Le transfert d’entreprise représente aujourd’hui un enjeu de taille pour les entrepreneurs québécois. Manque de relève, difficultés de financement pour effectuer la transaction et paperasse administrative font en sorte que plusieurs choisissent plutôt de fermer boutique, trop souvent à contrecœur et cela laisse un grand vide dans le paysage de certaines communautés. L’histoire de Guillaume Sirois, diplômé de l’UQAR en gestion des personnes en milieu de travail, est toute autre.

Épicier de 3e génération, il aura réussi, avec sa cousine également copropriétaire, à maintenir l’entreprise dans le giron familial au grand plaisir de sa famille « élargie » que constitue l’équipe des employés du Metro Sirois de Rimouski. Histoire d’un beau succès de transfert d’entreprise parsemé de défis et de réussites!

Vous êtes originaire de quel endroit?

Je suis natif de Rimouski et je suis un fier régionaliste. J’ai fait l’ensemble de mes études ici à Rimouski où nous avons la chance d’avoir des institutions de grande qualité.

Quels souvenirs conservez-vous de votre passage à l’UQAR?

D’excellents souvenirs ! Cela a forgé mon caractère et ma vision d’entrepreneur. Mon père était un entrepreneur et mes études m’ont permis de comparer mes observations faites sur le terrain afin de devenir un meilleur employeur. Étant un gars assez gêné, c’est vraiment durant cette période qu’a commencé ma «vraie vie».

Si vous aviez à identifier une personnalité marquante durant votre formation universitaire, de qui parleriez-vous et pourquoi?

Question très difficile, car j’ai eu la chance d’avoir de très bons professeurs à l’UQAR. Mais si je devais en nommer un, je dirais Michel Fortier, car il était mon directeur de mémoire et j’ai eu plusieurs cours avec lui tant au baccalauréat qu’à la maîtrise. C’était un passionné qui avait des convictions dans la vie et cela donnait une très bonne image de ce que devait être le monde universitaire.

Suite à l’obtention de votre baccalauréat en administration en 2007, vous avez choisi de poursuivre en effectuant une maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail, formation complétée en 2011. Pourquoi avoir choisi cette formation?

Après un bref passage vraiment apprécié chez TELUS, j’ai compris que je voulais avoir ma propre entreprise et l’appel pour reprendre l’entreprise familiale a sonné. Avec aujourd’hui plus de 70 employés, je me devais d’apprendre certaines notions et de peaufiner celles que j’avais déjà en lien avec la gestion des personnes, enjeu qui était déjà très important pour les entreprises à l’époque. Le timing pour que je puisse faire des études à temps plein était là, c’est pourquoi j’ai décidé de foncer.

Aujourd’hui président et co-propriétaire du Metro Sirois à Rimouski, vous avez gravi tous les échelons entre 2004 et 2017, où vous avez pris les rênes de l’entreprise familiale. Est-ce une fierté pour vous?

Je suis la 3e génération à prendre les rênes de l’entreprise et j’en suis énormément fier. J’ai encore les souvenirs de mon grand-père dans l’épicerie et sa passion pour son travail. Avec les difficultés du manque de relève qui accablent trop souvent les entreprises qui doivent changer de mains, oui je suis fier que la famille Sirois en soit à la 3e génération tout en ayant du succès en affaires. Cette fierté se transpose à l’ensemble de nos employés qui font ce que nous sommes, car je suis loin d’être travailleur autonome. Nous avons vraiment une belle équipe qui compte 70 employés. Avec la précarité de la main-d’œuvre, prendre soin de ses employées et employés est devenu une priorité et je m’y efforce précisément.

Votre préoccupation pour le développement de la région date de plusieurs années. En plus d’être un participant actif à la stratégie d’attractivité du Bas-Saint-Laurent, vous avez été choisi à titre de représentant de la région pour représenter les différentes chambres de commerce au sein de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Quel est votre mandat plus précisément?

Je suis le porte-parole de l’ensemble des chambres de commerce de la région. Je dois amener les enjeux régionaux et locaux vers la grande table nationale du conseil d’administration de la Fédération des chambres de commerce du Québec. J’y côtoie les représentants des autres régions où nous partageons différents enjeux qui sont bien souvent semblables, que l’on soit à Rivièredu-Loup ou à Montréal par exemple. C’est vraiment intéressant comme expérience.

Votre entreprise redonne beaucoup à la communauté en participant généreusement à différentes causes visant à aider les plus démunis. Que ce soit Centraide, Moisson Rimouski-Neigette ou la Maison Marie-Élisabeth, pour ne nommer que ces organisations là, vous répondez toujours présent pour redonner à votre communauté. Qu’est-ce qui motive ces gestes de générosité?

