Étudiante au doctorat en océanographie, Souad Annane étudie les effets des changements climatiques sur le plancton, cet ensemble d’organismes aquatiques microscopiques à la base de toute la chaîne alimentaire aquatique.
Le phytoplancton (petits végétaux unicellulaires) est à la base de la plupart des réseaux trophiques, c’est-à-dire qu’il agit comme étant la plante biologique de l’océan. En effet, le phytoplancton utilise le CO2 de l’atmosphère pour fabriquer de la matière organique, au même titre que les plantes terrestres le font par la photosynthèse. Dans le cadre de son doctorat en océanographie, Souad Annane s’intéresse de façon particulière aux effets de l’acidification et de l’augmentation de la température du golfe du St-Laurent sur le phytoplancton.
« Les changements climatiques ont un effet sur l’augmentation du CO2 dans l’eau, ce qui entraîne une acidification des océans. Une variation du pH de l’eau aura des effets physiologiques sur le phytoplancton, ainsi que sur des autres organismes, incluant la survie des larves, la croissance ou sur la formation de squelettes calcaires », explique la chercheure.
Pour mesurer la réaction du plancton aux variations de la température due pH, Mme Annane a effectué ses mesures à l’aide d’écosystèmes simulés, appelés mésocosmes, lors d’un projet Européen qui regroupé des partenaires de plusieurs pays (France, Norvège, Allemagne et Italie). Chaque grand réservoir cylindrique était équipé de multiples sondes pour mesurer des paramètres physiques et chimiques de l’eau contenue dans le réservoir. « En isolant les masses d’eaux, j’ai été en mesure de suivre les communautés planctoniques tout en mesurant les effets des paramètres seuls ou combinés », soutient Mme Annane. Elle a également réalisé la même expérience en microcosmes sur le plancton du St-Laurent à l’Institut Maurice-Lamontagne (Pêches et Océans Canada).
Les résultats préliminaires révèlent qu’une augmentation de l’acidification fait en sorte que le phytoplancton produit davantage de sucres, au lieu de produire de la biomasse. « Sur une longue échelle temporelle, cette nouvelle information sur le fonctionnement global des écosystèmes marins permet de déterminer comment l’ensemble des écosystèmes pourrait être modifié avec les changements climatiques. », souligne-t-elle. « Oui, ça peut sembler une goutte d’eau dans l’océan. Toutefois, les impacts sur la biodiversité peuvent se faire sentir rapidement. Bien souvent, le milieu des pêches ressent les impacts en premier lorsqu’une espèce de poisson disparaît en raison de la rareté de sa nourriture », insiste-t-elle.
Mme Annane est dirigée par le professeur en océanographie biologique Gustavo Ferreyra, spécialiste de l’écophysiologie du phytoplancton. Le professeur Ferreyra dirige un vaste projet de recherche sur les effets de l’acidification sur le réseau trophique planctonique du Golfe du Saint-Laurent. La doctorante est également codirigée par Michel Starr, spécialiste des espèces phytoplanctoniques du Saint-Laurent, par le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicologie moléculaire en milieux côtiers Émilien Pelletier et Serge Demers., océanographe spécialiste du phytoplancton.
Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca