Daniel Milhomme est en train de devenir un chef de file en vulgarisation des soins critiques. Il vient d’ailleurs d’assurer la codirection scientifique de la traduction française de l’ouvrage Critical Care Nursing [:] Diagnosis and Management, qui est considéré comme la bible des soins critiques. Rencontre avec un professeur en sciences infirmières pour qui la sécurité des soins rime avec une formation adéquate de la relève.

Les soins critiques regroupent les unités des soins intensifs et d’urgence. « On y retrouve des clientèles qui présentent une instabilité. Ce sont des milieux où le niveau de stress est important pour le patient et pour le personnel, car nous sommes toujours sur la corde raide. Il doit y avoir une surveillance constante d’exercée sur les unités de soins intensifs et il y a beaucoup de décisions qui doivent être prises rapidement », indique le professeur Milhomme.

Publié pour la première fois en 1990, Critical Care Nursing [:] Diagnosis and Management est reconnu comme étant LE livre de référence en soins critiques. Bien qu’il ait fait l’objet de six rééditions, cet ouvrage américain n’avait jamais été traduit en français. C’est maintenant chose faite.

Intitulée Soins critiques, la traduction française de la septième édition de cet ouvrage de près de 1500 pages a nécessité une quinzaine de mois de travail. « C’est le livre qui est le plus complet pour la pratique infirmière en soins critiques », mentionne le professeur Milhomme. « L’ouvrage traite de plusieurs volets, comme la cardiologie, la neurologie et la pneumologie, et est axé notamment sur la surveillance clinique et les traitements. Cette traduction était très attendue par ceux et celles qui travaillent dans le domaine des soins critiques. »

Le professeur Milhomme a assumé la direction scientifique de la traduction de Soins critiques avec ses collègues Louise-Andrée Brien, de l’Université de Montréal, Julie Houle, de l’Université du Québec à Trois-Rivières, et Andréanne Tanguay, de l’Université de Sherbrooke. C’est l’éditeur québécois Chenelière Éducation qui a approché le professeur en sciences infirmières de l’UQAR afin qu’il s’implique dans ce projet d’envergure destiné à la francophonie. En tant que responsable des sections sur la cardiologie et la néphrologie, M. Milhomme a travaillé en collaboration avec plusieurs adaptateurs et s’est assuré de la qualité de l’information traduite afin que l’adaptation française corresponde aux normes canadiennes et québécoises.

Bien sûr, la formation des futures infirmières et infirmiers est primordiale pour assurer des soins sécuritaires – et particulièrement aux soins intensifs et à l’urgence. Les infirmières peuvent faire une grande différence dans le déroulement de l’épisode de soins du patient, souligne le professeur Milhomme. « Les infirmières qui travaillent en soins critiques ont une grande responsabilité sur leurs épaules. Il ne faut pas oublier que ce sont elles qui sont avec le patient 24 heures sur 24. Elles doivent avoir une vigilance de tous les instants pour réduire et anticiper les complications pour le patient. »

Le professeur Milhomme a d’ailleurs fait de la vulgarisation des connaissances un volet important de sa carrière de professeur en sciences infirmières. Outre sa participation à la publication de Soins critiques, il publie chaque année des articles dans la revue Perspective infirmière, de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. « Je veux rapprocher l’université de la pratique infirmière sur le terrain. C’est pour cela que j’ai une tendance à vulgariser et à rendre l’information accessible aux infirmières. C’est un mandat que je me suis donné. »

Le professeur Milhomme compte plus d’une vingtaine d’années d’expérience en soins critiques. À la suite de l’obtention d’un diplôme d’études collégiales en soins infirmiers au Cégep Garneau, il a commencé sa carrière en 1991 et a travaillé dans quelques centres hospitaliers de la région de Québec. Après une douzaine d’années de travail en soins intensifs, il a obtenu un baccalauréat en sciences infirmières de l’UQAR en 2004, puis une maîtrise en sciences infirmières de l’Université Laval en 2010. Son mémoire portait sur les facteurs facilitants et contraignants du développement de la compétence des infirmières en soins critiques.

C’est en 2005 que M. Milhomme a commencé à donner des cours à l’UQAR. Trois années plus tard, il cessait de travailler dans les unités de soins critiques pour se consacrer à temps plein à l’enseignement universitaire comme professeur invité. En 2010, il devenait professeur régulier en sciences infirmières au campus de Lévis. Cette même année, il a commencé sa thèse de doctorat à l’UL sur le processus de surveillance clinique d’infirmières dans un contexte de soins critiques.

« On se rend compte que l’expertise semble jouer un rôle très important sur les prises de décision, sur la façon d’intervenir auprès des patients et de les surveiller », explique le professeur Milhomme. « Ce que je suis en train de constater, c’est que la surveillance clinique des infirmières d’expérience est un processus complexe. La façon dont elles vont collecter, analyser, interpréter les données et prendre leurs décisions va être expliquée dans ma thèse. C’est donc une étude qui sera déterminante pour la formation des nouvelles infirmières et la survie du patient hospitalisé sur une unité de soins intensifs », conclut-il.