Le 77e numéro de la revue « L’Estuaire », auparavant connue sous le nom de la « Revue d’histoire du Bas-Saint-Laurent », renferme plusieurs textes concernant le rapport entretenu historiquement entre les populations riveraines du fleuve Saint-Laurent et ce dernier.

Dans un article paru dans le numéro précédent de L’Estuaire, les historiens Philippe Charland, Maxime Gohier et Alain Ross avaient étudié le toponyme «Rimouski», pour constater que celui-ci est apparu dans les années 1680. De plus, les auteurs avaient noté qu’un débat opposait deux groupes quant à la signification de Rimouski, l’un d’eux soutenant qu’il signifiait « terre à l’orignal » tandis que l’autre croyait plutôt qu’il voulait dire « terre » « rivière » ou « demeure du chien ». Dans l’édition de 2017, les trois auteurs ont fait la lumière sur la véritable signification de Rimouski. Après avoir établi que le toponyme a une origine autochtone, ils se sont intéressés aux langues des groupes amérindiens présents au Bas-Saint-Laurent au moment de l’établissement des premiers colons français. Ainsi, on y apprend que la signification « terre à l’orignal » doit être définitivement écartée, puisqu’elle n’est appuyée par aucune explication étymologique. En revanche, la thèse de la « terre du chien » est plus plausible, et serait d’origine malécite. Les auteurs exposent également quelques hypothèses pour expliquer la signification exacte de la « terre du chien » et tentent de comprendre à quoi les Amérindiens faisaient référence lorsqu’ils décidèrent de nommer ce lieu ainsi.  

Le deuxième article, publié par l’historien gaspésien Mario Mimeault, concerne un manuscrit datant du XVIe siècle écrit par le navigateur français Jean Fonteneau lors d’un voyage en Nouvelle-France. Jean Fonteneau y décrit géographiquement la région de la baie de Gaspé et donne des informations très précises sur la navigation dans ces eaux, de même que sur la fréquentation de ce territoire par les Européens à cette époque.

À la suite de cet article vient un texte de Tommy Simon Pelletier, qui s’intéresse au système de défense du fleuve Saint-Laurent au XVIIIe siècle, époque à laquelle le fleuve représente la voie d’entrée de la Nouvelle-France. Pour sa part, Jean Marcoux présente un article qui rappelle un événement oublié de l’histoire de Rimouski. En 1910, le dentiste londonien Harvey Crippen, accusé du meurtre de sa femme, est arrêté à Pointe-au-Père à la suite d'une chasse à l’homme de plus d’une semaine sur l’océan Atlantique. Cette anecdote qui, pourtant, a fait de Rimouski le centre d’attention médiatique au début du XXe siècle, n’est curieusement presque jamais abordée dans les livres d’histoire régionale.

Le texte suivant concerne l’arrivée de quelques-unes des premières femmes françaises à avoir mis pied en Nouvelle-France au XVIIe siècle, soit les congrégations religieuses des ursulines et les hospitalières. Leur venue à Tadoussac en 1639 est relatée par l’auteur Pierre Rouxel, qui expose plusieurs récits dans lesquels les religieuses racontent leur traversée de l’Atlantique et leur arrivée dans le Nouveau Monde. Finalement, Max D’Amours présente la démarche de patrimonialisation du Massé de Saint-Hubert et des défis rencontrés lors de la mise en valeur de ce site patrimonial. Ce complexe industriel, qui appartient à la famille Massé depuis sa fondation au tout début du XXe siècle, a été l’une des entreprises les plus dynamiques de la région du Bas-Saint-Laurent à une certaine époque grâce à ses moulins à farine et à scie, qui étaient parmi les plus performants de la région.

Deux chroniques terminent cette édition de L’Estuaire. La première, écrite par Jean-François Rioux, présente des livres d’histoire régionale récemment publiés concernant le Bas-Saint-Laurent ou la Gaspésie. La deuxième chronique, de Mathieu Arsenault, est une critique du livre Nta’tugwaqanminen, le tout premier ouvrage abordant l’histoire des Micmacs de Gespe’gewa’gi d’un point de vue autochtone.

Publiée conjointement par la Société d’histoire du Bas-Saint-Laurent et le Département des lettres et humanités de l’UQAR, la revue L’Estuaire paraît une fois l’an. Le numéro d’octobre 2017 est particulier, puisqu’il a été publié par les Éditions de L’Estuaire, créées en 2016 et qui viennent remplacer la Société d’histoire du Bas-Saint-Laurent. La mission de cette nouvelle maison d’édition est de promouvoir la diffusion des connaissances en sciences humaines, et ce tout particulièrement pour la région de l’estuaire du Saint-Laurent. La revue est disponible en format papier et numérique, afin d’être accessible au plus large public possible.