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Le naufrage de la flotte Walker suscite beaucoup d’intérêt

Le naufrage de la flotte Walker, près de l’île aux Œufs dans la région de la Côte-Nord, est l’une des plus grandes tragédies maritimes au pays. Les travaux menés par une équipe de recherche intersectorielle de l’UQAR suscitent beaucoup d’intérêt tant au Québec que sur la scène internationale.

C’est dans la nuit du 3 septembre 1711 que huit à dix navires de la flotte se sont échoués à environ 150 kilomètres à l’ouest de Sept-Îles. « En pleine guerre de Succession d’Espagne, les Anglais voulaient conquérir la Nouvelle-France en attaquant Montréal et Québec. D’une part, près de 1500 soldats et miliciens de la Nouvelle-Angleterre et 800 alliés iroquois s’étaient massés près du Lac Champlain pour se préparer à attaquer Montréal. D’autre part, une flotte de 6000 marins et 5300 soldats menés par l’amiral anglais Hovenden Walker se dirigeaient en direction de Québec », relate le professeur en histoire Maxime Gohier.

L’absence de pilotes expérimentés, les vents et la brume ont causé le naufrage et le décès de 900 à 1400 personnes de la flotte Walker. « Avisées du désastre, les troupes terrestres ont rebroussé chemin », indique Marie-Ange Croft, codirectrice du projet Le naufrage de la flotte Walker : archéologie d’un lieu de mémoire maritime. « Jugeant que l’entreprise était devenue trop risquée, les Anglais renoncent finalement à leur projet. Soulagés d’avoir évité une conquête quasi certaine, les habitants de la colonie y voient l’intercession de la Vierge qu’ils avaient invoquée et une preuve supplémentaire – quelque 20 ans après la défaite de William Phips contre Québec en 1690 – de la protection qu’elle leur accorde. Dans ce contexte tendu, la catastrophe improbable et d’une ampleur sans précédent frappe l’imaginaire des contemporains, comme en témoignent les nombreux écrits produits à cette époque et le fait qu’on ait alors renommé Notre-Dame-des-Victoires la petite église de la Place Royale qui avait été baptisée Notre-Dame-de-la-Victoire 20 ans plus tôt, en hommage à la défaite de Phips. »

S’il a été important dans l’histoire de la Nouvelle-France, le naufrage de la flotte Walker demeure méconnu au Québec. Une équipe de recherche codirigée par Dany Dumont (ISMER), Maxime Gohier (UQAR) et Marie-Ange Croft (UQAR) mène depuis deux ans des travaux avec leurs collègues Marc André Bernier (UQTR), Marijo Gauthier-Bérubé (UQAR), Urs Neumeier (ISMER) Guillaume St-Onge (ISMER) et Jean-René Thuot (UQAR). Plusieurs collaboratrices et collaborateurs prennent également part à ce projet sur cet événement qui a repoussé de plusieurs décennies la conquête du Canada en 1759.

« Je me suis lancé dans le projet que Marie-Ange a initié, résolument intersectoriel, avec la simple curiosité d’en apprendre davantage sur l’histoire maritime du Saint-Laurent », mentionne le professeur Dumont. « Mais je découvre progressivement depuis deux ans, et avec beaucoup de plaisir, une toute nouvelle source de données que sont la richesse des informations contenues dans des documents d’archives, et particulièrement les carnets de bord des navires de la flotte qui étaient jusqu’à maintenant ignorés et qui ont été décryptés par Marijo Gauthier-Bérubé. Je découvre aussi le grand intérêt qu’ont les nord-côtiers et les institutions culturelles partenaires pour cette histoire empreinte de mystère, et le plaisir de partager avec eux ce qu’on apprend. »

En plus de conférences et de campagnes archéologiques menées sur la Côte-Nord en 2023 et 2024, l’équipe du projet Le naufrage de la flotte Walker : archéologie d’un lieu de mémoire maritime a présenté ses travaux de recherche lors de colloques internationaux et donné des communications dans des forums scientifiques en France, aux États-Unis et au Canada.

La Revue d’Histoire de la Nouvelle-France vient de consacrer un dossier spécial à l’expédition de Walker dans son plus récent numéro. Plusieurs membres de l’équipe ont signé des articles alors que les professeurs Dumont et Gohier et la chercheuse Marie-Ange Croft ont réalisé un entretien présentant le projet de recherche.

À la fin du mois de novembre, un concert intitulé Chants de victoires, chants de naufrage a été présenté à la Maison de la culture Maisonneuve de Montréal par les artistes de La Nef. « Les billets se sont vendus en 2 heures! », mentionne Mme Croft. « Cette collaboration avec notre équipe et celle de La Nef a offert une belle vitrine à l’UQAR et aux travaux sur la flotte Walker. »

L’équipe du naufrage de la flotte Walker a beaucoup de pain sur la planche en 2025. « Nous prévoyons retourner sur la Côte-Nord pour une troisième campagne archéologique et pour donner un nouveau cycle de conférences », note le professeur Gohier. « De plus, nous ferons une enquête de terrain sur la Côte-Nord pour recueillir des récits liés au naufrage et aux artéfacts présumés de la flotte Walker », ajoute le professeur Thuot.

D’autres projets comme une monographie, un balado et un court-métrage sont aussi dans les cartons de l’équipe. « Ce ne sont pas les idées qui manquent pour permettre au grand public de mieux connaître cet événement déterminant dans l’histoire de la Nouvelle-France et nous sommes vraiment chanceux d’avoir, à l’UQAR, toutes les ressources nécessaires pour réaliser un projet multidisciplinaire comme celui-là », conclut Marie-Ange Croft.

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca