Étudiante à la maîtrise en lettres à l’Université du Québec à Rimouski, Sara Dignard s’est recueillie aux Îles-de-la-Madeleine pendant plus d’un an pour travailler sur son projet d’écriture. Publié aux éditions du Passage, ce projet désormais abouti prend la forme d’un recueil de poésie où, régulés par le cycle des saisons, s’entremêlent la relation avec l’espace géographique, l’espace intime et le ‘nous’ collectif.

 Le cours normal des choses, expression québécoise populaire, évoque une certaine impuissance et une fuite pour Sara Dignard. Elle s’intéresse précisément à ce qu’il faut retenir; « Réfléchir à la base ». La terre est un thème primordial dans l’œuvre. Le rapport dialectique entre l’humain et la terre reflète une préoccupation sur les actuels drames écologiques; la proximité avec la nature, le mouvement du fleuve, la cyclicité des saisons, sont également des pièces maîtresses du recueil; la communauté madelinienne a procuré un apaisement à l’écrivaine, permettant une brèche dans « la cellule individuelle pour se projeter dans quelque chose de plus grand, d’encore à créer », déclare-t-elle.

Le recueil de poésie est un hommage aux Îles-de-la-Madeleine. « Elles m’ont énormément offert et c’est une façon d’offrir aux îles en retour », affirme la poète. L’exil, loin de la frénésie des grandes villes, permet une ouverture dans les relations humaines, dans l’écriture et envers soi-même. « Les îles sauvent de l’angoisse des grandes villes. Il y a une ramification des choix, et donc de l’angoisse de devoir constamment choisir. Plus de silence, plus de rencontres ». Elle insiste sur un dernier point : « Il n’y a aucune autre activité que celle qu’on génère ».

Très proche de la vie, le recueil de poésie entraîne parfois sa créatrice vers des voies imprévues. Alors qu’elle souhaitait se concentrer sur l’absence et le deuil, l’écriture a lentement migré vers le continent et l’amour. Peu à peu apparaissent les forêts, les rochers et une liaison amoureuse. L’écriture de Mme Dignard aussi, voyage.Sara Dignard lors d'une séance de signature (Aurore Derout)Sara Dignard lors d'une séance de signature (Aurore Derout)

Nous n’attendrons pas

la permission des géomètres,


un carré de terre

où s’agenouiller


les graines réservées

avant les premiers mots

Sara Dignard étudie à la maîtrise en création littéraire à l’UQAR, sous la direction de la professeure Katerine Gosselin. Son sujet d’analyse, basé sur l’œuvre de Louise Dupré, s’intéresse à la transmission et la maternité. Son projet de création, quant à lui, est la naissance de ce qui deviendra sûrement un second recueil. La poète y explore des thèmes comme l’espace de la maternité, la transmission, mais surtout, l’espace de la mémoire.