Les professeures Catherine Beaudry et Mélanie Gagnon mènent une recherche afin de mieux comprendre les conséquences des mesures d’accommodement sur le vécu des employés qui en ont fait la demande. Un aspect souvent négligé, mais qui est néanmoins essentiel afin de cibler les pratiques à adopter pour maximiser l’apport des employés au sein de leur organisation.

Si les accommodements en lien avec les croyances religieuses sont au cœur du débat sociétal en cours au Québec, il reste que ceux-ci ne constituent qu’une faible proportion des demandes faites aux employeurs. « En 2010-2011, le motif d’un handicap était le plus souvent invoqué en matière de discrimination, représentant 36 % des dossiers à la Commission des droits de la personne et de la jeunesse. Quant à lui, le motif de religion n’intervenait que dans 1,4% des cas », indique la professeure Beaudry.

Cette recherche sur l’obligation d’accommodement s’intéresse à tous les motifs d’accommodement. La race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle, l’état civil, l’âge, la religion, les convictions politiques, l’origine ethnique ou nationale, la condition sociale et le handicap sont autant de motifs qui sont couverts par les chercheuses de l’UQAR.

« En s’intéressant à tous les motifs d’accommodements, notre étude répond donc à une réalité sociale complexe », observe la professeure Mélanie Gagnon. « L’angle que nous adoptons est également novateur, car les études qui se sont intéressées à la notion d’accommodement adoptent essentiellement une perspective légale. Les impacts individuels sont rarement évoqués, alors que l’obligation d’accommodement relève d’une gestion au cas par cas. »

Les chercheuses de l’UQAR invitent les personnes ayant été accommodées par leur employeur à prendre part à leur recherche. Plus précisément, elles souhaitent rencontrer des employés dont les conditions de travail et d’exercice de la tâche ont été modifiées par leur employeur pour diverses raisons personnelles : handicap ou limitations physiques, atteintes à la santé psychologique, grossesse, monoparentalité, pratiques religieuses, etc. « Cette participation implique un entretien individuel d’environ une heure. Nous garantissons l’anonymat des personnes qui vont accepter de livrer leur témoignage de même que celui de leur lieu de travail », souligne Mme Beaudry.

Notons que cette recherche est financée par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Une étudiante à la maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail, Marie-Josée Hébert, participe également à la recherche des professeures Beaudry et Gagnon.