Alors que la deuxième vague de la pandémie de COVID-19 a forcé plusieurs gouvernements à imposer diverses mesures restrictives pour ralentir la progression du virus, ce contexte a accentué les demandes d’aide en santé mentale, en plus d’imposer encore plus de pression sur un système de santé qui peine à répondre aux besoins des plus vulnérables. Pour la future infirmière praticienne spécialisée (IPS) Tania Bond, la formation d’IPS en santé mentale est une voie prometteuse pour favoriser un meilleur accès aux services en santé mentale.

« L’infirmière praticienne spécialisée est une professionnelle de la santé spécialement formée pour évaluer, diagnostiquer et traiter les problèmes de santé mentale. Elle peut aussi évaluer la condition physique. Elle est habilitée à utiliser diverses approches thérapeutiques afin d’assurer le suivi et la prise en charge globale du patient et de ses proches », explique l’infirmière qui complète actuellement sa formation d’IPS au campus de l’UQAR à Lévis.

Le parcours de l’étudiante originaire de Gaspé est loin d’être banal. Après quelques années d’expérience comme infirmière clinicienne auprès de populations vulnérables au sein d’une unité de médecine et de psychiatrie spécialisée en dépendances, elle a quitté le sud du Québec en 2014 pour « l’expérience d’une vie » de trois ans dans la région de l’Ungava au Nunavik. « J’ai rapidement été confrontée au manque de ressources spécialisées en santé mentale pour ces populations, où j’étais la personne de référence pour 7 villages accessibles uniquement par avion, séparés par des centaines de kilomètres », indique Mme Bond.

Cette expérience a été l’étincelle qui l’a poussée à poursuivre sa formation comme infirmière praticienne spécialisée en santé mentale à l’UQAR. « Dans ce contexte de rareté des ressources en santé, j’ai dû faire preuve d’une grande autonomie dans ma pratique infirmière pour traiter une multitude de cas et de traumas, mais aussi développer un meilleur jugement clinique, établir une grande relation de confiance avec les patients et nouer des collaborations avec les médecins qui n’étaient disponibles qu’à distance. Ces défis, ainsi que le désir de contribuer à améliorer l’accessibilité aux soins de santé, m’ont incitée à me spécialiser comme IPS en santé mentale », poursuit-elle.

Au-delà de l’expérience professionnelle, le Nunavik a également été une expérience humaine pour Tania Bond. « J’ai adoré cette expérience. J’ai découvert la chaleur, l’authenticité et la solidarité des Inuits. J’ai constaté la richesse de leur culture. J’ai profité d’une nature complètement démesurée. Mon séjour a confirmé ma volonté de faire une différence pour les personnes qui ont besoin de soins en santé mentale et dont l’accès est limité », confie Mme Bond.

Qui devrait suivre la formation pour devenir IPS? « Toutes les infirmières qui aiment le contact humain, qui ont envie de travailler au sein d’une équipe multidisciplinaire, qui souhaitent développer leurs compétences afin de contribuer à une meilleure qualité des soins en santé mentale. La formation d’IPS répond à un réel besoin d’avoir des professionnelles et des professionnels de la santé en mesure de prodiguer des soins spécialisés en santé mentale aussi bien que physique », conclut l’infirmière.

L’UQAR offre la formation pour deux spécialités en pratique infirmière avancée : santé mentale et, à partir de l’automne 2021, soins de première ligne. Réservés aux détentrices d’un baccalauréat en sciences infirmières, ces programmes sont composés d’un diplôme d’études supérieures spécialisées et d’une maîtrise totalisant 75 crédits.