Une classe d’apprentissage actif est un lieu d’échange et de collaboration, non seulement entre le groupe et la professeure ou le professeur, mais également entre les étudiantes et les étudiants eux-mêmes. Le campus de Lévis est maintenant doté d’une telle salle permettant une multitude d’approches pédagogiques dans tous les domaines d’études.

Collaboration est le mot qui reviendra le plus souvent au fil des conversations avec les différentes intervenantes et les différents intervenants. « Le caractère collaboratif est assurément l’idée principale lorsqu’il est question de cette classe », explique Séverine Parent, professeure à l’Unité départementale des sciences de l’éducation au campus de Lévis. « Les valeurs d’entraide et de collaboration sont au cœur de la classe d’apprentissage actif », ajoute Josianne Caron, également professeure à l’Unité départementale des sciences de l’éducation et utilisatrice convaincue de ce récent aménagement.

La classe est répartie en sous-groupes qui disposent chacun d’une table de travail, d’un tableau, d’un écran, d’un ordinateur, d’un microphone et de chaises sur roulettes. Un tableau portatif permet à la ressource enseignante de se déplacer vers les sous-groupes. Le mobilier amovible et le tableau encouragent le mouvement dans la salle. « Les étudiantes et les étudiants ne sont pas qu’en position d’écoute ou d’attente, ils peuvent se lever et aller au tableau pour échanger avec leurs collègues, ils peuvent se déplacer d’un groupe à l’autre ou venir à ma rencontre. Nous pouvons mettre les universitaires en interaction pour réaliser des tâches », explique Josianne Caron. 

Patricia Michaud, professeure à l’Unité départementale des sciences de la gestion, préfère enseigner dans cette classe et y trouve également son compte. « C’est un environnement qui est propice à l’étude de cas et aux simulations comptables. »

La professeure Caron constate que l’entraide au sein des îlots de travail est omniprésente. Cette coopération permet d’acquérir des aptitudes de travail d’équipe.

Des approches pédagogiques différentes

Outre la collaboration, il a aussi abondamment été question de changements dans les approches pédagogiques. « L’utilisation de la classe nous incite à modifier nos façons d’enseigner et d’apprendre. Nous nous éloignons de l’enseignement plus traditionnel du cours magistral de trois heures », dit Josianne Caron. 

La professeure Michaud aborde la notion de « pédagogie inversée alors que les étudiantes et les étudiants pratiquent en classe la théorie apprise à la maison ». Cette forme de pédagogie active lui permet de mettre en pratique la théorie dans une perspective collaborative.  

Daniel Milhomme, professeur au Département des sciences de la santé, a participé à la réflexion entourant la création de la salle. Parmi les défis rencontrés par les ressources enseignantes, la différenciation pédagogique apparaît importante. « Cet environnement me permet de diversifier et de personnaliser mon enseignement en fonction des besoins du groupe, des sous-groupes et de chaque étudiante ou étudiant », précise Josianne Caron.

(Photo Stéphane Bourgeois)(Photo Stéphane Bourgeois)La classe est un espace intéressant pour élaborer et animer différentes approches pédagogiques. « Cela demande un réaménagement. Il faut opérer un virage pour greffer des activités collaboratives à l’intérieur des cours », explique madame Caron qui y enseigne la gestion de classe. « Dans un cours magistral, nous sommes maîtres de notre temps », ajoute-t-elle, identifiant au passage un autre défi pédagogique qu’elle rencontre. Elle souligne aussi que le respect des rythmes d’apprentissage est un enjeu auquel doivent faire face les ressources enseignantes. 

Séverine Parent explique que l’enseignement dans cette classe demande une adaptation, mais les ajustements requis ne sont parfois pas majeurs alors que l’apprentissage par résolution de problèmes ou par projets se taille une place de plus en plus importante dans l’enseignement universitaire.

Des étudiantes et des étudiants ravis d’utiliser la classe d’apprentissage actif

Josianne Caron affirme que la classe d’apprentissage actif représente un apport dans l’expérience universitaire des étudiantes et des étudiants. Elle recueille régulièrement leurs commentaires et elle fait des retours en groupe pour échanger sur les meilleures pratiques. 

Les critiques sont très positives. Il y a un engagement fort et soutenu des étudiantes et des étudiants. C’est une classe qui appelle à l’action selon la professeure Parent. « Le plaisir d’apprendre est également un enjeu important. La ligne d’arrivée est la même pour tout le monde, mais le chemin pour s’y rendre est différent », ajoute-t-elle.

