L’arrivée de la compagnie Price Brother’s vers 1860 a façonné le développement économique et social de Matane. Le village, qui vivait jusque-là principalement de l’agriculture, devient en quelques années une ville mono-industrielle fondée sur la transformation industrielle du bois. Dans le cadre de sa maîtrise en histoire, Rémi Lefrançois s’intéresse à la culture « ouvrière » qui a émergé dans ce contexte à Matane et qui perdure, sous d’autres formes peut-être, encore aujourd’hui.
En épluchant les archives de la Ville de Matane, de la Société d’histoire et de généalogie de Matane et de l’UQAR, M. Lefrançois a retracé les origines de cette culture « ouvrière » et son impact sur le tissu social matanais. L’étude a notamment révélé que l’industrie du sciage a imposé à la population matanaise un mode de vie particulier, alors que chaque année, une importante partie de la population masculine en âge de travailler devait s’exiler pour trouver du travail.
« Cette industrialisation rapide caractérisée par une augmentation rapide du coût de la vie et par des salaires très bas versés par cette industrie maintenait une bonne partie de la population dans la pauvreté. Cette situation a donc forcé les citoyens à penser à des initiatives pour améliorer leur situation économique, à resserrer le tissu social, et ainsi, à développer une véritable culture ouvrière au sein de la population », explique M. Lefrançois.
C’est aussi au cours de cette période que le mouvement syndical se met en place à Matane. À partir des années de la guerre et de l’immédiat après-guerre, ce mouvement se déploiera sans entrave majeure de la part des élites locales et ne vivra pas de longues et pénibles grèves. « La culture ouvrière a fait en sorte que les citoyens ont fait fi des différentes classes sociales et ont travaillé ensemble à améliorer les conditions de vie de tout un chacun », indique le chercheur.
Que reste-t-il de cette entraide en 2015? « Plusieurs ignorent ce passé de leur région. Lorsque l’industrie forestière s’est essoufflée au tournant des années 1960, Matane s’est diversifiée tout en demeurant une ville industrielle. La culture ouvrière est restée, mais plusieurs ignorent, jusqu’à aujourd’hui, où elle a commencé », conclut M. Lefrançois.
La maîtrise en histoire de l’UQAR vise à former des historiens capables de regarder nos sociétés contemporaines dans une perspective historique et aptes à comprendre les relations étroites qui existent entre le présent et le passé. Comme ce programme est offert à l’UQAR en vertu d’une entente avec l’UQAM, M. Lefrançois a pu être dirigé à l’UQAR par la professeure spécialiste de l’histoire sociale et culturelle Karine Hébert, et codirigé par une professeure à l’UQAM spécialisée en histoire ouvrière, Magda Fahrni.
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