Une importante étude sur la polypharmacie sera menée au cours de la prochaine année à l’UQAR. Financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, cette recherche est dirigée par la professeure en sciences infirmières Caroline Sirois.

On définit la polypharmarcie comme étant l’utilisation concomitante de plusieurs médicaments. Si on connaît peu les facteurs qui favorisent le développement de la polypharmacie, l’augmentation des maladies chroniques et le vieillissement de la population ont une influence directe sur le nombre d’individus souffrant de plusieurs maladies à la fois (multimorbidité).

« Comme le traitement optimal des maladies chroniques nécessite habituellement la prise de médicaments, la consommation de nombreux médicaments par une même personne est de plus en plus courante », explique la professeure Sirois. « Or, ce phénomène de polypharmacie comporte des connotations négatives, sans doute en raison des conséquences malheureuses qui lui ont été rattachées : augmentation des effets indésirables, présence d’interactions entre les médicaments, diminution de l’adhésion aux traitements, augmentation des hospitalisations, accroissement de la mortalité et des coûts. »

Ainsi, les professionnels de la santé sont confrontés à un défi de taille : trouver le juste équilibre entre les effets bénéfiques de l’usage de médicaments et les effets potentiellement néfastes de la polypharmarcie. Intitulée « La polypharmacie chez les aînés : une revue systématique de la littérature », la recherche de la professeure Sirois vise à apporter un éclairage nouveau sur ce phénomène complexe dont les écrits scientifiques présentent des informations disparates.

« La synthèse et l’analyse des informations publiées permettront de mieux comprendre le phénomène afin d’outiller les professionnels de la santé et les gestionnaires de santé publique dans la prise de décisions », observe le doyen des études de cycles supérieurs et de la recherche, Frédéric Deschenaux. « En documentant le domaine, il sera notamment possible à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) de bâtir, dans le cadre de son mandat de surveillance des maladies chroniques, le premier système de surveillance de la polypharmacie au monde. »

Les Instituts de recherche en santé du Canada ont accordé un financement de 100 000 $ pour la réalisation de cette recherche sur la polypharmacie au cours de la prochaine année. Une équipe de pharmaciens, de médecins, de pharmacoépidémiologistes, de spécialistes en surveillance et d’experts en documentation participent à cette recherche d’envergure.

Ce projet de recherche permettra, à terme, de développer un indicateur de polypharmacie standardisé, d’identifier les facteurs associés à la polypharmacie et les conditions qui la suscite et de répertorier les effets néfastes et bénéfiques de la polypharmacie chez les aînés, notamment en ce qui a trait à la morbidité, aux hospitalisations et aux coûts qu’ils représentent pour le système de santé.

« Notre projet aura des répercussions potentielles sur le plan national et international, puisque les informations pourraient servir de bases pour les organisations qui souhaiteraient implanter des systèmes de surveillance de la polypharmacie », conclut la professeure Caroline Sirois.