Marc-Antoine Boutin, étudiant au diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en sciences comptables, s’est senti plus à l’aise dans cette classe. « Il était facile de passer de la théorie au travail d’équipe », ajoute-t-il. « La classe nous permettait de travailler à notre rythme et de consolider les acquis en équipe. Cela rendait les cours beaucoup plus intéressants. Et le temps passe rapidement », confirme sa consœur Justine Gagné.  

Il ne fait aucun doute dans l’esprit de Séverine Parent que la classe est un « espace créatif, qui offre la possibilité de faire apprendre les étudiants autrement ». La configuration appelle une façon différente d’enseigner, dit-elle, mais elle crée aussi des attentes chez les étudiantes et les étudiants qui savent qu’il va se passer quelque chose de différent dans cet environnement. « Tout est question d’adéquation entre les activités que nous proposons et les affordances de l’aménagement physique », relate-t-elle. « Les jeunes voient rapidement que ce que l’on fait a sa place dans cet espace. »

Patricia Michaud affirme que, selon les étudiantes et les étudiants, la classe permet de mieux apprendre, de comprendre avec aisance les concepts théoriques, d’assimiler plus facilement la matière, une matière parfois aride, avoue-t-elle.

Lorsqu’elle prend du recul pour observer le groupe, elle remarque que cet enseignement permet de dynamiser une classe. « On dirait des abeilles dans une ruche », décrit-elle. 

Un autre gain pour les groupes étudiants, selon la professeure Michaud, est la possibilité qu’offre la classe d’apprentissage actif d’être plus ancrée dans la réalité du marché du travail et de mieux les préparer à ce qui les attend. « Les étudiantes et les étudiants développent des compétences technologiques et des aptitudes humaines transversales recherchées par les employeurs comme le travail d’équipe. »

« Certaines personnes peuvent ressentir un léger vertige. C’est un changement de rôle, de paradigme », explique Séverine Parent. « Mais l’équipe enseignante qui intervient dans cette classe est au fait de cette situation, ajoute-t-elle. Nous sommes attentifs et nous nous ajustons constamment. »

Le secret pour diminuer les inconforts est d’avoir des attentes claires pour tout le monde et de la souplesse. Par exemple, le groupe doit parfois s’exprimer à voix basse afin de respecter certaines personnes plus sensibles au bruit. Ces dernières ont la possibilité de s’isoler occasionnellement. 

Les gains pour les étudiantes et les étudiants ne se calculent pas nécessairement sur les notes à la fin du trimestre, explique Séverine Parent. Les études démontrent que les gains quant aux apprentissages réalisés dans la classe d’apprentissage actif se perçoivent surtout dans le réinvestissement dans d’autres matières et dans une meilleure compréhension des notions enseignées.

La concertation au cœur de la conception

Simplicité, utilisabilité, ambiance agréable, voilà quelques caractéristiques recherchées lors de la réflexion qui a conduit à la conception de la classe d’apprentissage actif.  Des ressources professorales de plusieurs départements ont participé à cette réflexion. S’est ensuite formée une communauté de pratique pour partager les apprentissages de la première année d’implantation.

« Nous voulions donner une autre perspective à l’enseignement, créer une salle plus vivante », raconte Daniel Milhomme.

« Une étroite concertation a permis de déterminer les besoins logistiques et technologiques. La collaboration des services informatiques et des ressources matérielles a été essentielle à la réussite du projet », note Philippe Horth, adjoint au vice-rectorat à la formation et à la recherche. L’équipe de l’UQAR a été accompagnée d’un technicien, prêté gracieusement par l’équipe de Technion Roy et Breton. 

Hamid Nach, professeur à l’Unité départementale des sciences de la gestion, faisait partie du comité de concertation pour la conception. Il note que « l’élève est au centre de ce modèle et qu’un des objectifs est de favoriser la réflexion, la créativité et l’innovation. Tout cela est facilité par l’aménagement physique de la salle et la technologie ».

Patricia Michaud constate qu’au début, il y a eu plusieurs échanges essentiels à la réflexion de nos stratégies pédagogiques à déployer. « Le partage entre professeures et professeurs est essentiel pour optimiser son utilisation », dit-elle.

« Le projet de classe d’apprentissage actif est évolutif. La classe est appelée à changer au fil du temps et des expérimentations », rappelle Philippe Horth. Et à se multiplier, souhaite Séverine Parent. L’utilisation de la classe est presque optimale. Plusieurs cours s’y donnent à 100% et la grille horaire se remplit rapidement.   

Les professeurs Mehdi Adda, du Département de mathématiques, d’informatique et de génie, et Jean-Yves Desgagnés, du Département de psychologie et travail social ont également participé à la réflexion entourant la mise en place de la classe d’apprentissage actif.