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Un nouvel éclairage sur les besoins de formation psychologique des futurs enseignants

Candidate au doctorat en éducation, Marie-Andrée Pelletier a récemment soutenu avec succès sa thèse sur les besoins de formation psychologique chez les finissants au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire. Une recherche qui a été nourrie tant par son parcours universitaire que professionnel.

Chargée de cours au campus de Lévis, Mme Pelletier est diplômée de l’UQAR au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire (BEPEP) et à la maîtrise en éducation. Elle est enseignante au primaire depuis maintenant huit ans.

« Au début de ma carrière d’enseignante, j’avais un statut précaire. Alors que je vivais la phase d’insertion professionnelle, j’ai réalisé qu’il existait chez plusieurs enseignants débutants un choc de la réalité », mentionne Mme Pelletier. « Selon plusieurs études, cette situation peut induire d’importantes remises en question de leurs idéaux éducatifs et de leur choix professionnel. Certains de ces enseignants débutants auront même recours à un soutien psychologique extérieur pour surmonter les difficultés. »

Des statistiques du Carrefour National de l’Insertion professionnelle en Enseignement (CNIPE) révèlent que les intentions d’abandon des nouveaux enseignants s’élèvent à plus de 43%. Un constat qui a amené la candidate au doctorat en éducation à se pencher sur la pertinence d’outiller les futurs enseignants sur le plan de la formation psychologique. Plus de six enseignants débutants et de onze finissants ayant complété le quatrième stage au BEPEP ont été rencontrés afin d’évaluer leurs besoins de formation psychologique liés à l’insertion professionnelle, à la gestion des émotions, à la connaissance de soi et aux compétences d’intervention.

Ceux-ci ont souligné l’importance de présenter aux futurs enseignants les réalités de leur profession, et ce, dès le début de leur formation universitaire. « La formation actuelle conscientise les futurs enseignants aux réalités des différents milieux, entre autres par l’entremise des quatre stages. Cependant, les finissants mentionnent qu’ils veulent connaître le cheminement d’un nouvel enseignant et à quoi ils doivent s’attendre en début de carrière », mentionne Marie-Andrée Pelletier.

Une fois sur le marché du travail, les diplômés ont besoin de soutien afin relativiser certains échecs professionnels, a observé Mme Pelletier. « Il serait pertinent d’avoir des ressources motivationnelles internes pour maintenir un sens à leur travail et, tel que le souligne Johnmarshall Reeve (2012), pour canaliser le stress, calmer le doute ou maintenir des réactions émotionnelles positives ».

La question de la gestion des émotions a également été soulevée par les finissants interrogés par Marie-Andrée Pelletier. « Les finissants savent comment intervenir de manière rationnelle auprès des élèves en difficulté et en crise, mais ils souhaitent connaître plus largement les émotions pouvant être vécues dans ces contextes et apprendre à les gérer en relation avec d’autres partenaires, soit les parents, les enseignants, la secrétaire, les collègues ou encore la direction. La prise de conscience des émotions pouvant être générées dans certaines situations permet de mieux se préparer à les affronter sur le plan émotif. » Les stages sont d’ailleurs propices pour permettre aux étudiants de sortir de leur zone de confort et expérimenter la gestion de leurs émotions.

La recherche de la candidate au doctorat en éducation relève, par ailleurs, le besoin exprimé par les finissants de partager leurs expériences et leurs inquiétudes à l’égard de leur future profession. « Ils souhaitent parler davantage de leurs expériences et de leur devenir, et ce, dans différents cours de leur programme – pas uniquement dans le cadre des séminaires de stage. Ce besoin traduit le désir d’une formation psychologique qui permet aux étudiants de clarifier entre eux les situations menaçantes ou de fournir des stratégies d’adaptation avec ces confidents que Reeve (2012) nomme des alliés pratiques », explique Mme Pelletier.

Sur le plan des compétences d’intervention, la recherche de la doctorante souligne les préoccupations des finissants à l’égard des cas d’intimidation et des rapports avec les parents. « En lien avec la formation psychologique, il importe que celle-ci puisse préparer aux réactions émotives telles que les pleurs, l’agressivité, le blâme et l’évitement sachant que l’enseignant peut se faire surprendre et qu’il doit alors demeurer vigilant ou prévoir les scénarios possibles. »

La thèse de doctorat de Marie-Andrée Pelletier permet de mieux comprendre la formation offerte présentement afin d’outiller les futurs enseignants pour faire face à la complexité de la profession d’enseignant. « Les besoins de formation psychologique ont été établis afin d’améliorer la formation actuelle au BEPEP et de soutenir les diplômés qui songent à abandonner leur profession d’enseignant au début de leur carrière. Les résultats de cette étude ne peuvent qu’ouvrir la voie à d’autres réflexions et écrits sur l’amélioration de la formation des enseignants et de la formation pratique des stagiaires et ainsi contribuer à l’avancement de la recherche dans ce domaine », conclut-elle. Le directeur de la thèse de Mme Pelletier est le professeur Abdellah Marzouk et sa codirectrice la professeure Cathy Arsenault.

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca