Ce sont parfois les idées les plus simples qui sont les meilleures, d’où l’expression « il fallait y penser ! ». C’est la conclusion à laquelle sont arrivés Boumediène Falah, professeur au Département de mathématiques, informatique et génie de l’UQAR, et Pierre-Étienne Côté, auxiliaire de recherche qui travaille depuis 15 ans avec le professeur Falah, lorsque le Centre de gestion de l’équipement roulant (CGER), une organisation du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports (MTQ), leur a soumis un problème à régler à propos de la charge sur les essieux avant des déneigeuses.

« La charge et la fréquence sont les principales responsables du bris des routes » précise Pierre-Étienne Côté. « Les véhicules lourds sont à l’origine d’une grande partie des frais liés à l’entretien de la route parce qu’ils génèrent plus de bris que les véhicules automobiles (la détérioration de la charge est proportionnelle à la charge élevée à la puissance 4). » L’hiver est particulièrement exigeant pour le réseau routier puisqu’y circule une panoplie de camions en surcharge pour effectuer toutes sortes d’actions liées au déneigement. On fait face à un drôle de problème ; les véhicules qui s’occupent de notre sécurité sont également ceux qui créent des bris la compromettant.

Le professeur Falah et Pierre-Étienne Côté ont réfléchi au problème dans son entièreté. « Nous avons abordé la question de la surcharge en changeant notre perspective », explique le professeur Falah. « Nous en sommes arrivés à la conclusion que revoir la disposition de la charge était le meilleur moyen de régler tant les problèmes de détérioration de la route que l’optimisation des véhicules consacrés au déneigement. » C’est ainsi qu’est né le PlowWheeeler.

L'essieu s'adapte à tous les camions utilisés pour le déneigement.L'essieu s'adapte à tous les camions utilisés pour le déneigement.L’innovation est simple, mais il fallait y penser. Les camions de déneigement actuels sont caractérisés par un essieu avant lourdement chargé même lorsque l’épandeur est vide. La solution PlowWheeler consiste à faire supporter le système de gratte par un essieu à une roue dirigé électroniquement et dont la charge est ajustable. En outre, l’essieu s’adapte à tous les camions utilisés pour le déneigement.

Plusieurs avantages en résultent ; une réduction notable de la surcharge de l’essieu avant qui permet de réduire considérablement la détérioration de la chaussée, une augmentation possible de la charge payante d’environ trois tonnes (25 %), une amélioration de la manœuvrabilité du véhicule de déneigement, une diminution notable de la surcharge sur le premier essieu du véhicule durant les opérations de freinage, une amélioration de la traction du véhicule, une exploitation optimale du camion, tant en hiver qu’en été, en ayant recours à des véhicules moins lourds et équipés d’essieux avant caractérisés par des capacités moins élevées et compatibles avec des opérations de transports autres que le déneigement.

C’est donc dire l’impact qu’une innovation comme le PlowWheeler peut avoir sur la préservation des routes. Le professeur Falah et M. Côté ne se sont pas arrêtés là : une problématique similaire existe sur les souffleuses qui sillonnent nos routes l’hiver. La masse de la souffleuse, en porte-à-faux à l’avant du chargeur, surcharge l’essieu avant et décharge l’essieu arrière. Cette réalité déstabilise le chargeur et abîme encore plus la route. C’est de là qu’est né le BlowWheeler, un second prototype breveté adapté aux souffleuses amovibles. Le concept est un essieu complet qui supporte la charge de la souffleuse. Le BlowWheeler a été mis en essai cet hiver.

Les économies reliées à l’implantation du PlowWheeler et du BlowWheeler pourraient être substantielles. Ces deux innovations éliminent la surcharge et évitent les constats d’infraction y étant reliés pour un nombre important de véhicules en activité sur nos routes, soit environ 400 chargeurs et plus de 2000 déneigeuses. De plus, pour supporter la charge, les exploitants de ces véhicules doivent utiliser de plus gros chargeurs, augmentant de ce fait les coûts rattachés à l’essence. Avec les inventions du professeur Falah, il est possible d’utiliser un plus petit équipement et d’ainsi économiser sur la consommation d’essence, ce qui représente une part importante du budget des municipalités.

Loin de toucher à leur fin, ces projets seront appelés à évoluer au cours des prochains mois, avant qu’on  pense à la commercialisation. Le professeur Falah et Pierre-Étienne Côté ont encore la tête pleine de projets. « On s’amuse ! », conclut le professeur Falah. Mentionnons que le BlowWheeler a été mis en nomination pour le Prix Viabilité hivernale de l'Association québécoise des transports dans le cadre de la neuvième édition du Gala des grands prix d'excellence en transport.