Si la gestion par projet est associée à l’entreprise privée ou au secteur public, les organismes sans but lucratif (OSBL) sont eux aussi de plus en plus appelés à adopter ce mode de gestion. Étudiant à la maîtrise en gestion de projet à l’UQAR campus de Lévis, Sébastien Béchard cherche à mieux comprendre la façon dont s’opère la gouvernance de projet dans les OSBL, principalement dans les organismes communautaires en santé et en services sociaux de la région Chaudière-Appalaches.

Dans un contexte de mondialisation des marchés, de productivité accrue et de changements technologiques constants, les entreprises misent de plus en plus sur des projets pour répondre à leurs orientations stratégiques. Ce constat s’applique aussi aux organisations communautaires : «  La très grande majorité des organisations a un mandat de proximité, à savoir un mandat d’aide et d’entraide individuelle ou de soutien collectif et individuel dans les milieux de vie. Ils sont en première ou deuxième ligne avec les bénéficiaires et travaillent souvent en étroite collaboration avec le continuum de services publics. Au fil des années, le financement de ces organisations par des appels de projet a complété le financement pour appuyer la mission. Lorsqu’il finance un projet, un bailleur de fonds peut donner des balises claires quant à la clientèle visée, aux objectifs du projet, à la durée du financement et, bien sûr, veut mesurer l’impact des sommes confiées aux organisations. Le secteur sans but lucratif est donc devenu très sensible à l’importance de la gestion par projet. La prochaine étape logique est donc de s’intéresser à la façon dont l’organisation encadre les projets, qu’il s’agisse du processus décisionnel, de contrôle et des relations entre les acteurs impliqués, afin qu’ils répondent aux orientations stratégiques de l’organisation », explique M. Béchard.

Sous la direction du professeur spécialiste en gestion de projet dans le domaine de la santé et des services sociaux Louis Babineau, l’étudiant cherche à saisir la façon dont la gouvernance des projets s’articule dans ces organisations. Par l’analyse de documents publics de ces organisations, comme des rapports d’activités, des plans stratégiques ou des organigrammes, et par des entretiens avec les présidences de conseils d’administration, les directions générales et les chargés de projet, M. Béchard vise identifier des pistes d’action ou un modèle de gouvernance de projet pouvant être utilisés par les organisations communautaires autonomes.

« L’exercice nous a permis de constater que dans les OSBL, la structure de gouvernance de projet est fortement intégrée à la structure de gouvernance de l’organisation, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de service ou de bureau attitré à la gestion de projet. L’information circule généralement de façon fluide et transparente entre le conseil d’administration, la direction générale et le chargé de projet ainsi qu’avec les comités de projet. Pour eux, le recours à une structure parallèle ou à des mécanismes distincts entourant la gouvernance de projet semble inutile. La nature de l’organisation, souvent fondée sur l’action bénévole et la collaboration, facilite l’intégration dans les opérations courantes selon les répondants », indique M. Béchard.

L’environnement dans lequel évoluent les OSBL nécessite que des indicateurs de performance des projets soient maintenant compilés et envoyés aux bailleurs de fonds afin de témoigner de l’impact dans la collectivité. « Cette performance est parfois difficilement mesurable, car au-delà des impacts quantitatifs, il y a aussi des impacts qualitatifs. Par exemple, un organisme doit aider 10 familles dans les objectifs de son projet. Le projet n’atteint pas cet objectif, mais deux familles sont sorties durablement d’une situation de pauvreté. Est-ce que le projet est une réussite? La réponse est souvent oui pour l’organisation communautaire, car ces progrès répondent à sa mission de répondre aux besoins de la population. C’est aussi ce qui explique que plusieurs organismes communautaires souhaitent être financés pour l’appui à la mission, car ça assure une pérennité des activités. Le recours aux appels de projets, reconduits annuellement, rendent plus difficiles la capacité de maintenir un service à long terme et de conserver des ressources humaines qui maîtrisent aussi le contenu du projet et qui ont établi des relations avec les partenaires », précise M. Béchard

La maîtrise en gestion de projet est offerte à l’UQAR aux campus de Rimouski et de Lévis. Trois cheminements adaptés aux besoins des candidats sont offerts : professionnel (sans mémoire de recherche), recherche et coopératif (avec stages, offert campus de Lévis seulement). La conception de projet, les études de faisabilité, le management des équipes de projet, les aspects légaux, l'analyse financière des projets, le lean management, la gestion des parties prenantes, des risques et des portefeuilles de projets sont au nombre des thèmes qui sont abordés dans le cadre des programmes.