Des élèves de l’École Paul-Hubert, à Rimouski, ont pu s’initier à la recherche scientifique par le biais d’une démarche d’enseignement interdisciplinaire novatrice axée sur les changements climatiques. Une démarche qui donne lieu à une étude sur les rapports aux savoirs scientifiques des jeunes de l’enseignement secondaire.

Ils sont 45 élèves issus du Programme d’éducation internationale à avoir pris part à cette démarche unique au Bas-Saint-Laurent. Regroupés en douze équipes, ces élèves ont réalisé, des mois de septembre 2013 à février 2014, un projet interdisciplinaire d’envergure sur une question environnementale de leur choix liée aux changements climatiques.

Professeure en formation pratique à l’UQAR, Geneviève Therriault et sa collègue Barbara Bader, titulaire de la Chaire de leadership en enseignement des sciences et développement durable de l’Université Laval, ont encadré cette démarche pédagogique à laquelle ont été associés trois enseignants du secondaire de disciplines différentes : Patricia Soucy (sciences), Jean-François Tremblay (histoire) et Michel Genest(éthique et culture religieuse). Mentionnons que les professionnelles de recherche Émilie Morin, de l’UQAR, et Isabelle Arseneau, de l’UL, ont collaboré étroitement à cette démarche d’enseignement interdisciplinaire.

Tout au long de la démarche, les élèves ont dû suivre des consignes précises balisant la réalisation de leur projet. « Les étapes s’inspirent d’une approche didactique particulière, appelée l’îlot de rationalité, qui permet aux élèves de structurer une représentation interdisciplinaire d’une question faisant l’objet d’incertitudes, de débats et de controverses, tant dans la société savante que dans la société civile », indique la professeure Therriault.

Déversements pétroliers, adaptation et résilience des communautés aux changements climatiques, délocalisation de multinationales, développement éolien et les eaux du Nord canadien ont notamment été retenus comme thématiques par les élèves. « Chacune des équipes a documenté la thématique qu’elles ont choisie. Elles ont produit un essai d’une vingtaine de pages dans lequel les élèves ont exposé les enjeux sociaux, politiques, économiques et environnementaux inhérents à la question traitée », précise Mme Morin.

Pour la rédaction de leur essai – un exercice inédit pour ces élèves de quatrième secondaire –, les participants ont rencontré des spécialistes du sujet choisi, dont des chercheurs de l’UQAR et de l’ISMER et des intervenants de la société civile engagés socialement. « Cet exercice a permis aux élèves de mieux connaître les pratiques de recherche de ces experts, de manière notamment à se défaire de certains mythes et croyances entourant le métier de chercheur et à enrichir le rapport qu’ils entretiennent à l’égard des savoirs scientifiques », ajoute la professeure Therriault. « Ils ont également réfléchi aux manières d’agir de façon responsable à l’égard de leur thématique en tant que citoyens. »

La stratégie didactique a aussi permis aux élèves de prendre conscience de certaines controverses, des débats et de la complexité des enjeux liés aux changements climatiques. « Ces élèves inscrits au Programme d'éducation internationale ont développé des techniques pour valider des sources et des règles de rédaction. Il s'agit d'une belle préparation pour la réalisation de projets futurs au cégep et à l’université », observe l’enseignante Patricia Soucy.

Les douze équipes ont exposé le fruit de leur travail à leurs pairs par le biais d’une séance d’affiches à l’école. De plus, deux projets s’étant démarqués ont été présentés dans le cadre du 48e congrès de la Société canadienne de météorologie et d’océanographie (SCMO). En marge du congrès de la SCMO, les élèves ont pris part à la Journée des enseignants tenue à l’UQAR afin de discuter de leurs projets.

Tout au long de cette démarche d’enseignement interdisciplinaire, qui a obtenu une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), les professeures Geneviève Therriault et Barbara Bader ainsi que leur équipe ont documenté les conceptions des élèves envers des savoirs scientifiques et leur engagement sur le plan des apprentissages scolaires et des questions environnementales.

Des résultats préliminaires ont été présentés lors du 82e Congrès de l’Acfas, dans le cadre du colloque du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE). En juin dernier, l’équipe de recherche a participé à un symposium sur les « questions socialement vives » à l’Université de Toulouse dans le cadre des journées internationales « Éducation, Formation, Travail, Savoirs – Convisciencia de la recherche en éducation ».

« Nous avons encore un gros travail d’analyse à faire. Cependant, à partir de résultats préliminaires, il ressort que l’expérience est très positive. Les élèves ont particulièrement apprécié la rencontre avec des experts, les documents mis à leur disposition et la complexité de la question des changements climatiques, un thème qu’ils connaissaient déjà, mais qu’ils ont découvert sous un nouvel angle. L’équipe d’enseignants de l’École Paul-Hubert souhaite d’ailleurs reprendre cette démarche l’année prochaine », conclut Mme Therriault. C’est au courant de l’année 2014-2015 que les résultats finaux de la recherche seront dévoilés.