L’avenir des entreprises passe par des préoccupations partagées avec la clientèle. Nous ne sommes pas que des vendeurs d’aliments. Nous sommes un citoyen corporatif et nous avons le devoir de redonner au suivant. De génération en génération, cette volonté d’aider son prochain a toujours été une valeur très forte pour nous et cela nous vient naturellement. Lorsque l’on peut aider, on le fait et nous devons travailler à vaincre la précarité alimentaire qui existe encore aujourd’hui, il ne faut pas se le cacher. Une communauté forte, c’est lorsque les gens et les entreprises travaillent ensemble pour un monde plus juste et équitable en appuyant certaines causes.

C’est pourquoi nous appuyons également les causes qui touchent nos employés en les encourageant à aller de l’avant, à s’investir de différentes manières. Ceux-ci vont même décider des causes à appuyer par un vote. En plus de rendre notre monde fier, on cimente l’esprit de corps de nos employés par des actions collectives. Cela est très valorisant pour nous tous.

L’éducation des jeunes et des moins jeunes est également une cause importante pour vous. À titre d’exemple, pensons à la Bourses Croque Santé visant à appuyer les initiatives qui encouragent les élèves à adopter de saines habitudes alimentaires et à la Bourse G visant à reconnaître l’excellence d’un étudiant à la maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail à l’UQAR. Pourquoi?

Alors étudiant à la maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail, moi et mon collègue Guy-Philippe Anglehart n’avions pas accès à des bourses dans notre discipline, c’est pourquoi nous avons choisi de redonner en mettant en place la Bourse G. L’UQAR nous a permis d’avoir du succès dans nos carrières et cela était une manière de redonner au monde universitaire qui nous a tellement apporté.

En juin dernier, vous avez été lauréat du prix Jeune Personnalité Desjardins de la Jeune chambre de Rimouski. Ce concours vise à reconnaître l’excellence de jeunes entrepreneurs et professionnels de la grande région de Rimouski, leur leadership et leur apport à la communauté. Quelle satisfaction ressentez-vous pour cette belle reconnaissance?

Pour moi, cette reconnaissance n’était pas un prix individuel. C’était une reconnaissance d’équipe. Il serait illusoire de croire que j’y serais arrivé seul en défonçant les portes. On n’est pas des «surhommes» ou des «surfemmes» qui pouvons faire des centaines d’heures par semaine. C’est un travail d’équipe et sans mes partenaires, cela aurait été impossible d’y arriver. Je veux enlever cette impression de la tête des gens. Oui, je suis épicier, mais ce n’est pas moi qui vais couper la viande ou placer les légumes tout en transportant des caisses de choux de 50 livres. Une partie de la reconnaissance va directement à eux et à ma famille qui m’a poussé là-dedans.

Comme gestionnaire, j’ai la chance d’avoir l’aide de ma cousine, qui est copropriétaire de l’entreprise et qui fait un travail me permettant de pouvoir prendre des congés, de libérer du temps pour faire autre chose. C’est important pour nous et cela nous permet de travailler à des causes qui nous tiennent à cœur chacun de notre côté tout en ayant une meilleure qualité de vie. Le modèle familial de collaboration fonctionne depuis 60 ans à l’interne et nous poursuivons de cette manière aujourd’hui.

En 2019, vous avez accepté de siéger à titre de membre du comité de programmes de la maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail. Pourquoi?

Je trouvais encore là qu’il s’agissait d’une autre manière de redonner à mon université, et d’une opportunité intéressante de connecter l’UQAR sur les besoins des entreprises en matière de main d’œuvre à titre d’employeur et de membre de la Chambre de commerce. Je crois beaucoup à l’établissement de liens entre l’université et le monde des entreprises et la population en général.

En terminant, si vous aviez un souhait à formuler, quel serait-il?

Soyons ouverts sur le monde tout en étant conscients qu’une économie locale est primordiale pour la communauté! Encourageons ceux qui vont acheter de producteurs locaux, où les marchandises vont faire moins de route, donc être moins polluantes, tout en créant des emplois et de la richesse ici. Serrons-nous les coudes pour nous entraider tout simplement. Amazon et les autres géants de l’extérieur n’investissent pas en région! En encourageant des entrepreneurs d’ici plutôt que des géants de l’extérieur, on appuie par la même occasion les causes communautaires qui touchent les gens d’ici. Nous avons un super milieu de vie à promouvoir, à faire grandir et à protéger!