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Reconstituer l’histoire géographique de la baie de Gaspé depuis la dernière glaciation

Étudiante à la maîtrise en géographie à l’Université du Québec à Rimouski, la géographe Myriane Houde-Poirier réalise actuellement son projet de recherche qui rallie géologie et géomorphologie côtière, s’inscrivant dans une vaste étude effectuée pour le Parc national Forillon.

L’étude commandée par Parcs Canada s’inscrit dans le cadre du projet d’aménagement intégré de la péninsule de Penouille, visant à restaurer la dynamique naturelle du littoral et à améliorer l’accès au site ainsi que l’expérience des visiteurs. 

Dans le cadre de son mémoire de maîtrise, Myriane Houde-Poirier retrace les variations du niveau marin relatif dans cette région, en reconstituant l’histoire géomorphologique de la dernière glaciation à aujourd’hui. Aux différents niveaux marins déterminés dans la baie, elle tente d’évaluer l’évolution de la configuration des littoraux.

Celle-ci utilise la stratigraphie, une branche de la géologie étudiant les couches de sédiments. L’étudiante s’intéresse plus spécifiquement à la période Quaternaire, qui a débuté il y a près de 2,6 millions d’années. « À l’aide de plusieurs types d’analyses, on peut associer chaque couche de sédiments à un environnement spécifique : une plage, une rivière, le dessous d’un immense glacier, etc. Par exemple, on peut associer un dépôt de sable à une plage en analysant la taille des sédiments et leur triage. Si on est chanceux et qu’on trouve un coquillage, on pourra dater cette ancienne plage par le Carbone 14. La succession des couches de sédiments se rapporte aux environnements physiques qui, eux, permettent de reconstituer l’histoire et la géomorphologie des côtes », explique la chercheuse.

Il y a plus de 20 000 ans, la baie de Gaspé se situait à la confluence de trois immenses masses glaciaires qui recouvraient le territoire du Québec et des Maritimes : une en provenance du Bouclier canadien qui, déviée dans le chenal laurentien, passait au nord de la péninsule gaspésienne, une seconde qui occupait l’est de la Gaspésie puis une troisième en provenance du golfe du Saint-Laurent, au nord de l’Île-du-Prince-Édouard. Ces glaciers exerçaient un poids important sur la croûte terrestre qui s’est enfoncée dans le manteau terrestre comme si l’on pesait sur un glaçon dans un verre d’eau. À la suite de la déglaciation, le retrait de ce poids a fait « remonter » la croûte terrestre.

Voilà qui engendre les variations du niveau marin relatif. Aujourd’hui, selon l’endroit où l’on se trouve et le poids glaciaire jadis appliqué sur la région, il est possible que la croûte s’enfonce ou au contraire, remonte. « Dans l’estuaire du St-Laurent, la croûte terrestre monte depuis 3 000 à 5 000 ans », souligne Mme Houde-Poirier. « En contrepartie, dans la baie des Chaleurs et dans les Maritimes, la croûte s’enfonce. Le niveau marin relatif s’élève depuis environ 8 000 ans », précise-t-elle.

L’évolution postglaciaire du niveau marin relatif constitue une donnée essentielle pour comprendre l’évolution du littoral. Les niveaux marins peuvent changer les courants marins qui transportent ou déposent les sédiments sur les littoraux et ainsi modifier la dynamique côtière et la configuration du littoral. La compréhension de l’évolution des environnements côtiers dans la baie de Gaspé depuis la dernière déglaciation servira à mettre en contexte les impacts du réchauffement climatique et de la hausse du niveau marin sur la pointe de la Gaspésie.

Dans le projet d’aménagement de la péninsule de Penouille, les travaux de Myriane Houde-Poirier permettront aux gestionnaires de Parcs Canada d’évaluer le potentiel de valorisation, en fonction des réponses de la plage face aux niveaux marins passés. Effectué sous la direction du géomorphologue des versants et spécialiste de l’époque quaternaire (glaciations et déglaciations) Bernard Hétu, le mémoire de maîtrise de Mme Houde-Poirier s’inscrit dans la programmation de recherche de la Chaire de recherche en géoscience côtière. Son codirecteur, Pascal Bernatchez, est titulaire de cette unité qui vise à comprendre la sensibilité des régions côtières froides aux changements environnementaux afin d’appréhender leur évolution future.

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca