Une équipe de biologistes et de chimistes de l’UQAR-ISMER s’est rendue dans le Kamouraska, du 20 au 24 mai, pour effectuer le premier relevé d’une série de campagnes de terrain. Leur but à travers ce suivi estival est de caractériser la trajectoire d’eutrophisation de cette zone côtière en connexion avec les apports du  bassin versant de la rivière Kamouraska.

L’eutrophisation côtière est un enrichissement des eaux littorales en éléments nutritifs charriés par les rivières et les masses d’eaux souterraines, qui induit une surproduction de matière organique. Les fertilisants agricoles, les eaux usées des zones urbanisées, ainsi que le lessivage des sols forestiers sont d’autant de sources d’azote, de carbone et de phosphore, éléments nécessaires aux organismes réalisant la production primaire (=photosynthèse). Avec l’augmentation de la concentration de ces éléments nutritifs, la biomasse des producteurs primaires (foins marins, algues, zostères) augmente et se répercute sur le réseau trophique. Les microalgues et les algues vertes comme la ‘salade de mer’ (Ulva sp.) sont des organismes particulièrement friands d’azote et leur prolifération est un des signes majeurs permettant de diagnostiquer un syndrome d’eutrophisation côtière.

C’est donc en mesurant l’abondance, le recouvrement et la biomasse des différents producteurs primaires depuis le haut de plage jusqu’à la limite de marée basse, que l’équipe de biologistes menés par Fanny Noisette, Gesche Winkler et Christian Nozais, cherche à établir des indices d’eutrophisation, en partie basés sur la présence de certaines algues. En parallèle de ces mesures, la chimie des eaux côtières a été caractérisée par des échantillonnages d’eau de mer, réalisés en bateau à 0.5, 1, 2 et 3 miles des sites étudiés sur l’estran et dans l’embouchure de la rivière Kamouraska et des petits affluents côtiers. Une attention particulière est portée sur la quantification des nutriments (azote, phosphore), de la matière organique en suspension et dissoute. Cette étude sera complétée par deux nouvelles campagnes terrain en juillet et août de cette année.

Cet échantillonnage de terrain est un volet d’un projet plus vaste utilisant le Kamouraska comme zone atelier et porté par Gwenaëlle Chaillou, titulaire de la Chaire de recherche en géochimie des hydrogéosystèmes côtiers à l’ISMER. Ce projet intersectoriel est financé par le programme Odyssée du Réseau Québec Maritime et par une subvention AUDACE des Fonds de recherche du Québec. Ce projet sur 2 ans a pour but de (1) développer des connaissances et des outils d’évaluation des trajectoires d’eutrophisation côtière et (2) construire une stratégie de transfert et d’appropriation des connaissances sur l’eutrophisation côtière, apte à soutenir des échanges efficaces et utiles entre scientifiques et acteurs publics. Ces activités de recherche sont en collaboration avec le comité ZIP Sud-de-L’Estuaire, la Table de Concertation de la zone sud de l’estuaire moyen, les organismes de bassins versants de l’OBAKIR et OBV-NEBSL, le MAPAQ, l’UQAR-ISMER et l’UQTR.