Certains enseignants proposent de faire vivre à leurs élèves des activités visant l’intégration d’un animal en classe. Que ce soit des poussins, des poissons, des grenouilles, des lapins, des poules, des tortues, des insectes, des papillons ou un hamster, en quoi le contact avec l’animal améliore-t-il l’expérience éducative? Dans le cadre de sa maîtrise en éducation, Maryse Proulx cherche à mieux cerner la place qu’occupent les activités intégrant un animal en classe dans les écoles primaires québécoises.

« Dès la maternelle, des rencontres avec un animal peuvent contribuer à l’enrichissement de l’expérience des enfants, allant de la construction du concept du vivant  jusqu’à la connaissance des besoins et étapes de développement des organismes, du cycle de la vie et du concept de diversité. Pour plusieurs enseignants, ces activités ont aussi des retombées intéressantes sur le plan affectif ou comportemental. Toutefois, ces pratiques sont actuellement peu documentées au Québec et elles sont souvent vécues de façon peu structurée », remarque Mme Proulx.


Sous la direction de la professeure spécialiste de la didactique des sciences Catherine Simard et en codirection avec la professeure spécialiste en développement de l’enfant Joane Deneault,  plus de 200 écoles primaires québécoises ont été sondées afin d'en savoir plus sur les animaux qui sont privilégiés, à quel niveau d’enseignement et pour quelles activités. Des entrevues ont aussi été menées auprès d’enseignants qui intègrent actuellement un animal dans leur classe, pour évaluer les retombées de ce type d’activité chez leurs élèves. À la différence de la zoothérapie, qui utilise la compagnie d’un animal pour réduire le stress, par exemple, l’intégration d’un animal en classe poursuit l’objectif de développer des apprentissages liés au domaine des sciences.

Les premiers résultats révèlent que près d’une école sondée sur deux propose ce genre d’activité, et ce, aussi bien au niveau préscolaire que de la première à la sixième année du primaire. Les enseignants ont observé en classe que les élèves qui interagissent avec ces êtres vivants ont des comportements plus responsables, plus attentifs aux besoins et plus empathiques. « Dans le cas des poussins et de certains projets sur les stades de développement du saumon ou de la truite, les élèves reçoivent d'abord les œufs, puis ils les voient grandir et ils apprennent à en prendre soin. Ils témoignent d’une plus grande conscience de l’impact de leurs gestes quotidiens sur leur environnement et la biodiversité », observe la chercheuse.

Au-delà de l’intérêt que ces activités comportent sur le plan didactique, ce genre d’activité prend tout son sens dans la construction du rapport de l’enfant avec le vivant. « Avec l’exode rural qu’a connu la société au cours du dernier siècle, il y a eu une forme de déconnexion entre les humains et les animaux. Cette reprise de contact contribue concrètement à développer de futurs citoyens conscientisés aux enjeux environnementaux », conclut Mme Proulx.