L’innovation est inscrite dans l’ADN de l’industrie automobile. De la Ford T à la Formule 1, les évolutions technologiques ont été exceptionnelles. Dans le cadre de ses travaux de recherche, le professeur en génie mécanique Noureddine Barka a réussi à bonifier un procédé de soudage au laser qui améliore la résistance mécanique des carrosseries.

Le soudage au laser permet de concentrer une source de chaleur en un point précis. Toutefois, il est encore difficile de déterminer avec exactitude les paramètres offrant les meilleurs résultats sur les plans de la résistance à la corrosion et de la durée de vie des châssis des automobiles. C’est le défi que se sont lancé le professeur Barka et son équipe dans le cadre d’un projet de recherche auquel participe l’entreprise AMH Canada Ltée.

C’est au début de l’année que les chercheurs de l’UQAR ont entrepris des travaux pour comparer les performances des procédés de soudage au laser autogène (qui comporte une source de chaleur) et de soudage par résistance (basé sur une source électrique) sur des tôles minces en aciers doux et galvanisés. Ces travaux ont permis d’évaluer l’impact des deux procédés sur la déformation thermique de la tôle, sur sa dureté et son adaptabilité aux soudures complexes.

« Actuellement, l’industrie automobile utilise le soudage par résistance pour construire les carrosseries. Toutefois, nos travaux ont montré que le soudage au laser autogène peut égaler et même dépasser les performances du soudage au laser par résistance. Cette percée signifie qu’on peut substituer ce procédé sans pour autant diminuer la qualité et la résistance de la carrosserie », indique le professeur Noureddine Barka.

« Le soudage au laser autogène comporte plusieurs avantages », poursuit le professeur Barka. « C’est une technologie qui offre une grande qualité de soudage et qui est moins dispendieuse que le soudage par résistance. Ce potentiel technique et économique est important pour l’industrie automobile qui cherche toujours à améliorer ses procédés et à réduire ses coûts de production. »

Les tests ont été effectués dans les laboratoires de génie de l’UQAR ainsi que chez l’entreprise AMH Canada Ltée, qui se spécialise dans la production d’appareils de soudage. Ces travaux de recherche ont été réalisés avec Vincent Feujofack et Rachid Fakir, candidats à la maîtrise en ingénierie, et Patrick Thibault, étudiant au baccalauréat en génie mécanique.

Selon le directeur général d’AMH Canada Ltée, Denis Osmani, les travaux réalisés par les chercheurs de l’UQAR vont attirer l’attention de l’industrie automobile. « Les tendances mondiales du marché du soudage nous incitent à axer nos priorités vers le soudage au laser. Les résultats obtenus par le professeur Barka et son équipe vont nous permettre d’innover et de répondre aux besoins croissants du marché canadien du secteur de l’automobile. Je crois que le soudage au laser autogène a beaucoup d’avenir. »

En septembre dernier, M. Osmani était de passage en Allemagne pour participer au Salon de l’automobile de Francfort, l’un des plus grands salons au monde dans le domaine. Il y a présenté les travaux du professeur de génie mécanique de l’UQAR. « La réception a été excellente. La maîtrise du soudage au laser autogène pour le secteur automobile risque de modifier notre façon de concevoir le soudage traditionnel pour les carrosseries. Le procédé pourrait aussi être utilisé dans les secteurs aérospatial et ferroviaire ou encore pour la construction d’éoliennes », mentionne le directeur général d’AMH Canada Ltée.

Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) a accordé une subvention de 25 000 $ au projet de recherche du professeur Barka dans le cadre du programme « subventions d’engagement partenarial ». Le professeur Barka souhaite poursuivre ses travaux de recherche afin de développer une machine portative de soudage au laser. « C’est un projet que je souhaite réaliser avec AMH Canada. L’idée, c’est de développer une machine portative qui permet d’effectuer des réparations au laser en atelier. Le défi est de créer une machine qui est sécuritaire tout en étant flexible, polyvalente et très mobile. »