Dans le cadre des conférences conjointes ADAUQAR/ARRUQAR, le professeur en géographie Guillaume Marie a donné, le 23 février 2018 à l’UQAR, une conférence traitant de l’impact des changements climatiques sur l’érosion et la submersion côtières le long du Saint-Laurent.
D’entrée de jeu, M. Marie évoque les nombreux phénomènes naturels susceptibles de modifier les côtes : les différents processus d’érosion côtière, la submersion côtière, l’envasement, l’avancée dunaire, la salinisation côtière, le tsunami, etc. Tous ces aléas contribuent à une dynamique naturelle d’avancée et de recul des côtes. Parmi ceux-ci, soulignons que l’érosion côtière entraîne un recul des côtes, et que la submersion côtière produit l’inondation de terrains côtiers.
Outre les aléas naturels, les humains jouent un rôle dans l’accentuation de l’érosion par la destruction des écosystèmes, par l’extraction de sédiments, par la construction de barrages, par la fréquentation des côtes, par l’installation des infrastructures côtières, etc. Ces actions créent un déficit de sédiments.
On calcule que 60 % du littoral du Québec maritime est composé de côtes actives, c’est-à-dire en érosion : terrasse de plage, flèche littorale, marais maritime, falaise meuble. Depuis 2001, on note un recul moyen du littoral de 40 centimètres par an au niveau des 6 300 stations suivies annuellement le long des côtes du Québec maritime. Ce recul diffère d’une côte à l’autre. Certaines côtes peuvent se rétablir naturellement. Habituellement, les sédiments reviennent l’été et repartent l’hiver. On parle alors de résilience pour ces côtes qui résistent, répondent, s’adaptent.
Pour sa part, la submersion côtière est causée par un haut niveau de l’eau qui peut s’expliquer par la marée, la pression atmosphérique, le vent, la hauteur des vagues et même la pente de la plage. Selon les données cartographiques, la submersion côtière touche jusqu’à 43 % du littoral du Québec maritime.
Depuis la Révolution industrielle, l’augmentation des gaz à effet de serre (CO2 en particulier) crée un réchauffement global des températures. Selon des données de 2014, l’augmentation de la température moyenne de l’air en surface est de 0,85 oC (1880-2012). D’ici 2050, on prévoit le long du Saint-Laurent une augmentation des températures en hiver de + 3 à 4 oC, et de + 2 à 4 oC en été. De plus, les précipitations hivernales devraient augmenter de + 10 à 30 %.
Les changements climatiques agissent, entre autres, sur l’élévation du niveau marin et sur l’érosion des falaises. Avec l’augmentation des températures, on assiste à plus de fractionnement des falaises à cause du gel/dégel. De plus, il y a davantage de fluage, cette déformation lente des sédiments, en raison de la fonte plus fréquente de la glace lors de redoux hivernaux.
Au XXe siècle, l’élévation du niveau marin était de 1 à 2 mm/an au niveau mondial. Durant la dernière décennie, l’élévation a augmenté de 3 à 3,5 mm/an. La côte progresse vers l’intérieur des terres. La présence ancienne des glaciers renforce aussi ce processus de submersion des côtes dans certains secteurs de l’est du Canada en raison de l’enfoncement de la croûte terrestre.
Au Québec, on note également une augmentation des tempêtes effectives depuis la diminution de la période d’englacement sur la côte. En effet, l’englacement est plus tardif et les tempêtes hivernales touchent plus fréquemment les côtes, ce qui a tendance à augmenter l’érosion des berges. Au milieu du XXIe siècle, on estime qu’il y aura une diminution de 40 à 50 jours de la glace côtière.
Des statistiques indiquent que plus du tiers de la population du Québec maritime est située à moins de 500 mètres des berges. Les nombreux enjeux humains, matériels, immatériels et environnementaux sont donc particulièrement exposés à l’érosion et à la submersion.
En tenant compte des notions de risque et de vulnérabilité des berges, des choix doivent être faits : se protéger, s’adapter… ou partir. Différentes solutions sont envisageables, notamment grâce à des données cartographiques précises ainsi qu’à des analyses de vulnérabilité, des analyses multicritères et des analyses de coût-avantages.
En collaboration avec l’ensemble des MRC côtières de l’Est du Québec, le Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières de l’UQAR propose des solutions adaptées à la réalité des zones côtières. Le conférencier Guillaume Marie fait partie de cette équipe. De plus, un bulletin d’information sur les phénomènes côtiers est disponible sur le site. On peut visiter ce site à l’adresse suivante : http://dgizc.uqar.ca/web/
Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca