La longévité du Groupe de recherche interdisciplinaire sur le développement régional, de l’Est du Québec (GRIDEQ) témoigne de l’importance des régions dans le développement du Québec. Ancré dans son milieu depuis une quarantaine d’années, le GRIDEQ se démarque par l’interdisciplinarité de ses chercheurs qui apportent un éclairage scientifique sur des enjeux de plus en plus complexes.
C’est en 1974 que le GRIDEQ a été fondé par des chercheurs de l’UQAR en économie, en géographie, en histoire et en sociologie. « L’interdisciplinarité est dans l’ADN du GRIDEQ depuis ses débuts », observe la directrice du regroupement, la professeure Marie-José Fortin. « Et dès le départ, il y a eu une volonté de reconnaître et faire émerger des savoirs par la base – par les acteurs locaux –, une conception qui n’était pas dominante à l’époque. Or, c’est à plusieurs qu’on fait avancer les connaissances, comme le reconnaissent désormais de grands organismes subventionnaires comme le CRSH. »
Réponse populaire aux visées du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec, les Opérations Dignité (OD) ont marqué les premières recherches menées par les membres du GRIDEQ. « Les OD ont été leur laboratoire. Elles ont révélé de nouvelles dynamiques originales, dans les sociétés modernes, de prise en charge par des collectivités qui ont elles aussi une façon de voir leur développement, mais qui n’est pas forcément la même que celle du gouvernement », indique le professeur Yann Fournis, qui a mené des travaux sur le collectif scientifique et prépare un ouvrage à paraître prochainement.
Le Groupe de recherche interdisciplinaire sur le développement régional, de l’Est du Québec compte une quinzaine de membres. Leurs recherches portent sur des enjeux qui sont souvent au cœur de l’actualité, dont le développement des ressources naturelles (pétrole, gaz de schiste, énergie éolienne, forêt et transport maritime) et l’occupation dynamique du territoire (changement climatique et agriculture). « Nos chercheurs ont une expertise sur des enjeux d’actualité d’une grande pertinence sociale et qui n’était pas visible de la même façon il y a quinze ans. En fait, c’est l’actualité qui a rattrapé des sujets de recherche sur lesquels nous travaillons », note la professeure Fortin, qui est également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en développement régional et territorial de l’UQAR.
Au fil du temps, la collaboration avec les acteurs du milieu a gagné ses lettres de noblesse sur le plan de la recherche. Le concept d’acceptabilité sociale a d’ailleurs mis de l’avant l’importance de considérer l’opinion des communautés à l’égard des projets de développement qui les touchent. « On reconnaît que les acteurs ont une façon de penser et des connaissances sur leur propre réalité et leur territoire, et nous essayons de les comprendre, voire d’en dégager de nouveaux enseignements », illustre la professeure Fortin.
Cela dit, les impératifs de la recherche scientifique demeurent au cœur des travaux des chercheurs du GRIDEQ, quels que soient les enjeux étudiés et la sensibilité des collectivités touchées. « Un des rôles de nos chercheurs, c’est d’amener des éléments dans le débat public. Nos rapports avec les milieux sont exigeants, car nous devons être rigoureux dans nos recherches dans un contexte où les territoires sont mis à l’épreuve par des réformes et des grands projets du gouvernement », insiste la titulaire de la Chaire de recherche du Canada en développement régional et territorial.
Axe d’excellence
Le GRIDEQ n’est pas étranger au fait que le développement régional est un axe de recherche d’excellence à l’Université du Québec à Rimouski. Au cours des 40 dernières années, le GRIDEQ a assuré sa propre relève en formant de nouvelles générations de chercheurs et de chercheuses. En outre, le regroupement présente chaque année de nombreuses conférences publiques et séminaires sur des enjeux touchant le développement régional.
Les membres du GRIDEQ ont publié des centaines de recherches depuis la fondation du regroupement. Si la réalité des régions est mieux connue, il y a encore beaucoup de chemin à faire afin de revoir le modèle de développement du territoire, constate la directrice du GRIDEQ. « Les sociétés ont changé : l’environnement, la santé publique, les impacts sociaux et l’identité des communautés sont des valeurs dont il faut tenir compte », souligne Marie-José Fortin.
« Or, nous avons les mêmes modèles de développement qui arrivent par en haut depuis 50 ans », poursuit la directrice du GRIDEQ. «Le modèle s’est même amplifié : les projets sont de plus en plus gros en taille et sur le plan du financement et sont souvent portés par des consortiums dont on ne sait trop qui est derrière. Notre travail, c’est de révéler ce que la société contemporaine est devenue et de favoriser une modification du modèle de développement pour que celui-ci soit arrimé aux besoins et aux attentes de nos collectivités.»
Un membre actif du CRDT
Signe que les recherches sur la dynamique des territoires ont atteint une maturité au Québec, les chercheurs en développement régional de diverses universités (UQAR, UQO, UQAC, ENAP, UQAT et INRS-UCS) se sont fédérés, en 2003, au sein du Centre de recherche sur le développement territorial (CRDT),un organisme dans lequel les membres de GRIDEQ se sont particulièrement investis.
« Le tournant des années 2000 marque l’histoire du GRIDEQ. À partir de ce moment, on a commencé à parler de développement territorial afin de souligner l’idée que les enjeux ne touchent pas seulement des régions administratives, mais aussi des territoires d’autres échelles, dont de plus petites communautés selon les dossiers », mentionne le professeur Yann Fournis.
Comptant une cinquantaine de chercheurs, le CRDT est reconnu comme regroupement par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC). L’aménagement et la gestion durables du territoire et des ressources, les dynamiques économiques et les politiques publiques et la gouvernance territoriale sont au cœur de la programmation de recherche du CRDT dont la coordination a été assurée par des chercheurs du GRIDEQ pendant plusieurs années. Aujourd’hui, les universités membres accueillent à tour de rôle la permanence du CRDT.
Le GRIDEQ est tout aussi pertinent qu’à sa fondation, estime la professeure Marie-José Fortin. D’ailleurs, les chercheurs en développement régional sont de plus en plus interpellés par l’appareil gouvernemental. « La recherche partenariale est de plus en plus valorisée par les organismes subventionnaires et les chercheurs du GRIDEQ sont bien positionnés à cet égard. Notre défi, c’est de parvenir à nourrir les politiques publiques avec nos résultats de recherche, mais sans pour autant les dénaturer. »
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