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La cathédrale de Rimouski : consensus nécessaire, par Mario Bélanger

Kurt Vignola

Tant qu’il n’y aura pas un consensus certain parmi les principaux acteurs impliqués dans le dossier de la cathédrale de Rimouski, il sera impossible de régler la question. « Les gouvernements et les organismes subventionnaires ne voudront jamais investir le moindre sou dans un contexte de controverse locale. »

C’est du moins l’avis de M. Kurt Vignola, un professeur d’histoire au Cégep de Rimouski qui s’est intéressé de près à l’évolution de ce dossier. Celui-ci a donné, à l’UQAR le 16 mars 2018, une conférence sur la cathédrale de Rimouski, devant une salle bondée de plus de 80 personnes. L’Association des aînés de l’UQAR a organisé cette rencontre.

La cathédrale de Rimouski est fermée au public depuis 2014. M. Vignola a brossé un tableau éclairant sur la situation des lieux de culte au Québec. Il a ensuite fait état des forces en présence dans le dossier de la cathédrale rimouskoise et du cheminement particulier de cette crise qui dure depuis plus de trois ans.

Lieux de culte

Le conférencier a d’abord expliqué que, sur 2750 lieux de culte au Québec (toutes religions confondues), plus de 450 sont actuellement en mutation. Plusieurs raisons motivent cette situation, notamment des rénovations coûteuses à entreprendre, la baisse importante de la pratique religieuse et la réorganisation des paroisses.

« Dans plusieurs lieux religieux, les réparations n’ont pas été faites à temps, explique l’historien. Les responsables essaient d’obtenir des subventions du Patrimoine national, mais les critères d’acceptation sont très restreints, vu  le nombre élevé des demandes et le coût exorbitant des travaux. »

Il ne faut pas oublier que depuis 50 ans au Québec, 85 églises ont été fermées, 85 ont été démolies, 121 sont devenues multifonctionnelles et une cinquantaine ont acquis une vocation culturelle ou commerciale.

La cathédrale

« La restauration de la cathédrale de Rimouski, c’est bien sûr le plus long et le plus difficile des cheminements », constate Kurt Vignola. La fermeture d’un édifice, sa vente, sa démolition ou son recyclage sont des solutions qui exigent moins d’énergie, mais qui ne sont pas nécessairement satisfaisantes.

Un édifice comme la cathédrale représente plusieurs enjeux importants. En plus de l’attachement religieux, on calcule aussi la réalité patrimoniale et urbaine. « Par son histoire et sa présence au cœur de la ville, la cathédrale a une valeur symbolique qui suscite une responsabilité collective. »

Le dossier de la cathédrale a donc soulevé l’intérêt chez de nombreux intervenants : la fabrique (qui gère l’édifice), l’archevêché (qui guide la démarche), la municipalité (qui fournit les informations sur les lois et procédures), les organismes de développement local et de défense du patrimoine, les citoyens, les experts, les députés, les organismes subventionnaires, les médias, etc.

Conciliabules

La complexité du dossier a fait en sorte que des « conciliabules », composés d’individus en marge des réseaux de concertation, se sont mis en place pour défendre leur propre solution. Ces regroupements essaient d’influencer les décideurs par l’entremise des médias locaux. « Le débat démocratique peut être très sain, mais il peut aussi générer une controverse, affirme M. Vignola. C’est ce qui est arrivé dans ce dossier. »

Le décès de Mgr Pierre-André Fournier, en janvier 2015, semble avoir été un élément marquant dans ce long débat. Son absence comme guide a créé une indécision qui a soulevé la tempête. L’abandon du projet Paradis, que certains souhaitaient voir intégrer dans la cathédrale, a aussi été perturbant.

La conclusion de Kurt Vignola est incontournable : les différents conciliabules et intervenants devront s’asseoir ensemble, jour et nuit s’il le faut, pour trouver une solution réaliste, transparente, collective et acceptable. C’est l’unique façon de régler le dossier. Sinon, on s’aventure dans une histoire comme celle de la construction de la salle de spectacle de Rimouski, qui a duré vingt ans…

Kurt Vignola est diplômé de l’UQAR en histoire ainsi qu’en développement régional et territorial. Il a travaillé 10 ans dans le domaine du développement régional avant de devenir professeur d’histoire au Cégep de Rimouski en 2005. Depuis 2008, il a publié des articles et ouvrages en histoire régionale, sur la cathédrale, mais aussi sur le Séminaire, le Cégep, le Salon du livre et le développement urbain de Rimouski. Il est membre du Laboratoire d’archéologie et de patrimoine de l’UQAR (lap.uqar.ca). Il est aussi codirecteur de la revue L’Estuaire depuis 2015.

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca