Se transmettant de génération en génération, le patrimoine contribue à forger l’identité d’un peuple, d’une communauté, d’une famille. Permettant de faire des liens avec le passé pour mieux comprendre le présent, il prend différentes formes, allant des objets aux paysages, en passant par des traditions et des bâtiments historiques. Autant de sujets qui sont étudiés à l’UQAR dans plusieurs domaines de recherche.

Par sa nature, le patrimoine transcende les disciplines universitaires, observe la vice-rectrice à la formation et à la recherche, Dominique Marquis. « Le patrimoine est multiforme et cela se traduit dans les façons dont il est étudié à l’Université. Que ce soit en histoire, en développement régional, en lettres ou en géographie, les travaux de recherche pour interpréter le patrimoine d’ici et d’ailleurs sont remarquables par leur diversité. »

Pour le professeur en histoire Jean-René Thuot, il est essentiel pour une société de s’intéresser à son patrimoine et de le préserver. « Le patrimoine contribue à donner du sens à ce qui nous entoure, à rendre signifiant notre parcours. Il renferme les mémoires qui nous expliquent, qui concourent à la construction de nos symboles culturels. »

Vaste objet d’étude, le patrimoine est au cœur des travaux de recherche de plusieurs équipes de l’Université. Dirigée par le professeur Claude La Charité, la Chaire de recherche du Canada en histoire littéraire et patrimoine imprimé s’intéresse aux bibliothèques anciennes et aux représentations de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent dans notre imaginaire maritime.

« Le patrimoine imprimé est d’une importance cruciale à notre âge numérique. En effet, chaque exemplaire d’un livre raconte une histoire qui lui est propre, selon l’expression latine: habent sua fata libelli, soit “les livres ont leur destin propre”. La numérisation ne remplace jamais la conservation matérielle des exemplaires d’un livre. Chaque exemplaire a sa trajectoire singulière que l’on peut retracer à partir des marques de provenance, de possession, de don ou d’envoi, sans compter les soulignements et les annotations. Toutes ces trajectoires réunies témoignent du patrimoine livresque et culturel d’une société », explique le professeur La Charité.

Rattaché à la chaire, le Centre Joseph-Charles-Taché est dédié à l’étude du patrimoine lettré, aux bibliothèques et à l’histoire du livre. Le centre dispose de plusieurs collections anciennes, dont celles du Grand et du Petit Séminaire de Rimouski et des Sœurs du Saint-Rosaire. « La collection patrimoniale de livres du centre fournit de nombreux exemples de trajectoires, notamment les livres qui ont appartenu à des écrivains qui ont fait du Bas-Saint-Laurent le berceau de la littérature québécoise comme Arthur Buies et Philippe Aubert de Gaspé père, sans compter les nombreux ouvrages scolaires et pédagogiques dans lesquels les élèves du Séminaire de Rimouski et des Sœurs du Saint-Rosaire ont appris à lire », poursuit le professeur La Charité.

Laboratoire public d'archéologie : Nicolas Beaudry au Musée régional de Rimouski, octobre 2010. (Photo : Jean-Luc. Théberge)Laboratoire public d'archéologie : Nicolas Beaudry au Musée régional de Rimouski, octobre 2010. (Photo : Jean-Luc. Théberge)Fondé en 2009 par les professeurs Manon Savard et Nicolas Beaudry, le Laboratoire d’archéologie et de patrimoine (LAP) mène de nombreux projets en partenariat avec des organismes et des institutions du milieu. Les intérêts du LAP se concentrent sur l’archéologie historique, l’archéologie du passé récent et la relation du public avec le patrimoine archéologique dans le contexte de l’Est du Québec, mais il est aussi actif outre-mer. Doté de tout l’équipement nécessaire pour le travail sur le terrain et la documentation d’artefacts en laboratoire, le LAP héberge aussi des collections archéologiques dont certaines font actuellement l’objet de projets de maîtrise.

Regroupant des chercheuses et des chercheurs en histoire, en géographie, en lettres et en archéologie, le groupe de recherche Archipel mène des travaux sur les questions de mémoire et de patrimoine de l’Est du Québec et d’ailleurs. Les processus de patrimonialisation et de dépatrimonialisation, les constructions identitaires, la culture de l’archive et de l’imprimé, la culture matérielle, les territoires et les paysages, ainsi que le patrimoine maritime et côtier figurent parmi ses objets de recherche. Archipel a aussi pris une part active dans la création du Réseau Patrimoines de l’Université du Québec (RéPUQ).

« Archipel offre une infrastructure d’action concertée qui lui permet de structurer la recherche interdisciplinaire en développant des collaborations avec le milieu scientifique, aussi bien au Québec qu’à l’international, ainsi qu’avec les milieux de pratique », souligne la professeure Savard qui dirige le groupe depuis sa reconnaissance institutionnelle en 2018. L’un des objectifs d’Archipel est de contrer l’érosion de la culture et de l’histoire par la recherche, un enjeu identifié comme prioritaire par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada dans le cadre de son initiative « Imaginer l’avenir du Canada ».

