Une équipe de l’Institut des sciences de la mer de l’UQAR a montré que les vagues sous-marines, phénomène encore méconnu des marins et du grand public, peuvent avoir un impact lors de l’accostage d’un navire. L’étude d’une collision survenue au quai de Grande-Anse, dans le fjord du Saguenay, met en évidence pour la première fois le rôle potentiel de ces vagues dans les manœuvres d’accostage.
En 2019, le cargo Jaeger Arrow est entré en collision avec le quai de Grande-Anse pour des raisons alors inconnues, causant uniquement des dégâts matériels. Des travaux réalisés par une équipe intersectorielle pilotée par la chercheuse Sandy Grégorio et le professeur Daniel Bourgault ont permis de mieux comprendre l’origine de l’accident de ce cargo.
« La chronologie de l’incident et le comportement du navire pendant l’accostage suggèrent que des vagues sous-marines pourraient avoir causé la collision », explique Mme Grégorio. « Nos observations révèlent la présence régulière de vagues sous-marines dans cette zone du fjord, avec des longueurs d’une centaine de mètres et des hauteurs atteignant une dizaine de mètres », ajoute la chercheuse.
Ces vagues sous-marines heurtent fréquemment le quai, souligne la spécialiste en océanographie physique de l’ISMER. « Des simulations numériques illustrent la complexité des interactions entre les vagues sous-marines et le quai, mettant en évidence des courants imprévisibles qui, par moments, peuvent pousser un navire vers le large et, à d’autres, le pousser contre le quai. Elles révèlent aussi des zones d’interactions entre les vagues incidentes vers le quai et celles qui s’y réfléchissent, où les courants s’annulent, créant une illusion d’accalmie temporaire. »

Fait important, les observations de l’équipe de recherche indiquent également que les grands navires, comme le Jaeger Arrow, peuvent générer leurs propres vagues sous-marines, ce qui pourrait perturber leurs opérations d’accostage.
Les travaux de l’équipe de l’Institut des sciences de la mer ne permettent pas d’affirmer hors de tout doute que ce sont les vagues sous-marines qui sont responsables de l’accident du Jaeger Arrow. Mais il s’agit d’une explication plausible, souligne Sandy Grégorio. « Le navire aurait pu être pris dans un train de vagues se réfléchissant contre le quai, entraînant des courants imprévisibles lors de l’accostage. Ces résultats mettent en évidence les risques potentiels que représentent les vagues sous-marines pour la sécurité et la manœuvrabilité des navires lors des opérations d’accostage, un sujet peu étudié dans la littérature scientifique existante. »
La revue Scientific Reports a publié un article signé par Sandy Grégorio (ISMER), Daniel Bourgault (ISMER), Peter Galbraith (Institut Maurice-Lamontagne), Cédric Chavanne (ISMER), Louis Hupé (ISMER), Alain Richard (AREN Expert Nautique) et Étienne Landry (Administration de pilotage des Laurentides). On peut lire l’article The impact of underwater waves on ship manoeuvrability: a case study in a fjord ici.
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