de la rivière Matane pour analyser les sédiments que l’on y trouve et leur organisation dans l’espace. Grâce à des techniques empruntées à plusieurs disciplines (géomorphologie, géologie, chimie) et à des méthodes de datation modernes comme le Carbone 14 ou la luminescence optique (l’émission de lumière du quartz par accumulation d’énergie), l’étudiant est à même de constater que Rivière Matane était jadis un estuaire. « Les sédiments présents révèlent que les variations du niveau marin au cours des 10 000 dernières années l’ont fait passer d’un estuaire alimenté par un glacier, à un delta, puis à la rivière que l’on connait aujourd’hui », indique-t-il.
Mais pourquoi remonter aussi loin dans le temps? Les géographes qui étudient les risques naturels ont accès à des données et à des photos qui ne couvrent que les 100 dernières années, ce qui est trop peu pour tracer l’évolution à long terme d’un cours d’eau. « Les rivières et leur vallée sont des milieux de vie importants sur lesquelles nous vivons et implantons des infrastructures en pensant qu’elles sont immuables. Toutefois, si l’on observe l’évolution sur 10 000 ans, on est en mesure de déterminer des mécanismes qui modifient radicalement leur visage (climat, niveau marin, végétation, etc.) et qui agissent à diverses échelles de temps. Ainsi, en connaissances de cause, il devient possible de prévoir ces changements et de mieux s’y adapter», explique M. Marchand.
Réalisé au sein du Laboratoire de recherche en géomorphologie et dynamique fluviale, le projet de recherche de Jean-Philippe Marchand est dirigé par le professeur en géomorphologie Thomas Buffin-Bélanger, dont les intérêts de recherche touchent notamment les glaces, les risques naturels et le transport de sédiments. Le professeur en géographie spécialiste des glaciations et déglaciations en Gaspésie Bernard Hétu codirige le projet. Celui-ci s’intéresse également à la gestion et prévention des risques naturels reliés à la dynamique des versants.
Le programme de maîtrise en géographie de l’UQAR vise notamment à former des chercheurs et des spécialistes de la géographie habilités à conseiller et planifier l’aménagement et l’organisation du territoire. Bien que les emplois ne manquent pas pour les diplômés du baccalauréat en géographie, une maîtrise peut s’avérer un atout sur le marché du travail. « Après mon baccalauréat en géographie, je cherchais à augmenter mon employabilité auprès des firmes de génie-conseil, pour les analyses environnementales lors de l’implantation de projets d’ingénierie, ou encore auprès d’organismes de coopération internationale, afin de pouvoir travailler dans des pays en développement », souligne M. Marchand.
Il est à noter que Jean-Philippe Marchand a commencé son parcours universitaire en géographie à l’UQAM. Attiré par le programme de l’UQAR qui favorise l’intégration des sciences de l’environnement aux sciences humaines, il s’est inscrit à l’UQAR où tous ses crédits déjà obtenus lui ont été reconnus selon un protocole de reconnaissance d’acquis.
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