Longue de plus de 10 000 kilomètres, la Route de la soie était constituée de tout un réseau de routes commerciales, entre l’Asie et l’Europe. Elle fut empruntée du IIe siècle avant J.-C. jusqu’au XVe siècle.
Les convois de caravanes partaient de Xi’An, alors capitale de la Chine, et contournaient des obstacles naturels tels que les montagnes de l’Himalaya et le désert du Taklamakan. À partir de Kachgar, ils empruntaient soit l’itinéraire sud jusqu’à Alexandrie ou l’itinéraire nord jusqu’à Byzance, qui deviendra Constantinople en 330 après J.-C. La Route de la soie a permis de maintenir une culture internationale qui liait ensemble des peuples très divers.
Les professeurs retraités Yves Dion (économie) et Velitchko Velikov (géographie) ont sillonné cette route à différentes occasions, sur une période de onze ans, à compter de 2006. Ils ont traversé la Chine de l’Ouest, l’Asie centrale, le Caucase, une grande partie du Moyen-Orient et l’Égypte.
Lors d’une conférence qui a eu lieu le 23 mars 2018, ils nous ont invités à partager avec eux ce merveilleux voyage qui les ont amenés de Xi’An, en Chine, jusqu’à Istanbul, en Turquie. La première partie de la conférence relate l’histoire de la Route de la soie alors que la deuxième partie fait état des lieux visités par les conférenciers. L’activité était organisée par l’Association des aînés de l’UQAR et l’Association des retraités de l’UQAR.
L’histoire de la Route de la soie
La première période, sous l’Empire des Han pendant quatre siècles (de 206 avant J.-C. à 220 de notre ère), a été marquée par une stabilité politique qui rend possible la circulation des humains, des idées et des marchandises. C’est sous les Han que s’est mise en œuvre la volonté d’ouverture vers l’Ouest. La Route de la soie est au cœur des échanges entre l’Empire romain et la dynastie Han. Des relais, appelés caravansérails, où l’on reçoit les caravanes de marchands, se trouvent tout au long de la route.
Le général Zhang Qian (139-126 avant J.-C.) est alors chargé d’établir des relations diplomatiques avec les petits États nomades de ces régions frontalières, peuplés par les Xiongnu. C’est aussi pendant cette période que Han Wudi équipera sa cavalerie de chevaux de qualité, le cheval de Ferghana, aussi appelé cheval céleste.
La deuxième période, sous l’Empire Tang (618 à 907), a connu la célèbre bataille de Talas (751) entre les Arabes et la Chine. Cette bataille tourna à l’avantage des Arabes. Toutefois les deux empires favoriseront le commerce entre l’Est et l’Ouest. La chute de la dynastie Tang, au Xe siècle, conduisit la Chine au chaos et le commerce le long de la Route de la soie fut interrompu.
Le moine bouddhiste Xuanzang parcourut la Route de la soie sous la dynastie des Tang. Son voyage dura plusieurs années (620-645).
La troisième période, sous l’Empire des Yuan, a connu un renouveau phénoménal. Gengis Khan et ses successeurs (1220-1368) ont conquis tous les petits États de l’Ouest et ont fondé un vaste Empire mongol.
C’est à cette époque que l’aventurier Marco Polo (1254-1324) est arrivé en Chine par la Route de la soie. Il a traversé cette route au complet. Dans son livre intitulé « Le devisement du monde », il mentionne les plaquettes délivrées aux marchands par l’administration de la dynastie des Yuan. Celles-ci leur servaient de sorte de passeports, leur permettant de circuler et de commercer librement dans tout le pays.
Le déclin de la Route de la soie
Au XIIIe siècle, 2000 tisserands émigrés de Constantinople arrivèrent en Italie. La culture et la fabrication de la soie débutent alors en Europe. Les Chinois perdent leur monopole. Au XIVe siècle, on assiste à la dislocation de l’Empire mongol et à la chute de Constantinople. De plus, on recherche des voies maritimes, tant à l’est qu’à l’ouest. À partir du XVe siècle, la Route de la soie est progressivement abandonnée.
Le parcours des « deux globetrotteurs »
Les deux globetrotteurs, Yves Dion et Velitchko Velikov, ont franchi de grandes distances. De Xi’an à Constantinople, ils ont rencontré des déserts, des monts, des plateaux, des cols, des vallées, des lacs et des plaines. Ils ont traversé des capitales, des villes-oasis et des cités caravanières. Ils ont visité la Grande Muraille de Chine, des tombes impériales, des anciennes citadelles, des ruines, des bazars, des mosquées, des mausolées, des yourtes, des minarets, des monastères, des pyramides. Ils ont croisé des personnes de différentes nationalités.
Pour traverser les déserts, le chameau de Bactriane est le moyen de locomotion utilisé. Sa vitesse est de 8 km/h dans le désert et de 15 km/h dans d’autres environnements. Il peut parcourir une distance de 65 km par jour. D’ailleurs, les conférenciers ont assisté à une tempête de sable, phénomène qui, selon eux, ressemble à nos tempêtes de neige. Ils ont aussi contemplé le ciel étoilé du désert loin des lueurs de la ville.
Ces voyages, qui se sont effectués sur une période de onze ans, furent pour nos globetrotteurs d’extraordinaires lieux de rencontres et d’échanges entre les peuples.
Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca