L’enseignement et la recherche en histoire connaissent actuellement un nouvel essor. Dans le cadre de sa maîtrise en histoire, Pierre-Olivier Gagnon se penche sur un sujet des plus singuliers : un conflit religieux qui ne s’est pas terminé par un bain de sang, dans la cité d’Antioche au IVe siècle.
Antioche, une ville du sud de la Turquie près de la frontière syrienne, fait partie d’une région reconnue par l’UNESCO comme bien constituant le patrimoine mondial pour sa valeur universelle exceptionnelle. Au cœur de cette région, les paysages culturels composés de reliques constituent une illustration importante de la transition entre le monde antique païen de l’Empire romain et le christianisme byzantin.
Dans le cadre de son mémoire de recherche, Pierre-Olivier Gagnon s’intéresse à un conflit entre les chrétiens et les païens, non convertis au christianisme, s’étant déroulé au IVe siècle de notre ère. « La ville d’Antioche regorge d’aires sacrées que les deux communautés ont tenté de s’approprier, par divers moyens de sanctification, un peu comme les églises érigées par l’Église catholique dans les villages du Québec à l’époque de la colonisation. L’intérêt dans ce conflit réside dans le fait que personne n’est allé aux armes, et que c’est resté une querelle plutôt littéraire et philosophique », souligne M. Gagnon.
Le chercheur a réalisé la critique des lettres et des discours de l’empereur Julien l’Apostat (l’empereur romain) et de l’évêque Jean Chrysostome, avant que celui-ci ne devienne patriarche de Constantinople. « L’empereur Julien, qui cherchait à éliminer les reliques chrétiennes, évoquait la colère du dieu Apollon devant une ville qui se convertissait au christianisme. Lorsqu’un incendie détruisit le temple païen, Jean Chrysostome prétendit que la cause en était un éclair tombé du ciel, un acte de Dieu », raconte M. Gagnon.
Pierre-Olivier Gagnon analyse aussi comment l’histoire de ce conflit a été racontée par la suite, au Ve siècle, jusqu’au monde moderne dans lequel nous vivons aujourd’hui. « L’Empereur Julien a été en quelque sorte « démonisé » par les historiens de l’Église au cours des siècles suivant cet épisode. Même si une période de l’histoire comme l’Antiquité semble bien éloignée de notre époque, comprendre la transformation du christianisme à travers les âges pose les assises de cette religion telle que nous la connaissons aujourd’hui », avance-t-il.
Même si la plupart des professeurs en histoire de l’UQAR se spécialisent en histoire canadienne et québécoise, il est possible pour un candidat à la maîtrise en histoire de travailler sur des thèmes de recherche qui dépassent largement nos frontières. Pierre-Olivier Gagnon a pu profiter de ressources de plusieurs centres de recherche et d’archives, laboratoires et sites patrimoniaux, notamment d’excellentes éditions et traductions de textes anciens mises à la disposition des chercheurs.
Réalisé sous la direction du professeur Nicolas Beaudry, archéologue et spécialiste de l’Antiquité tardive, le mémoire de recherche de Pierre-Olivier Gagnon a une visée bien plus large que l’étude de l’histoire de cette région précise du globe. « Mieux comprendre l’histoire, c’est mieux comprendre la nature humaine. Les constats autour de ce conflit non armé pourraient aider à comprendre la dynamique des conflits religieux et à chercher des solutions pacifiques aux problèmes actuels », conclut le chercheur.
Il est à noter que grâce à l’appui des professeurs en histoire dans la préparation de son dossier de candidature, Pierre-Olivier Gagnon a obtenu une bourse du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) de 17 500 $, qui lui a permis de se consacrer à ses études à temps plein.
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