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Passion – Apprendre l’italien : pourquoi pas ?, par Mario Bélanger

Mi piace molto parlare italiano. Apprendre une nouvelle langue, passé le cap des 60 ans, est-ce possible ? Et pourquoi pas ? C’est le défi que nous nous sommes lancé, ma conjointe et moi, en vue d’un voyage éventuel en Italie.

L’Association des aînés de l’UQAR offrait justement, durant l’hiver 2016, un cours d’italien pour débutants. Nous y avons trouvé un petit groupe de neuf personnes désireuses de se familiariser avec cette belle langue chantante. En plus, l’animateur, Alexandre Clément, un polyglotte surprenant, s’est révélé être un guide dynamique et stimulant.

Ainsi, chaque semaine, nous avions rendez-vous pour un cours de deux heures intensives, en plus des exercices à faire à la maison. Il y avait des dialogues à essayer de comprendre, des chansons, des phrases utiles, des jeux, des devinettes, etc. Pas de travaux obligatoires ni d’examens, mais, en adultes consentants, nous avons tous besogné fort pour nous améliorer. L’atmosphère était joviale, conviviale.

Comme je me débrouille déjà en espagnol, j’étais un peu craintif de mélanger ces deux langues latines qui se ressemblent. Oui, c’est un peu ce qui arrive, parfois, mais, en général, j’ai l’impression que le cerveau réussit à aménager un petit espace distinct pour chacune des langues qu’on apprend.

Loin de moi l’idée de prétendre que je parle couramment l’italien maintenant, mais cette langue m’est beaucoup plus familière. Avec plaisir, je réussis à saisir de nombreux mots et plusieurs tournures quand j’entends ou que je lis de l’italien.

Aimeriez-vous en apprendre un peu sur les particularités de la langue italienne ? Tiens! Je vous résume une douzaine de découvertes que j’ai faites.

1) On connaît déjà une belle série de mots qui proviennent directement de l’italien, notamment dans l’alimentation (pizza, spaghetti, salami, brocoli, cappuccino, etc.) et en musique (concerto, piano, tempo, crescendo, adagio, allegro, scherzo, soprano, ténor, solfège, arpège, trémolo, opéra, diva, maestro, duo, fugue, improviser, etc.). On peut également ajouter : casino, confetti, fiasco, graffiti, incognito, paparazzi, scénario, virtuose, etc. Sans oublier : Bravo!

2) Regardez dans un dictionnaire français-italien, vous constaterez facilement que la moitié des mots se ressemblent entre ces deux langues. Avec de petites différences dans l’écriture et la prononciation, ce qu’il est nécessaire d’apprendre… Ainsi, chanson devient canzone; penser se dit pensare; observer : osservare; trop : troppo; participation : partecipazione, lundi : lunedì. Ça paraît que ce sont deux langues qui ont le latin comme mère génitrice. Avouez que ça facilite l’apprentissage, si on compare avec l’allemand ou le japonais.

3) Et maintenant, ça se complique! Voici venir les faux amis. Ce sont des mots qui se ressemblent, mais qui ont un sens différent. Par exemple, piano veut dire étage (comme nom) ou doucement (comme adverbe). Macchina peut signifier machine, mais aussi une voiture. Patente, c’est le permis de conduire. Sentire peut autant être l’équivalent des verbes sentir et entendre. (Sentire la musica.) Guardare, ce n’est pas garder, c’est regarder. Colazione, c’est le petit-déjeuner. Morbido n’a rien de morbide, c’est souple, délicat. Solito n’a pas le sens de solitaire, mais de familier, habituel.

4) Signalons qu’une partie du vocabulaire italien est complètement différente du français. Simplement dans l’alimentation, par exemple : fraise (fragola), framboise (lampone), pomme (mela), céleri (sedano), oignon (cipolla), champignons (funghi), tomate (pomodoro), porc (maiale), boeuf (manzo), mouton (pecorino), veau (vitello).

5) Comme en français, l’italien utilise les genres masculin et féminin. La grande majorité des mots ont le même genre qu’en français, mais attention, il y a quelques exceptions. Par exemple, la mer (il mare) est masculin et le navire (la nave) est féminin. Pour ce qui est du pluriel, un grand nombre de mots masculins qui se terminent en o ont leur pluriel en i (bambino, bambini : enfant, enfants) alors que les mots féminins en a signalent le pluriel en e (scuola, scuole : école, écoles).

6) La conjugaison des verbes en italien n’est pas de tout repos. Beaucoup de verbes se déclinent de façon assez logique. Mais, comme en français, il y a de nombreux verbes irréguliers. Et ce sont les plus courants, bien sûr! En plus, on retrouve le subjonctif présent… et imparfait (comme : que je trouvasse, che trovassi).

7) Ce qui est surprenant, c’est que pour exprimer le « vous de politesse » en italien, quand on s’adresse à une personne âgée ou en autorité par exemple, c’est la 3e personne du singulier féminin que l’on utilise (et non la 2 e du pluriel). D’ailleurs, on le fait parfois en français : au lieu de «Prendrez-vous… », on dira : « Sa Majesté prendra-t-elle du café ? »

8) Les Italiens ont réglementé leur écriture phonétique d’une manière différente du français. Ainsi, devant une voyelle molle comme e ou i, ge- se prononce « djé » et gi- se prononce « dji ». Pour avoir en italien l’équivalent de «gue- » ou «gui- », il faut écrire « ghe » ou « ghi ». (Comme dans spaghetti.) Par contre, quand on connaît la prononciation de tel groupe de lettres, ça se prononce presque toujours de la même façon. Très peu d’exceptions. À noter : les Italiens doivent faire beaucoup moins de fautes que les francophones…

9) Plonger dans une nouvelle langue, c’est toujours l’occasion de découvrir des expressions inusitées. Ainsi, en italien, l’expression « il n’y a pas un chat » se traduit par Non c’è un cane (il n’y a pas un chien). On ne dit pas « jeter un coup d’œil », mais Dare un’occhiata (donner un coup œil). « Ça vous va comme un gant » se dira plutôt Le va a pennello (ça vous va au pinceau). Au lieu de « Touchez du bois », les Italiens diront : Tacca ferro (touchez du fer…, ce qui est plus… résistant).

10) Quand on apprend un nouveau mot, on peut l’appliquer à différents endroits. Par exemple, sotto, ça veut dire sous. Alors, on apprend sottosuolo (sous-sol), sottobosco (sous-bois) ou sottoalimentato (sous-alimenté).

11) Apprendre une langue, c’est aussi découvrir la signification de certains noms de famille, comme ceux de Serge Fiori (Les fleurs), de Pierre Foglia (La feuille) ou de Silvester Stalone (L’étalon)… April (Avril) et Vignola (Petite vigne) sont aussi des noms d’origine italienne.

12) Je garde la meilleure pour la fin. Sur une bouteille de bon vin italien (La Paccio), il est écrit, en français et en anglais, qu’il s’agit d’un « vin de couleur profonde, aux arômes de cerises et de prunes ». (Cherry and plum, en anglais). Mais il y a aussi, sur la même bouteille, la version italienne, qui indique que c’est « un vino dal colore rosso intenso con sentori di mora e vaniglia » Ça se traduit ainsi : un vin de couleur rouge intense, avec des arômes de mûres et de vanille… Oups!

Arrivederci! 

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