L’alimentation, un pilier de notre santé et de notre bien-être
L’organisme humain est une merveilleuse machine, capable d’autorégulation et de résilience. Il est constitué de plus de 100 000 milliards de cellules, plus de 74 % d’eau et encore plus de bactéries. Tous les jours, on estime que plus ou moins 20 millions de cellules se renouvellent. Il est donc important de comprendre pourquoi ces cellules ont besoin de se nourrir, se protéger, se réparer et se renouveler.
Madame Colette Schoonbroodt, docteure en santé préventive (Ph. D.) plus précisément en éducation pour la santé, a présenté, le 14 mars 2018 à l’UQAR, une conférence sur les relations entre l’alimentation et la nutrition cellulaire. L’activité était organisée par l’Association des aînés de l’UQAR.
Comme nous faisait remarquer la conférencière, la plupart de nos cellules sont plus jeunes que nous, sauf le cortex et le cœur. Selon elle, il n’est jamais trop tard pour modifier nos modes de vie, car nos choix alimentaires et nos modes de vie influencent les capacités innées de nos cellules à prendre soin de nous, notamment à se régénérer en santé.
Il y a un lien direct entre ce que nous mangeons et notre santé car plusieurs molécules essentielles ne peuvent être fabriquées par notre corps, elles doivent être apportées quotidiennement, premièrement dans notre bol alimentaire et parfois par des compléments de nutriments cellulaires.
Pour nourrir la cellule et lui permettre de créer de l’énergie, il lui faut des nutriments qui proviennent de l’activité de transformation des aliments en nutriments. C’est le processus de la digestion qui nécessite l’action mécanique de la bouche, de l’estomac et de l’intestin ainsi que l’action chimique de la salive, des sucs gastriques, des sucs pancréatiques, en plus de l’action de milliers d’enzymes.
Le bol alimentaire fournit donc des macronutriments (tels que le glucose à partir des glucides, les gras essentiels à partir des lipides, les acides aminés à partir des protéines), ainsi que des micronutriments en plus petites quantités (ce sont les vitamines, les minéraux, les oligo-éléments et cofacteurs). Un apport de fibres s’avère important pour la qualité de toute l’activité digestive et du transit intestinal. Certaines fibres agissent notamment comme un « balai de nettoyage ». Par ailleurs, les vitamines et les minéraux sont des éléments essentiels (parce que la cellule ne peut les fabriquer) pour les milliers de processus enzymatiques, en agissant comme des catalyseurs ou si vous voulez comme une bougie d’allumage dans votre voiture.
Madame Schoonbroodt soulève deux paradoxes : l’un est relié directement à l’alimentation. Actuellement, on mange assez en quantité, voire trop d’aliments, mais pas assez en qualité nutritionnelle. Ceux-ci contiennent de moins en moins de nutriments qu’auparavant. Il y a une carence nutritionnelle récurrente. En passant, un additif alimentaire n’est pas un nutriment! Le deuxième paradoxe est lié au processus d’oxydation. Si celui-ci est tout à fait naturel, essentiel, lors d’activités métaboliques dans les cellules dont la production d’énergie, il n’en est pas de même au niveau du stress oxydatif, c’est-à-dire le débalancement entre la production des radicaux libres versus la disponibilité des antioxydants endogènes et exogènes. Aujourd’hui, les sources de production de radicaux libres sont multiples, pensons au tabagisme, à la pollution de l’air mais aussi alimentaire, aux radiations, à l’alcool, aux médicaments, au stress, etc. Le stress oxydatif c’est comme la rouille de la barre de métal, mais dans votre corps. Est-ce qu’on ne dit pas «il me semble que je rouille!» ?
La perte nutritionnelle dans les aliments est influencée par plusieurs facteurs dont l’arrivée massive dans l’agriculture des engrais pour produire plus après la seconde guerre mondiale, mais aussi la monoculture, l’utilisation abondante d’herbicides, de fongicides, d’insecticides, etc. De plus, présentement, l’industrie agro-alimentaire, donc de transformation, fournit 80 % de ce que nous mangeons. Avant l’avènement de l’industrie agro-alimentaire, lorsque l’alimentation était plus «naturelle», on pouvait compter sur une protection permettant d’avoir un équilibre dynamique entre les antioxydants endogènes et exogènes et les nombreux radicaux libres. Pour neutraliser ces radicaux libres, on doit consommer des antioxydants exogènes qui se retrouvent dans la nature, légumes colorés et les fruits dont les petits fruits (mûres, bleuets, baies, etc.) mais aussi des phytonutriments comme l’olive, le curcuma, la cannelle, etc. Ces micronutriments sont (ou doivent être) dans la terre normalement avant de se retrouver dans notre assiette!
Mais la science de la nutrition évolue. Les travaux sur la cellule des scientifiques comme Christian de Duve au siècle passé et à sa suite, Yoshinori-Ohsumi, Prix Nobel de Médecine en 2016, nous permettent de comprendre les capacités innées de la cellule à pouvoir «s’autoréguler», une forme de résilience si vous voulez. Il y a une «intelligence innée» au sein de la cellule et entre les cellules, ainsi qu’un réseau de communication sophistiqué. La cellule peut absorber, détruire ou recycler les bonnes ou les mauvaises substances sans que son fonctionnement ne soit lésé, par des mécanismes d’autophagie. Les aliments sont des sources d’information. Les nutriments contenus dans les aliments ingérés agissent comme des messagers moléculaires. Les cellules échangent constamment entre elles en signalant d’activer ou d’interrompre les innombrables fonctions biologiques importantes. Les choix de santé livrent une bonne information alors que les choix plus médiocres sont sources d’information erronée pour les cellules. Par exemple, les aliments transformés, les pesticides dans la nourriture, des molécules insensées dans des grignotines comme le polyester de sucrose, ces contenus sont «inconnus» des cellules, et peuvent envoyer une information erronée à l’ADN. Ce qui provoque une confusion, une mauvaise signalisation au plus profond des cellules de l’organisme. L’ADN baigne dans nos choix alimentaires quotidiens et pour bien l’informer, il faut faire de bons choix nutritionnels.
Pour augmenter la valeur nutritionnelle dans nos assiettes et agir préventivement sur le stress oxydatif, Mme Schoonbroodt nous suggère de faire des choix plus conscients en lien avec notre alimentation :
- Consommez de vrais aliments
- Privilégiez la qualité à la quantité
- Diversifiez : mangez colorés et variés
- Ayez la main légère sur la cuisson et sur les sucres cachés
- Consommez des aliments contenant des antioxydants sans modération
- Et laissez à l’épicerie ce qui n’est pas un nutriment.
« Dis-moi ce que tu manges… je te dirai comment tu vieillis ».
Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca