Certaines expériences de vie apportent un fort enrichissement personnel et révèlent de belles découvertes. Le Rimouskois d’origine et diplômé en administration de l’UQAR François Lapointe peut maintenant en témoigner à titre de directeur des ressources humaines pour la communauté Micmacs de Gesgapegiag*. Une communauté autochtone tissée serrée très dynamique d’environ 1 500 membres située entre Maria et New Richmond en Gaspésie.

Travailler au sein d’une communauté autochtone représente une opportunité unique pour notre diplômé  : « À une autre époque, l’amour m’a amené en Gaspésie et j’ai eu la chance de pouvoir postuler sur un emploi qui m’a permis de découvrir une autre facette de l’administration, soit les ressources humaines. Ne croyant pas initialement faire carrière en ressources humaines un jour, je voyais de beaux défis au sein d’une Première nation ». Œuvrant à l’intérieur d’un véritable petit gouvernement, la tâche de François Lapointe touche une multitude de secteurs et d’individus : « On administre les ressources humaines pour l’ensemble des départements sous le Conseil de Bande. On a un département d’Éducation, de Santé et services sociaux, de pêches commerciales et de foresterie, de Travaux publics et logement et finalement un département de Sécurité publique avec notre propre service de police. On gère également des commerces par le biais du département de Développement économique. Nous avons 120 employés permanents temps plein et annuellement, nous embauchons un peu plus de 300 personnes incluant les emplois saisonniers, étudiants et contractuels. Cela ne parait pas de l’extérieur, mais nous avons beaucoup d’employés et ceux-ci proviennent en grande majorité directement de la communauté. »

Quel a été le tout premier défi de François Lapointe : se faire accepter comme une personne de l’extérieur  : « Mon principal défi fût à la base de me faire connaître et accepter comme un individu de l’extérieur parlant avec un accent français tout en ayant un poste important dans l’organisation ! Comme les langues principales dans la communauté sont le mi’gmaq et l’anglais, c’est évident que je ne suis pas un gars de la place. Je suis fier de dire mission accomplie et les gens réalisent de plus en plus que je suis là pour les supporter d’abord et avant tout. » Un grand travail d’éducation et de démystification s’est fait auprès de la communauté afin de faire comprendre le mandat d’un service des ressources humaines et expliquer que celui-ci est là pour améliorer leur condition d’emploi et encadrer les différentes ressources de la communauté pour en retirer le maximum au bénéfice de tous. J’ai eu la chance lors de mon intégration d’avoir le support constant de mon directeur général et ma prédécesseure, ce qui a également facilité mon intégration dans l’organisation et la communauté. 

Le défi est grand, mais la volonté l’est encore plus : « Je suis passé d’une équipe de 18 personnes dans un café et un bar étudiant à plus de 300 personnes annuellement. Le mandat est beaucoup plus imposant et diversifié, mais j’ai aujourd’hui la capacité de pouvoir sortir en dehors de ma zone de confort et de pouvoir penser en dehors de la boîte. J’assimile ainsi nettement plus rapidement les nouvelles réalités professionnelles auxquelles je fais face tous les jours au bureau pour mettre sur la table différentes solutions très rapidement. Il y a beaucoup de positif à apprendre à mieux connaître la communauté pour laquelle je travaille. Je me sens choyé d’y travailler avec des gens qui sont fondamentalement de bonnes personnes. »

Mais comment fait-on pour obtenir un tel emploi?

« J’ai pu obtenir cet emploi grâce à mes différentes implications et ma formation à l’UQAR. Mon passage à l’AGECAR comme administrateur, régisseur et directeur des activités commerciales du Baromètre et de l’Auriculaire, ainsi que mes implications politiques m’ont donné un bagage fort intéressant aux yeux des membres du comité de sélection et j’en suis bien content. De plus, ma connaissance de la langue anglaise, avec un fort accent, a probablement charmé ceux-ci (rire). Finalement, mon fort caractère et ma formation me permettent aujourd’hui de faire face avec efficacité et confiance aux nombreux défis qu’offre un travail aussi diversifié, complexe et passionnant. »

Faire une différence dans la vie des gens, trouver des solutions pour les aider à avancer et à mieux vivre dans la communauté, voilà ce à quoi carbure ce dynamique diplômé faisant parfois de très longues heures au bureau. « J’ai le plaisir et la chance de collaborer avec un directeur général qui a très bien travaillé à la restructuration des services de la communauté, ce qui fait en sorte que la situation est aujourd’hui poussée positivement vers l’avenir. Mon rôle est d’amener ces efforts-là vers un autre niveau au sein du service des ressources humaines pour, en bout de piste, faire en sorte que le développement de la communauté se fasse de manière efficace et structurée. »

Mentionnant que les gens de la communauté ont une réalité nécessitant une approche délicate, celui-ci trouve gratifiant de pouvoir les aider aux grands développements sur lesquels ils travaillent actuellement. « Lorsqu’il y a des pépins avec des employés, on met alors les ressources en place pour les supporter et régler de manière durable ces difficultés reliées au travail ou de nature personnelle, au lieu d’y aller de mesures temporaires et malheureusement trop souvent inefficaces à moyen terme. De cette façon, tout le monde en sort gagnant ! »

Et le bilan, qu’en est-il?

« C’est ma première expérience de travail au sein d’une communauté des Premières Nations et, comme ailleurs dans la société, nous œuvrons avec des gens qui sont à cent lieues des préjugés que nous entendons parfois en dehors de la communauté. J’invite fortement la population à venir découvrir cette grande richesse que représente cette culture ancestrale et cette communauté fortement attachante. Venez faire votre tour à Gesgapegiag! » de conclure François Lapointe.

Félicitations pour cette belle leçon de vie!

*Gesgapegiag est la forme originelle mi'gmaq de Cascapédia. Ce nom signifiant « là où les flots disparaissent », est porté par la rivière Cascapédia et la Petite-Rivière Cascapédia.