Jean-Sébastien Deschênes est un spécialiste des bioprocédés. Professeur en génie électrique, il mène des travaux qui marient la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Qu’il s’agisse de la capture du CO2 ou de la fabrication de biocarburant, ses recherches ont des applications innovantes qui permettent de réduire l’empreinte environnementale.

Le professeur Deschênes est un chercheur dont le terrain de jeu est vaste. Ses recherches sont à l’interface de la biologie, de la chimie, du génie et de l’océanographie. « Les bioprocédés sont des procédés de transformation de la matière qui utilisent des microorganismes. On utilise leur métabolisme cellulaire pour obtenir un ensemble de réactions. L’avantage, c’est que nous avons un paquet de réactions en une seule étape pour transformer la matière », explique le chercheur. 

Les recherches du professeur Deschênes ont un impact sur l’empreinte laissée par les procédés dans la fabrication d’un produit. Par exemple, il développe des bioplastiques à partir d’algues marines. « Les bioprocédés permettent de concevoir des articles de commodité avec une approche non polluante. Habituellement, le plastique est produit avec des dérivés du pétrole. Mais les algues nous permettent de produire des bioplastiques tout en captant le CO2, soit les gaz à effet de serre. »

Les résidus organiques sont également dans la mire du professeur Deschênes. Communément appelé « petit lait », le lactosérum produit lors de la confection du fromage est utilisé pour nourrir certaines espèces de phytoplancton. « Ainsi, la matière est digérée par les microorganismes et les rejets organiques ne sont pas envoyés dans la nature. Ce bioprocédé permet d’élaborer un tout autre produit, comme des biocarburants, des produits à valeur alimentaire, ou encore différents types de biomatériaux dont des plastiques biodégradables ou non, pouvant être utilisés pour fabriquer des sacs d’emballage biodégradables ou d’autres produits plus durables comme des bacs », énumère le professeur Deschênes.

Les bioprocédés sont une avenue pertinente pour réduire l’impact de la fabrication de produits d’utilité sur le réchauffement climatique, poursuit le professeur Deschênes. « Les possibilités avec les microalgues sont infinies. La captation du CO2 est un enjeu mondial avec le réchauffement climatique. Les bioprocédés sont une voie prometteuse pour s’attaquer à ce problème à la source ou, à court terme, au moins d’être carboneutre. »

De Baie-Comeau à l’UQAR

Originaire de Baie-Comeau, le professeur Deschênes a grandement été influencé par son milieu dans son choix de carrière. « J’ai eu un intérêt pour la science à un jeune âge. J’ai grandi sur la Côte-Nord près de gros barrages hydroélectriques, et la production d’énergie et son transport m’intéressaient. La grosse industrie m’a toujours fasciné. Par ailleurs, j’étais aussi attiré par le domaine de la santé, particulièrement la radiologie, qui mélange la technologie et les soins. »

À la suite de ses études collégiales au Cégep de Baie-Comeau, Jean-Sébastien Deschênes a opté pour le domaine du génie électrique. Pendant ses études au baccalauréat et à la maîtrise à l’Université Laval, il a développé une passion pour l’enseignement et la recherche. « C’est pendant ma maîtrise que j’ai décidé de foncer et de faire un doctorat pour faire carrière comme professeur d’université. » Sa thèse portait sur le développement d’une commande non linéaire des bioprocédés à des fins d’optimisation.

C’est en 2007 que Jean-Sébastien Deschênes a obtenu un poste de professeur en génie électrique à l’UQAR. Il a dirigé en tout une cinquantaine d’étudiantes et d’étudiants en recherche, du baccalauréat au postdoctorat, depuis son arrivée à l’Université. Réalisés à la station aquicole de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (UQAR-ISMER) et au Centre d’appui à l’innovation par la recherche (CAIR), plusieurs de ses travaux de recherche sont appuyés par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).

C’est avec optimisme que le professeur Deschênes entrevoit que ses travaux de recherche serviront à des productions industrielles. « Tout est une question de coût. Il y a 100 ans, on n’aurait pas cru que l’aquaculture deviendrait une solution de remplacement rentable à la pêche. C’est un peu la même chose avec les bioprocédés : le jour où la technologie représentera une solution alternative rentable par rapport au pétrole qui se raréfie, l’industrie va s’ajuster », conclut le professeur en génie électrique.