Une équipe de l’UQAR vient de dévoiler les résultats d’une recherche qui montre que les paramètres associés à l’acclimatation des oiseaux au froid hivernal peuvent être maintenus pendant la migration de même que pendant la saison de reproduction. L’étude sur le plectrophane des neiges dirigée par Audrey Le Pogam, candidate au doctorat en biologie, vient d’être publiée dans la revue Functional Ecology.

Les oiseaux qui passent l’hiver en conditions froides s'acclimatent en augmentant leurs réserves de gras et la masse de leurs muscles de vol, explique Mme Le Pogam. « Ces changements améliorent leur endurance au froid grâce à une plus grande production de chaleur par frissonnement et aux réserves énergétiques. Au printemps, les oiseaux qui se préparent à migrer augmentent également leurs réserves de gras et la taille de leurs muscles de vol, cette fois pour avoir suffisamment de carburant et de force musculaire pour les longs vols migratoires. Étant donné les ajustements physiologiques similaires impliqués dans l'acclimatation au froid et la préparation à la migration, certains oiseaux qui hivernent en zones tempérées froides et qui migrent ensuite vers les hautes latitudes pour se reproduire pourraient bénéficier des adaptations à l’hiver pour la migration et l'arrivée sur des sites de reproduction arctiques. »

C’est cette hypothèse que la chercheuse dirigée par le professeur François Vézina a voulu vérifier avec son équipe de recherche. L’équipe de biologistes a arrêté son choix sur le plectrophane des neiges (Plectrophenax nivalis), un passereau reproducteur de l’Arctique qui est connu pour sa grande endurance au froid hivernal. « En travaillant avec des oiseaux captifs en volière extérieure à l’UQAR, nous avons suivi les changements physiologiques associés à l’acclimatation au froid et à la migration pendant les phases d’hiver, de migration printanière et d’arrivée de l’été. Plus précisément, nous avons utilisé la résonance magnétique, l’échographie et d’autres techniques de pointe pour mesurer de façon non invasive les changements de composition corporelle, de performance et d’endurance », ajoute Mme Le Pogam.

Les résultats de cette recherche montrent que l’endurance au froid du plectrophane des neiges ne change pas au printemps, et ce, malgré le réchauffement des températures. « Ceci lui procure un avantage pour faire face à un climat plus rude pendant la migration vers l’Arctique qu’au plus froid de l’hiver. Notre étude démontre également la capacité surprenante des plectrophanes à maintenir un niveau d'endurance au froid presque similaire à celui de l'hiver pendant l’été, même lorsque les températures à Rimouski sont bien plus élevées qu’en hiver. Cela suggère que les plectrophanes ont évolué pour maintenir des capacités physiologiques hivernales pendant les mois d’été afin de faire face aux événements météorologiques imprévisibles caractéristiques de l’Arctique », indique la biologiste de l’UQAR.

Signé par Audrey Le Pogam, Ryan S. O’Connor, Magali Petit, Lyette Régimbald et le professeur François Vézina, de l’Université du Québec à Rimouski, et Oliver P. Love, de l’Université de Windsor, l’article « Coping with the worst of both worlds: phenotypic adjustments for cold acclimatization benefit northward migration and arrival in the cold in an Arctic breeding songbird » est disponible sur le site de la revue Functional Ecology. « Cette étude est la première démonstration directe que les paramètres associés à l’acclimatation au froid hivernal peuvent être maintenus pendant la migration et même pendant la saison de reproduction pour fournir un avantage aux espèces arctiques », précise Mme Le Pogam.

La chercheuse de l’UQAR entend poursuivre ses travaux afin de vérifier si les observations faites chez les oiseaux maintenus en volière à l’UQAR se reflètent bien sur le terrain. « Pour cela nous étudions une population de plectrophanes se reproduisant à Alert, au Nunavut, un des sites de reproduction les plus nordiques de cette espèce (82°N). Jusqu’à maintenant, les résultats observés semblent concorder à ceux observés chez les oiseaux captifs », conclut Mme Le Pogam.