Les résidus céréaliers générés lors de la production de bière pourraient bien représenter une solution de rechange aux microbilles exfoliantes qu’on retrouve notamment dans des produits d’hygiène. Candidate à la maîtrise sur mesure en chimie, Amy McMackin a consacré son projet de recherche réalisé sous la direction du professeur Sébastien Cardinal au développement de nouveaux matériaux biosourcés par la valorisation de la drêche brassicole. Une innovation bénéfique pour l’environnement.

Depuis des décennies, les microbilles de plastique pétrochimique sont utilisées dans la fabrication de produits d’hygiène personnelles. Si elles ont la capacité d’améliorer l’efficacité de nettoyage, elles ont en revanche un impact important sur la santé des écosystèmes marins où elles s’accumulent. Plusieurs pays, dont le Canada, ont d’ailleurs interdit l’utilisation de microbilles de moins de 5 millimètres dans des produits de toilette. D’où l’intérêt de trouver de nouvelles solutions de rechange biodégradables.  

Originaire de Moncton, au Nouveau-Brunswick, Mme McMackin a entrepris ses études de deuxième cycle en septembre 2020. En plus de se pencher sur l’enjeu de microbilles exfoliantes, elle a combiné son projet en explorant un nouveau débouché à la drêche brassicole. « La drêche de brasserie est le principal coproduit de l’industrie brassicole. Avec le nombre croissant de microbrasseries, il s’agit d’un résidu de plus en plus abondant au Québec. Actuellement, la drêche sert principalement comme composant dans l’alimentation animale, mais elle possède la capacité d’être utilisée dans des applications à plus grande valeur ajoutée. Comme la drêche contient de nombreux polymères naturels, elle a un potentiel pour remplacer des matériaux à base de polymères pétrochimiques, dont les microbilles exfoliantes », explique l’étudiante de l’UQAR.

Amy McMackin a réalisé environ la moitié de son projet de recherche de maîtrise au Centre de recherche bioalimentaire du Québec de La Pocatière. « Avec leur équipe, j’ai pu réaliser une mise à l’échelle pilote de la procédure de fabrication des microbilles. Cette collaboration m’a aussi permis d’en apprendre davantage sur les possibilités de recherche entre les domaines de l’agriculture, de l’alimentation et de la chimie. Les applications découlant du projet seront l’utilisation des protocoles que nous avons développés pour solubiliser la drêche et la régénérer sous forme de microbilles pour que celles-ci soient utilisées dans des produits d’hygiène personnelle. Je souhaite aussi que les protocoles puissent éventuellement être étendus à d’autres résidus agroalimentaires, ou que les solutions de drêche puissent être régénérées sous d’autres formes, par exemple, des produits de bois ou même des fibres pour la production de textiles. »

Titulaire d’un baccalauréat en chimie de l’environnement et des bioressources de l’UQAR, Mme McMackin a effectué ses études universitaires au Québec afin de parfaire son français. « J’ai choisi l’UQAR pour son implication environnementale, autant en ce qui concerne le cheminement du programme de chimie que pour la recherche en général. La chimie m’attire puisqu’elle m’aide à comprendre le monde qui m’entoure. Je trouve que c’est autant un art qu’une science, comme elle permet d’expliquer à l’échelle moléculaire tous les phénomènes qui nous entourent », indique-t-elle.

Au cours de ses études, Amy McMackin s’est impliquée dans le Regroupement étudiant pour la vulgarisation scientifique, le RÉVUS. « Je fais également partie de l’OBNL InitiaSciences, un organisme qui cherche à rendre des expériences en recherche accessible aux jeunes du secondaire et du cégep qui lance sa première cohorte en septembre. Passionnée de communication scientifique, j’ai également mon propre blogue de vulgarisation scientifique pour lequel j’écris en anglais. »

L’étudiante en chimie terminera sa maîtrise sous peu. Avec son directeur Sébastien Cardinal, elle prévoit soumettre un article sur ses travaux de recherche dans un journal scientifique. « Après mes études à l’UQAR je souhaite poursuivre une carrière en communication scientifique! Je souhaite également partir vivre à l’étranger au moins pendant quelques années. Idéalement, je souhaite trouver un projet de doctorat qui me permettra d’atteindre ces objectifs », conclut Mme McMackin.