Spécialiste en aquaculture, le professeur Réjean Tremblay vient de compléter une partie de sa recherche sur les mécanismes de recrutement des balanes et des moules en zones subtropicales et nordiques réalisée avec son collègue le Dr Augusto Flores, de l’Université de São Paulo.

Cette recherche conjointe de l’UQAR-ISMER et de cette université brésilienne vise à comprendre la dynamique qui guide ces espèces d’invertébrés marins à s’établir sur un substrat – comme les roches dans les zones de marée – afin de s’y métamorphoser jusqu’à ce qu’ils atteignent leur forme adulte.

« Les invertébrés marins ont comme spécificité de relâcher leurs œufs et leur sperme directement dans l’eau, où leurs larves sont fécondées. Ces larves demeurent dans la colonne d’eau durant leur stade larvaire, qui dure entre une semaine et un mois selon les espèces. À un moment donné, ces larves développent une morphologie qui leur permet d’aller explorer le substrat. Lorsqu’ils trouvent un substrat intéressant, ils vont s’y établir et s’y développer afin de prendre leur forme finale », explique le professeur Tremblay.

Les balanes et les moules jouent un rôle important sur la biodiversité marine. « Ce sont des espèces dites ingénieures dans les zones de marée. En raison de leur abondance, elles structurent leur environnement. Quand il y a une bonne quantité de balanes ou de moules qui couvrent une roche, cela crée une sorte de récif sur lequel d’autres espèces viennent se greffer. Cela crée un environnement qui permet à la biodiversité de se développer », mentionne M. Tremblay.

Les travaux sur le terrain de cette recherche ont eu lieu à la station aquicole de l’UQAR et aux Îles-de-la-Madeleine de même qu’au laboratoire de biologie marine de São Sebastao. « Les balanes et les moules sont les deux espèces qui dominent les zones de marées. À partir du moment où elles sont fixées sur le substrat et qu’elles survivent, on les appelle des recrues. Ces recrues sont très importantes, car elles viennent influencer la dynamique des populations des balanes et des moules », indique le professeur de l’UQAR-ISMER.

Les chercheurs de l’ISMER et de l’Université de São Paulo ont étudié les mécanismes physiologiques et génomiques des balanes et des moules lors de leur exploration et de leur établissement dans le substrat. « Les mécanismes observés se ressemblent beaucoup dans les zones subtropicales et nordiques », note le professeur Tremblay.

La qualité du substrat, notamment le type de roches et les bactéries et algues qui s’y retrouvent, ainsi que l’environnement du substrat (courants, température et salinité) ont été évalués par les océanographes. « La qualité de la nourriture disponible a aussi été analysée. On s’est rendu compte du changement de la qualité de la nourriture et ces changements ont une grande importance pour stimuler les individus à se fixer pour se métamorphoser en recrues. »

L’étudiant  Florian Freuchet a consacré sa maîtrise en océanographie sur le recrutement de ces espèces d’invertébrés marins en zones subtropicales et nordiques sous la direction du professeur Tremblay. Mentionnons que Paula Kasten, une étudiante de l’Université de São Paulo, participe à ce projet de recherche conjoint.

Les chercheurs souhaitent maintenant comprendre ce qui, dans la nourriture, stimule les balanes et les moules à se fixer dans le substrat. « Nous allons travailler sur les signaux dans la nourriture : est-ce qu’il s’agit simplement d’une qualité de nourriture favorisant leur survie ou un signal chimique perçu par l’organisme stimulant la mise en place des mécanismes de fixation», précise Réjean Tremblay.

Cette recherche internationale a commencé il y a deux ans. Les chercheurs de l’ISMER et de  l’Université de São Paulo comptent réaliser de nouvelles études dans de nouveaux sites, soit en Angleterre et en Chine, avec des collègues de l’Université de Southampton et de l’Université de Hong Kong. Titulaire d’un doctorat en océanographie de l’UQAR, Philippe St-Onge va débuter au printemps un postdoctorat à l’Université de São Paulo sur les aspects génomiques et génétiques des balanes.