Technicienne en architecture et bachelière en génie des systèmes électromécaniques (2003), la diplômée de l’UQAR, Magalie Pouliot, vit en Gaspésie, dans l’Est-du-Québec. Amoureuse de son coin de pays et incapable de se complaire dans la routine, elle mettra en oeuvre ses compétences et sa volonté d’innover pour le bien de sa communauté en se tournant vers des projets ayant un fort impact environnemental.

Résolument déterminée et persuasive, son orientation vers l’action lui permet d’orchestrer des projets d’envergure avec confiance et optimisme. Récipiendaire du prix reconnaissance de Femmessor Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine en 2014, prix récompensant annuellement une femme d’affaires de la région qui excelle dans son secteur d’activité et qui contribue au développement socioéconomique du territoire par ses réalisations et son rayonnement, en plus de démontrer un engagement soutenu dans sa communauté, voici l’histoire d’une diplômée entrepreneure fort sympathique qui déteste la routine!

Une progression remarquable

La mascotte Écolo-J d’Exploitation Jaffa.La mascotte Écolo-J d’Exploitation Jaffa.En 2006, alors directrice générale de l’entreprise, Magalie Pouliot travaille sur l’image d’Exploitation Jaffa, qui se consacre alors au transport et au tri des matières résiduelles. Elle met sur pied une stratégie de développement pour assurer sa pérennité. Durant les six premières années, elle réussit l’exploit de doubler le chiffre d’affaires aux deux ans, en prenant soin d’accompagner les employés dans le défi d’une croissance rapide. Elle travaille à l’évolution de la structure de l’entreprise, dont le siège social est situé en Gaspésie, afin de remporter des contrats au Bas-Saint-Laurent. Elle deviendra propriétaire d’Exploitation Jaffa à 50 % avec son conjoint en 2012. L’entreprise Exploitation Jaffa compte aujourd’hui une trentaine d’employé(e)s et a six lieux d’affaires en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent.

De 2016 à aujourd’hui, son défi consistera à diversifier les services de l’entreprise. Elle développe alors des compétences pour gérer et opérer des sites d’infrastructures publiques tels que des lieux d’enfouissement technique, des écocentres et des centres de transbordement. L’obtention d’un contrat d’opération de la plateforme de compostage de Rimouski lui fait développer un intérêt pour la transformation des matières résiduelles.

Le vent dans les voiles

La plus grande fierté de Magalie Pouliot constituera cependant la mise sur pied d’un Centre régional de transformation des matières résiduelles, projet ayant reçu le feu vert final en septembre 2020 à la suite de l’acceptation de l’étude de faisabilité. Le projet se situera sur le site de l’ancienne scierie de REXFOR à Saint-Alphonse, municipalité dans la MRC de Bonaventure en Gaspésie, où seront mis en opération en 2021, un centre de tri, un écocentre, une plateforme de compostage et une usine de fabrication de matériaux de construction écoresponsables. Un véritable projet d’économie circulaire utilisant une partie des résidus de bois de construction ainsi que ceux de bois forestier.

Un projet novateur à fort potentiel

« Lorsque nous avons acheté l’usine à Saint-Alphonse, il y a 10 ans, on avait déjà le désir d’utiliser les débris de construction au lieu de les enfouir. C’est lors d’un colloque du 3R MCDQ qui est l’association reconnue d’intervenants du secteur de la récupération et du recyclage des matières issues de la construction, de la rénovation et de la démolition au Québec, que le déclic s’est fait. Nous y avions remarqué qu’il y avait
peu d’entreprises qui travaillaient sur la création de nouveaux produits, au-delà de la valeur énergétique qui était déjà reconnue. »

Grâce à des procédés qu’ils ont développés en collaboration avec deux centres de transferts technologiques, le Service de recherche et d’expertise en transformation des produits forestiers (SEREX) d’Amqui et le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI) de Sorel Tracy, ils ont été capables de récupérer une bonne partie des résidus par un traitement qui vient encapsuler les contaminants qui se trouvent à l’intérieur du bois, ce qui permet de changer ses propriétés et de le réintégrer dans un nouveau produit.

« Notre projet nous permettra de vendre des copeaux neutralisés à des entreprises qui font des recettes de béton pour les structures de bâtiments et à des entreprises fabricant des produits en béton préfabriqué, mais qui voudraient avoir une solution plus écoresponsable ou aller chercher de la légèreté. L’autre utilisation pourra être sous la forme de paillis qui ne se décompose pas. Celui-ci durera longtemps et servira à contrôler les mauvaises herbes. Ultimement, notre objectif est de fabriquer des panneaux de bois-béton en utilisant un maximum de valeur ajoutée possible de nos résidus de CRD. »

C’est également là que Magalie Pouliot combinera ses deux formations, en architecture et en ingénierie, qui lui permettront de travailler avec les fournisseurs d’équipements et l’entrepreneur qui effectuera l’aménagement de la chaîne de transformation dans l’usine.

Et le défi de la main-d’oeuvre?

À terme, ils souhaitent ajouter une vingtaine de personnes à l’effectif de l’entreprise pour faire fonctionner ses différentes opérations. Et elle a un autre plan pour cela! La Gaspésie a un taux d’analphabétisme assez élevé et elle travaille déjà avec des interlocuteurs locaux à un projet qui permettrait à la fois de faire travailler des gens du coin dans l’usine, tout en mettant en placedes périodes de formation sur les
lieux de travail afin d’améliorer leur employabilité par des cours de base en français et en mathématiques. Ces gens auraient ensuite la possibilité d’améliorer leur condition par l’accès à des postes demandant certaines aptitudes dorénavant acquises! Elle a toujours en tête le bien commun et la participation au développement de sa communauté.

Bref, un projet écoresponsable ingénieux mûrement réfléchi pour son entreprise et pour sa belle région qui a le potentiel de constituer un modèle à suivre à l’échelle mondiale pour cette femme d’affaires engagée qui siège au comité régional d’investissement Gaspésie–Îles-de-la Madeleine de Femmessor et comme administratrice au sein de l’organisme FIERE (Fonds d’investissement entrepreneuriat régional pour elles) depuis 2015.

Sous l’impulsion d’un groupe de diplômées de l’UQAR en ingénierie, dont Magalie Pouliot fait partie, un nouveau programme de bourses pour les femmes qui choisiront l’UQAR pour entreprendre des études en génie devrait également voir le jour en 2021.