La mise en valeur du patrimoine littéraire rattaché à l’estuaire et à la vallée du Saint-Laurent est au cœur de la mission de l’équipe Manuscrits dirigée par le professeur Jean-René Thuot. En plus de rendre accessibles des textes inédits, Manuscrits réalise un important travail d’édition afin de mettre en contexte les documents publiés. L’équipe a présenté une première édition critique d’un manuscrit rédigé par Placide Vigneau, un gardien de phare de la Côte-Nord du XIXe siècle. Intitulé Récits de naufrages, l’ouvrage s’est mérité le prix littéraire Jovette-Bernier du Salon du livre de Rimouski.

Universités d’été

L'École de fouilles archéologiques de l'UQAR au cap à l'Orignal (parc national du Bic), mai 2019. (Photo : Jean-René Thuot)L'École de fouilles archéologiques de l'UQAR au cap à l'Orignal (parc national du Bic), mai 2019. (Photo : Jean-René Thuot)L’étude du patrimoine passe aussi par la formation d’une relève dans le domaine. Depuis bientôt dix ans, l’École de fouilles archéologiques dirigée par la professeure Manon Savard et le professeur Nicolas Beaudry permet à des étudiantes et des étudiants d’acquérir une expérience pratique de terrain en archéologie sur des sites du Bas-Saint-Laurent tout en s’initiant à divers enjeux patrimoniaux. Les travaux d’analyse qui suivent l’École de fouilles et les autres interventions archéologiques du LAP permettent à des étudiants de se familiariser avec la culture matérielle et d’acquérir de précieuses expériences pratiques en laboratoire.

Pour sa part, l’Université d’été en patrimoine animée par le professeur Jean-René Thuot propose une semaine intensive sur un territoire différent d’une édition à l’autre, suivie d’une activité de recherche à l’automne. Les thématiques abordées durant cette Université sont diversifiées : paysages et architecture, patrimoine religieux, matériel et immatériel, patrimoines urbain, rural, maritime, industriel et agricole, patrimoine archivistique. La mise en relation de ces patrimoines avec la construction des identités est aussi au cœur de cette Université d’été.

Diffusion

La transmission des connaissances est l’une des priorités de l’UQAR. Lancées en 2009 à l’initiative du LAP, les conférences ArchéoPat offrent gratuitement des rencontres avec des spécialistes en archéologie et en patrimoine de tous les horizons. Plus d’une centaine de conférences ont été présentées jusqu’à maintenant par des chercheuses et des chercheurs du Québec et d’ailleurs dans le monde. Le LAP organise aussi des activités d’archéologie publiques comme des visites guidées, des interventions archéologiques, des conférences ou des kiosques dans les communautés ayant été témoins des travaux des archéologues. En octobre dernier, des étudiantes, des étudiants et des membres de l’équipe professorale du LAP ont tenu l’événement Laboratoire public d’archéologie – Archéologues en résidence au Musée régional de Rimouski où, pendant deux semaines, le public a pu découvrir le travail des archéologues en laboratoire.

Fondées en 2016, les Éditions de l’Estuaire diffusent des publications portant sur l’histoire et le patrimoine de l’estuaire du Saint-Laurent. Dirigée par le professeur Maxime Gohier, l’organisation édite la revue L’Estuaire et a lancé, en 2017, la collection « Patrimoine » dont le premier ouvrage portait sur la cathédrale de Rimouski. Le professeur Jean-René Thuot assume, quant à lui, la direction de la revue L’Estuaire.

Patrimoine matériel

Les enjeux sur le patrimoine bâti interpellent de manière régulière les chercheuses et les chercheurs du groupe Archipel. Acquise par l’UQAR en 2005 avec son contenu accumulé au fil des générations, la Maison Louis-Bertrand de L’Isle-Verte représente à la fois un objet d’étude de premier plan et un laboratoire d’histoire pour l’enseignement. Classée « monument historique » par le gouvernement du Québec et « lieu historique » par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, cette résidence à l’architecture néo-classique exceptionnelle se démarque par le riche assemblage de culture matérielle qu’elle renferme. Le LAP conserve les collections issues des interventions archéologiques menées lors des travaux visant la conservation de la maison.

L’Université du Québec à Rimouski abrite une rare collection de végétaux qui témoigne du patrimoine naturel de la flore du nord-est de l’Amérique. Rassemblant plus de 7000 spécimens de plantes vasculaires, l’Herbier Jean-Faubert est une infrastructure de plus en plus utilisée, tant pour la recherche que pour la formation des étudiantes et des étudiants. Cet herbier institutionnel a été nommé pour honorer la mémoire de Jean Faubert, un diplômé en biologie qui a fondé la Société québécoise de bryologie.

Les travaux de recherche en patrimoine témoignent de la collaboration entre les chercheuses et les chercheurs de différents domaines d’études, bien ancrée dans la culture de l’UQAR. « Le patrimoine est essentiel pour comprendre qui nous sommes. En partageant leurs expertises, les chercheuses et les chercheurs de différents horizons sont en mesure de porter un regard plus complet sur ce qui constitue le socle de la société québécoise et bas-laurentienne », conclut Mme Marquis.