Le professeur en sciences de la gestion Olivier Choinière a récemment codirigé, avec Yasmine Mohamed de l’UQAT, un ouvrage collectif intitulé Au-delà de la pandémie : vers un avenir du travail pluriel. Ce livre analyse en profondeur les transformations du monde du travail à la suite de la pandémie de COVID-19, explorant les défis auxquels les milieux professionnels ont été confrontés durant et après cette période sans précédent, notamment la transition vers un nouveau modèle de travail.
L’un des thèmes centraux de cet ouvrage est l’émergence du travail hybride, un concept qui s’est imposé dans de nombreuses organisations pendant la pandémie. Alors que le télétravail devenait nécessaire pour limiter la propagation du virus, les structures traditionnelles d’organisation ont dû être réévaluées. Ce qui semblait au départ temporaire a rapidement révélé que le travail à distance pouvait fonctionner dans de nombreux secteurs, entraînant la création de nombreux projets visant à réviser les pratiques de gestion et les environnements de travail, encore largement basés sur un modèle institutionnalisé de travail en présentiel.
Cependant, la transition vers un modèle hybride n’a pas été sans défis. Par exemple, les employeurs ont dû revoir la sécurité de leur personnel, non seulement dans les lieux désignés de travail, mais aussi à l’extérieur du traditionnel bureau. Les préoccupations liées à la gestion, à la sécurité et à la santé psychologique ont pris une importance accrue et les gestionnaires ont dû composer avec les préférences individuelles des personnes employées tout en maintenant une cohésion organisationnelle. « Les organisations qui avaient déjà instauré des changements avant la pandémie, comme des espaces de bureaux ouverts ou des horaires flexibles, ont été les moins touchées par les répercussions de la crise sanitaire », indique le professeur Olivier Choinière.
Tensions entre employeurs, membres du personnel et contribuables
La mise en place d’un modèle hybride a suscité des réactions mitigées. Certains secteurs, notamment la fonction publique, ont largement adopté ce mode de travail, mais cela a provoqué des tensions chez certains contribuables, qui se plaignent de voir des bureaux vides tout en percevant une baisse de productivité. Également, les propriétaires de commerces, surtout ceux opérant dans les centres-villes, ont vu une diminution de leur chiffre d’affaires en raison des immeubles de bureaux moins fréquentés.
Sur le plan économique, la pandémie a accéléré des tendances qui étaient déjà en place, telles que la délocalisation de membres du personnel. « Le gouvernement fédéral canadien, par exemple, se trouve aujourd’hui en pleine transition, cherchant à s’adapter à une fonction publique en expansion tout en se départant de vastes espaces immobiliers », illustre le professeur Choinière.
Productivité en télétravail : un débat encore ouvert
Malgré les transformations en cours, il est encore difficile de parvenir à un consensus sur le modèle de travail le plus efficace. Certaines personnes employées se montrent plus productives à domicile, tandis que d’autres excellent dans un environnement de bureau propice à la créativité. Il n’existe pas de formule universelle et il reste à déterminer si, par exemple, un modèle de deux jours de télétravail contre trois jours en présentiel est le plus efficace », souligne le professeur Choinière.
En effet, les premières politiques de travail hybride postpandémiques viennent tout juste de voir le jour et leur incidence réelle sur la productivité varie d’une organisation à l’autre. La littérature scientifique sur ce sujet est divisée : dans certains cas, le travail à distance semble avoir favorisé l’efficacité, tandis que d’autres secteurs luttent encore pour maintenir leur niveau de performance.
Un ouvrage pour les gestionnaires de demain
Au-delà de la pandémie : vers un avenir du travail pluriel représente une contribution significative à la réflexion en cours sur l’avenir du travail en matière de structure de gouvernance, de pratiques de gestion et de santé psychologique au travail. L’ouvrage s’adresse autant aux étudiantes et aux étudiants en gestion qu’aux personnes sur le marché du travail. « Nous sommes au tout début d’un processus de transformation. Beaucoup de questions restent encore à résoudre et il est crucial que les gestionnaires soient préparés à naviguer dans cet environnement en constante évolution », affirme le professeur Choinière.
L’ouvrage se distingue par son approche qui touche une variété de secteurs, de la fonction publique aux systèmes de santé en passant par l’industrie de la restauration. Il propose des études de cas approfondies, notamment celles du Mouvement Desjardins, du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale et de Services aux autochtones Canada, permettant aux lectrices et aux lecteurs d’explorer comment ces organisations ont géré les bouleversements causés par la pandémie. Comme l’indique Olivier Choinière, « ce livre n’est pas une conclusion, mais plutôt le début d’une grande réflexion sur les modes de travail et leurs effets à long terme ».
Au-delà de la pandémie : vers un avenir du travail pluriel est disponible aux éditions JFD. Cet ouvrage a été réalisé avec la collaboration de Christelle Achard, Charles Côté, Simon Coulombe, Éric Daneau, Andrée-Anne Deschênes, Carol-Anne Gauthier, Chloé Jolicoeur, Salima Kamoun, Marc-André Malboeuf, Daphnée Manningham, Wassila Merkouche, Bertrand Rodrigue Ndeyong Youmbi, Sylvain Souligny, Philippe Thompson et Maude Villeneuve.
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