Les aquaculteurs québécois font face à un problème de taille : les géniteurs de dorés d’aquaculture produisent des œufs de qualité médiocre, non fécondables et parfois incapables de se rendre à l’éclosion. Candidate au doctorat en océanographie, Sahar Mejri travaille à améliorer la production de dorés jaunes de qualité, en partenariat avec la Station Piscicole Trois-Lacs située en Estrie. Comme quoi l’océanographie ne se limite pas qu’aux océans!
À l’heure actuelle, la récolte des œufs de doré jaune doit donc s’effectuer à partir de géniteurs sauvages. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) octroie des permis spéciaux pour ce genre d’activité, à condition que l’échantillonnage permette la recherche et que de nouvelles souches soient développées en aquaculture.
Sous la direction du professeur titulaire de la Chaire de recherche du Canada en aquaculture Réjean Tremblay et sous la codirection de la professeure Céline Audet, Sahar Mejri étudie le régime alimentaire du doré comme déterminant de la qualité des œufs produits. Le professeur spécialiste en nutrition animale Grant Vanderberg, de l’Université Laval, codirige également l’étudiante.
« Nous développons actuellement une moulée riche en lipides et en acides gras essentiels pour les dorés élevés en captivité. Nous évaluerons l’impact d’une alimentation avec ce produit, comparativement à une moulée commerciale. L’objectif concret est d’obtenir des œufs d’une qualité comparable à ceux des milieux naturels », explique Madame Mejri.
Ce projet de recherche réalisé à la Station Piscicole Trois-Lacs lui a même permis d’obtenir une bourse de recherche en milieu de pratique dans le cadre d’un partenariat université-entreprise.« Le doré jaune est une espèce qui offre beaucoup de potentiel, notamment en raison de la demande croissante des consommateurs. Toutefois, l’expertise québécoise sur ce poisson est très limitée », souligne Madame Mejri.
En plus de l’expertise de ses codirecteurs, elle collabore avec la professeure Ines Ben Khemis, spécialiste de l’élevage larvaire à l’Institut National des Sciences et Technologies de la Mer en Tunisie. Celle-ci a d’ailleurs réalisé un stage postdoctoral avec la professeure Céline Audet. « Même si les milieux sont très différents, le fonctionnement des espèces est semblable et l’expertise en océanographie peut s’appliquer un peu partout dans le monde », soutient la chercheuse.
Il est à noter que le doré jaune est un poisson qui vit dans les eaux chaudes des lacs et des rivières… donc en eau douce. La recherche en océanographie à l’ISMER est axée sur l’étude des milieux marins, autant côtiers, estuariens qu’océaniques, et sur les interactions entre les composantes physique, biologique, chimique et sédimentologique de ces systèmes marins. L’aquaculture et le développement de pratiques d’élevage durables font donc partie des thématiques de recherche à la maîtrise et au doctorat en océanographie.
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