Une équipe de l’UQAR et l’Université de Bretagne Occidentale vient de publier dans la revue internationale Marine Geology un article qui apporte un nouvel éclairage sur la dynamique des dépôts de blocs rocheux présents au sommet du littoral volcanique du sud-ouest de l’Islande.

Depuis 2014, une équipe internationale dont font partie le professeur en géographie David Didier, le postdoctorant Ronan Autret, du Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières, et l’assistant de recherche Jérémy Baudry, du Laboratoire de physique des océans de l’ISMER-UQAR et du Laboratoire d’étude des littoraux nordiques et arctiques de l’UQAR, scrute les dépôts de blocs rocheux qu’on retrouve au sommet des falaises de la péninsule de Reykjanes.

« Ces dépôts de blocs rocheux sont des indicateurs morphologiques de conditions à haute énergie », explique le professeur Didier. « L’étude de leur dynamique permet de comprendre les variations interannuelles des tempêtes hivernales et des processus d’érosion des côtes rocheuses. »

À partir de relevé topomorphologiques par drone, l’équipe de recherche a été en mesure de quantifier les déplacements des blocs rocheux au cours des huit dernières années. « Grâce à une collaboration avec des collègues islandais, les conditions hydrodynamiques ont été analysées à partir d’observations des vagues au large et des niveaux d’eau. Les résultats montrent que l’activation des dépôts des blocs rocheux se produit chaque hiver, indépendamment de la variabilité des conditions hydrodynamiques », indique le professeur Didier.

Quatre falaises de la péninsule de Reykjanes ont été monitorés par l’équipe de recherche. Entre 2 % et 17 % des dépôts de blocs rocheux se sont accumulés à une hauteur variant de 8 à 10 mètres au-dessus du sommet des falaises. « On parle de blocs de la taille de ballon de Kin-Ball qui sont littéralement propulsés au-dessus des falaises sous l’impact des vagues! Si les déplacements vers l’intérieur des terres représentent le principal mode de transport des blocs, soit entre 50 % et 60 %, les blocs peuvent aussi rouler vers la mer ou le long de la côte dans une proportion de 10 % à 20 %. Ce dernier mode de transport est possible puisque le cadre morphostructural des plates-formes rocheuses au pied des falaises, qui sont d’anciennes coulées de lave de type pahoehoe, est assez lisse pour permettre le mouvement. La mesure des volumes de blocs déplacés montre que leur activation correspond bien avec la fréquence et la durée des tempêtes », poursuit le professeur Didier. « On parle de tempêtes qui durent des jours, et qui peuvent donc projeter des blocs sur le cadre bâti lors de plusieurs marées hautes ».

L’étude relève toutefois que la combinaison de l’impact des vagues de tempête et du niveau élevé de la marée au printemps 2019 a généré les plus grands déplacements de blocs rocheux sur les falaises de la péninsule de Reykjanes. « L’activation interannuelle des blocs confirme qu’elle constitue un facteur important et encore peu étudié du système morphogénique des côtes rocheuses à haute énergie, dont la dynamique en termes de transport et de dépôt, pourrait augmenter significativement avec l’élévation du niveau de la mer. En 1990, à Stokkseyri, des bâtiments ont été détruit lors d’événements similaires. Le risque est bien présent. », conclut le professeur David Didier.

L’article « Cliff-top boulder morphodynamics on the high–energy volcanic rocky coast of the Reykjanes Peninsula (SW Iceland) » peut être consulté ici. La recherche est cosignée par Serge Suanez (Université de Bretagne Occidentale), Pierre Stéphan et Jérôme Ammann (Institut universitaire européen de la mer), Björn Erlingsson (Centre universitaire des Westfjords) et Sigurður Sigurðarson (Administration des routes, Vegagerðin).