Lorsqu’on leur donne la possibilité de s’exprimer sur le rapport qu’ils entretiennent à l’égard de leur travail, de leur emploi et de l’action syndicale, les professeurs d’université surprennent par les valeurs qu’ils privilégient. Mélanie Gagnon, professeure à l’unité départementale des sciences de la gestion à l’UQAR campus de Lévis, a coréalisé une recherche visant à porter un regard croisé sur le rapport identitaire des professeurs d’université à l’égard de leur travail, de l’emploi et de la représentation collective.

Réalisée conjointement avec Catherine Le Capitaine, professeure agrégée au département des relations industrielles de l’Université Laval, et en partenariat avec la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU), cette recherche subventionnée par le CRSH ARUC-ITE a pour objectif de mieux comprendre, non seulement chacune des trois facettes identitaires, mais également leurs interrelations.

« Le but de cette recherche est d’actualiser les données dont nous disposons au regard du travail universitaire avec le contexte actuel afin d’outiller les syndicats pour que leurs actions et revendications syndicales soient en concordance avec les valeurs et les attentes des professeurs » précise la professeure Gagnon. 

La recherche a fait l’objet d’une enquête électronique qui a été acheminée au printemps 2015 à 5500 professeurs d’université au Québec, membres des syndicats affiliés à la FQPPU (tous, à l’exception de l’Université Laval, des HEC et de l’Université de Montréal). Grâce aux 859 réponses obtenues, il a été possible de dresser un portrait à jour de l’évolution des conditions de travail et d’emploi des professeurs d’université au Québec, de leur rapport au travail et à l’emploi et de ce qu’ils vivent au quotidien dans ce contexte d’évolution, de leur degré d’engagement à l’égard de l’action syndicale, et finalement, de leurs attentes envers l’action syndicale en tenant compte des réalités du travail et de l’emploi.

Par l’analyse descriptive des questions, l’étude brosse le portrait des valeurs jugées essentielles par les professeurs qui, globalement, ne sont pas d’ordre pécuniaire. Questionnés quant à leur degré de satisfaction à l’égard de leur salaire, les trois quarts des répondants se disent satisfaits. Ce sont principalement des valeurs intrinsèques du travail qui sont priorisées. La liberté académique est la valeur essentielle pour le plus grand nombre de répondants (80 %), suivi de la possibilité de se réaliser au travail, de la fierté d’exercer sa profession et du sentiment de faire une différence dans le parcours des étudiants.

Concernant l’évolution de la charge de travail au cours des trois dernières années, les professeurs affirment sentir plus de pression, particulièrement liée à la recherche. Ils se sentent stressés, ont moins de temps pour la vie personnelle et notent une augmentation de la complexité du travail.

Le portrait dressé par les professeurs par rapport à leur syndicat est assez positif, malgré qu’il dénote une faible mobilisation du corps professoral au quotidien. En effet, 85 % des répondants jugent que leur syndicat les représente bien. Les professeurs ont aussi été interrogés à propos des priorités touchant les conditions de travail et d’emploi sur lesquelles les syndicats devraient miser : la lutte contre le sous-financement des universités qui a un impact sur leur quotidien est la priorité essentielle pour le plus grand nombre de répondants (60 %), suivie de la protection du régime de retraite (56 %).

« Nous souhaiterions étendre notre enquête aux professeurs d’université dont le syndicat n’est pas  membres de la FQPPU pour avoir un portrait complet », conclut la professeure Gagnon.